Dans le cadre de la préparation des expositions de l'enseignement primaire public, le Ministère de l'Instruction Publique demande aux instituteurs, à la fin du XIXe siècle, de rédiger une monographie de la ville dans laquelle ils exercent. Ainsi, pour la ville de Marbache, l'instituteur THIÉBAUT réalise ce travail sur un cahier d'école de 55 pages. Pour les aider dans la rédaction de cette étude, un questionnaire type était fourni par le ministère. Voici la retranscription de la monographie de |
MARBACHE.
Département de Meurthe-et-Moselle.
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............1re Partie : Marbache. |
1re Partie : Marbache
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Marbache. |
Marbache « Merbagium, Merbache et Merbeche appartenait à l'ancien Duché de Lorraine (Henri Lepage) »
Marbache « Merbechia, en 896 ; Mebarchia (896-907) ; Marbagium (1065) ; Marbage (1181) ; Marbaches (1268) ; Merbeiche (1333) ; Marbeches (1441) et définitivement Marbache. Nous ne trouvons nulle part Marbach qui en allemand, se prononce tout autrement que Marbache en Français, Ce serait le seul exemple en Lorraine, où la désinence germanique bach se serait transformée en bache. Le mot allemand bach désigne un ruisseau ; or, le ruisseau qui passe à Marbache est la Moselle déjà grossie par la Meurthe (D. A. Godron Doyen honoraire de la faculté des sciences de Nancy) »
….....On voit des différences entre l'écriture des mots par les deux auteurs cités ci-dessus, et cela tient à des causes que j'ignore complètement. J'ai longtemps et très attentivement compulsé les anciennes archives de la Mairie de Marbache, et je suis à me demander où Mr Godron a pu recueillir, sur cette commune, des faits passés à des dates si éloignées.
Situation de Marbache. |
….....Marbache, à une altitude de 190 mètres, est situé sur la rive gauche de la Moselle, près de la ligne de chemin de fer de Nancy à Metz ; il comprend le faubourg Nancy traversé, dans toute sa longueur (400 mètres), par la route nationale N° 57 de Metz à Nancy, et le village proprement dit traversé, aussi dans toute sa longueur (500 mètres), pr la route départementale N° 4 de Nancy à St Mihiel.
….....Marbache est à 15 kilomètres N.- N. - O. de Nancy, chef-lieu du canton et de l'arrondissement. On n'y remarque rien de très pittoresque ; mais les vignes qui tapissent ses collines, les nombreux arbres fruitiers et les forêts qui l'entourent, les différents points relativement élevés qui s'y trouvent, la Moselle, la ligne et la station du chemin de fer en font un séjour fort agréable.
….....Plan de Marbache inséré dans cette monographie :
….....« En 1605, dit Henri Lepage, l'évêque de Toul, Odon, en donna l’église aux chanoines de Saint Gengoult à qui cette donation fut renouvelée, en 1105, par l'évêque Pibon. On voit par un contrat de vente, daté de 1281, que Marbache relevait, à cette époque, de Thibaut, comte de Bar. En 1827, Foucques et Jean de Morey vendirent à Ascelin du Pont-à-Mousson, prêtre et curé de Blénod, tout ce qu'ils pouvaient avoir à Marbache et sur le ban de ce village, moyennant 100 livres tournois. En 1365, Henri de Bar, seigneur de Pierrefort, vendit à Robert, duc de Bar, les châteaux, forteresses et villes de Pompey, Marbache, des deux Saizerais et Rosières. En 1734, René donna héritablement , à Henri, bâtard de Bar, la terre de Marbache, les châteaux de Condé et l'Avant-Garde. Il y avait, à Marbache, un fief appelé le Ménil.
….....Les habitants de ce village étaient soumis à une redevance de 8 francs, au lieu de la garde qu'ils devaient faire au château de l'Avant-Garde, et à une autre de deux francs trois gros pour l'exemption de la banalité et la permission de cuire leur pain. Il y avait, en outre, un droit de pois et polettes. Chaque bateau devait dix blancs. Le droit de taverne était de dix francs. »
Un plan de la commune de Marbache accompagne cette monographie.
Territoire. |
….....Le territoire de Marbache a une superficie de 1079 hectares dont 194 en terres labourables, 16 en prés, 85 en vignes et 541 en bois. Le sol qui est très fertile est argilo-silicieux-calcaire. La vigne produit un vin d'une très bonne qualité. La culture des céréales donne à peine la moitié de la consommation locale.
Noms des lieux dits de la commune. |
______ Village (Faubourg et Rues). _____
1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. |
Faubourg St Nicolas . . . . . . . .
Le Ménil . . . . . . . . . . . . . . . . La grand rue . . . . . . . . . . . . . Rue du Puits . . . . . . . . . . . . . –--- des 4 fils Aymont . . . . . . . –--- du Moulin . . . . . . . . . . . . –--- de l'ancienne brasserie . . . –--- Faubourg Nancy . . . . . . . . |
(A)
(B) (C) (D) (E) (F) (G) (H) |
______ Collines. _____
1° Les Journeaux.
….....Le sommet de cette colline, autrefois cultivé est resté quelques trente ans inculte, puis il a été boisé ces dernières années. Il est maintenant planté de sapins d'une très belle venue.
2° Le Bourreau.
….....Le sommet du Bourreau n'a jamais été cultivé. Il a seulement en quelques points, servi de pâturages. Depuis quelques années, il n'y plus ni berger ni troupeau , en sorte que cette partie du territoire ne rapporte rien à la commune
______ Forêts (Noms des ). _____
….....Jopine - Battinchêne - Bois Noisette - Roches - Joli Bois - Bois Barré - La Thaie - La Grande Pièce - L'Avant-Garde - Noéville - Les Lisières - Bois du four - Bois brûlé - Bois des 4 arpents - Le Nanico - Bois le Vigneron - Bois Saint-Louis - La Tarte - Bois l'Evêque - Haute borne - Bois Jean Philippe - Saint Acail - Grand Maix - Petit Maix .
______ Champs, Vignes et Prés (Lieux dits des ). _____
….....Jopine – Les 4 arpens – La Tournière – Aux Veaux – En Gré – Vignes de la Croix – Les Guenons – Les Gavayes Bellottes – Vignes au bois – Touvenottes – Vigne Colas – Remémont – Le Pe Cul – Vignes Noël – Vignes aux Eaux – Vignes Travers – Lemmesottes – Les termes – Tridrires – Petites Corvées – Grandes Corvées - Au Coals Bois – Aux Contes – Aux Maries Chaudes – Les Gilettes – Les Mauvaises - Blanches vignes – Mestès – Bodottes – Grandes vignes – Les Bouchers – Les Gaunottes – Malgouvernés – Les Hauts cerisiers – Plantes argentines – Les Folies – Blanc Rèle – Sous le Blanc Rèle – Sous les Roches – Sous les vignes la Dame – Au Rèle Berné – Noyer la plume – Grand Rouan – Gaivarnot – La Saussaie – Champs Lossaux – Bourgonne – Peyrier – Mairie - Champs du Moulin – Goulotte – Groseiller – La Croix Saint Urbain – La Ronce Friscaty – Chaux four – Poterie – Cuveau – Grande Chevreuse – Fosse hasarde -Féfariot – Petite Chevreuse – Les Montants - Chambelles de la Cure – Domaine – Noéville – Champ Godard – Montant des Sablons – Croix Roncin – Rôle de la Casserette – Champs Rendus – Champ ma Grand 'mère – Aux Champs des Pierres – Chez le Curé – Coin de chez le Curé – Toulouse Voye – Au Haut Poirier – Aux fossés – Gargouillotte - Dérochers les David – Sous le Joli Bois – Les Hullots – Champ Notre Dame – Les Montants des hauts Pâtureaux – Derrière la Grange – Le Fays – Le Grnillon – La signule – Sous la petite Corvée – Au vivier – Aux Jardins Rupt – A la Fontaine Mairesse Peyrico – A la Croix – Jadenot (Petit Jardin) – La Thée – Jardins Chaparts.
______ Rochers (X ). _____
1° Rocher des Journaux (X)
….....Le rocher des Journaux reçoit beaucoup de visiteurs. De son sommet on a, à l'Est ; un bel horizon, une grande partie de la belle Moselle canalisée dans toute la longueur du territoire de Marbache, et presque au pied du rocher, cette rivière et le chemin de fer. Les nombreux promeneurs de la ville ne viennent guère à Marbache sans aller jouir du charmant coup d’œil que procure ce rocher d'où l'on découvre Millery, Autreville, Custines, Malleloy, Bouxières-aux-Dames et un grand nombre de monticules.
2° Rocher du Bourreau (X)
….....Le rocher du lieu dit Bourreau est remarquable par sa grande élévation, sa complète nudité, et aussi par le bel horizon qui s'étend du coté Ouest. De là, on voit, à l'Ouest, la cathédrale de Toul, la magnifique plaine de Saizerais et Rosières, Boucq, Lagney, Lucey, Brûley, Pagney, Dongermain, Villey-le-sec et Villey St Etienne, et, à l'Est, Faux et Malleloy.
3° Rocher de sous les roches (X)
….....C'est un rocher très élevé du haut duquel on a une vue splendide : on voit, à l'Est, un grand nombre de monticules, plusieurs villages, le chemin de fer et la charmante vallée où coule la Moselle.
______ Sources. _____
1° Source de la voie de Liverdun (I)
….....Une source, dans les champs situés à la voie de Liverdun, alimente une fontaine du village, celle appelée Fontaine du Bedeau.
2° Source de Bréville (J)
….....Cette source, qui est dans la partie du territoire appelée Bréville, alimente le ruisseau de Marbache, connu sous le nom de Rupt. Ce petit cours d'eau, depuis sa naissance jusqu'à la source de Bréville, est très souvent à sec, parce qu'il ne reçoit, avant d'arriver à cette source, que les eaux du ciel.
3° Source de la fontaine à vie (K)
….....Cette autre source fournit de l'eau, non seulement au Lavoir communal, mais elle alimente encore sept fontaines de la commune, savoir : trois au faubourg Nancy et quatre au Village, y compris celle du faubourg St Nicolas. Le trop plein des auges du lavoir et de toutes les fontaines va dans le ruisseau (Le Rupt) au moyen de Cassis ou de Conduits.
Le Rupt. |
….....Le Rupt arrose le territoire Est de la commune et va se jeter dans la Moselle près du faubourg Nancy qu'il traverse.
….....Le Rupt a une pente douce ; il a une longueur approximative d'un kilomètre et une largeur moyenne, en gueule, de 2 m. 30c, au fond, de 1 m. 30c . La profondeur moyenne est d'un mètre. Les dimensions ci-dessus sont suffisantes, puisque même les plus grandes pluies ne donnent lieu qu'à de très rares débordements dont les dégâts sont insignifiants.
Particularités météorologiques. |
….....La configuration du sol a, dit-on, la propriété de diviser ou d'éloigner les orages. Cet on dit mérite-t-il quelque créance ? Je le crois, puisque, depuis près de vingt ans que j'habite Marbache, j'ai pu voir souvent se produire ce phénomène.
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Population. |
….....En 1710, 39 habitants ; en 1802, 503 habitants ; en 1822, 620 habitants. Ce dernier nombre d'habitants a très peu varié avant 1866, époque à laquelle a commencé l'exploitation de la mine de fer oolitique. Ainsi, en 1861, 707 habitants ; en 1866, 880 habitants ; en 1872, 919 habitants ; en 1876, 1172 habitants ; en 1881, 1210 habitants ; en 1886, 1058 habitants.
….....Jusqu'en 1866, l'augmentation de la population résulte : d'une part, des ressources communales (Patis communaux et affouages) ; d'autre part, de la marche ordinaire et naturelle des choses ; mais à partir de 1866, elle doit surtout être attribuée à l'exploitation de la mine.
______Naissances, Mariages et Décès. _____
De 1813 à 1887 (aussi de l'an II à l'an 1813).
De l'an 11 inclus au 1er janvier 1813,
Naissances : 259
Mariages : 39
Décès : 178
Du 1er janvier 1813 au 1er janvier 1823,
Naissances : 171
Mariages : 44
Décès : 196
Du 1er janvier 1823 au 1er janvier 1833,
Naissances : 199
Mariages : 52
Décès : 149
Du 1er janvier 1833 au 31 décembre 1842,
Naissances : 187
Mariages : 72
Décès : 209
Du 1er janvier 1843 au 31 décembre 1852,
Naissances : 194
Mariages : 66
Décès : 158
Du 1er janvier 1853 au 31 décembre 1862,
Naissances : 192
Mariages : 69
Décès : 218
Du 1er janvier 1863 au 31 décembre 1872,
Naissances : 289
Mariages : 72
Décès : 268
Du 1er janvier 1873 au 31 décembre 1882,
Naissances : 293
Mariages : 83
Décès : 297
Du 1er janvier 1883 au 31 décembre 1887,
Naissances : 149
Mariages : 34
Décès : 111
Tableau indiquant le degré d'instruction des conjoints aux époques signalée
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Années |
Nombre |
Nombre des époux |
Nombres des épouses |
1790 |
4 |
3 |
3 |
1810 |
2 |
2 |
2 |
1870 |
5 |
4 |
5 |
1876 |
10 |
10 |
9 |
Relevé des signatures et des marquesdes registres de naissances , de mariages et de décès.
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De 1690 à 1700
Naissances . . . . . . . . . . < | Signatures : . . . . 84 |
Mariages . . . . . . . . . . . . < | Signatures : . . . . 36 Marques: . . . . . . 18 |
Décès . . . . . . . . . . . . . . < | Signatures : . . . . 19 Marques: . . . . . . . . |
De 1790 à 1800
Naissances . . . . . . . . . . < | Signatures : . . . 866 |
Mariages . . . . . . . . . . . . < | Signatures : . . . 334 Marques: . . . . . . 31 |
Décès . . . . . . . . . . . . . . < | Signatures : . . . 464 Marques: . . . . . . 12 |
De 1870 à 1880
Naissance . . . . . . . . . . . < | Signatures : . . . 1453 |
Mariages . . . . . . . . . . . . < | Signatures : . . . . 636 Marques: . . . . . . 19 |
Décès . . . . . . . . . . . . . . < | Signatures : . . . . 925 Marques: . . . . . . . 5 |
Habitants actuels. |
….....Les habitants ont une force moyenne qui abandonne à bonne heure ceux d'entre eux qui travaillent ou dans les mines ou dans les usines.
….....Avant l'exploitation des mines, l'agriculteur était souvent debout au premier chant du coq, mais maintenant la journée commence à six heures du matin et finit à six heures du soir, pour lui comme pour les ouvriers mineurs et d'usines, et cela au grand détriment de l'agriculture locale. Les us et coutumes des uns et des autres ont, par le contact, fini par avoir une très grande ressemblance, en ce qui concerne la manière de vivre comme quant à la manière d'agir.
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Écoles. |
….....Avant 1816, il n'y avait point de maison d'école appartenant à la commune. L'école se faisait ou dans une maison du Régent ou dans une maison que louait la commune. Ainsi, le 19 février 1816, le Conseil municipal « exprime le regret de ne pouvoir construire une maison d'école : les ressources manquent. » C'est seulement en 1825 qu'il y en eut une de faite ; elle était, dès l'origine, d'une valeur d'environ 15,000 francs. Des travaux d'amélioration y furent exécutés en 1844, et ces travaux coûtèrent 10.000 francs : ce qui porte à 25.000 francs la dépense totale. Depuis 1844, il n'y a plus eu que quelques travaux d'appropriation exécutés à différentes époques.
….....La maison est très vaste, mais les appartements en ont été mal distribués : ils sont actuellement dans un état satisfaisant de propreté.
….....Avant 1878, la maison comprend, outre le logement de l'instituteur et la salle d'école des garçons, une salle pour les filles, une salle d'asile, une salle de Mairie et le logement des sœurs institutrices.
….....En 1878, la commune a fait construire, à environ trente mètres de l'ancienne, une salle de classe pour les garçons, avec salle de Mairie au-dessus. Les anciennes salles d'école des garçons et de Mairie ont servi à fournir une pièce de plus aux sœurs et une seconde salle pour les petits asiliens. Les salles pour filles, garçons et asiliens sont convenables.
Salle des garçons.
….....Longueur : 10 mètres. Largeur : 7 m 10. Hauteur : 3 m 90. La superficie déclairage est de 16 m2 25. Il y a une cour de trois ares de surface.
Instituteurs. |
….....Voici la liste des instituteurs dont j'ai vu les noms dans les archives communales, et les dates auxquelles ces instituteurs exerçaient. |
1° Picard (Louis),
Régent d'école en 1697.
2. Guillemin (Jean),
Régent d'école en 1709.
3. Gauvin (Joseph),
Régent d'école en 1730.
4. Baudouin (Charles),
Régent d'école en 1742.
5. Aubry (François),
Régent d'école en 1765.
6. Guédon (Claude),
Régent d'école en 1771.
7. Toussaint (Nicolas),
Régent d'école en 1774.
8. Lhuillier (Claude),
Régent d'école en 1789.
9. Parfait (Jean-Baptiste),
Instituteur du 18 floréal, an 2, jusqu'en 1811.
10. Chéneviller (Jean-Claude),
Instituteur de 1811 au 14 mai 1818.
11. Nicolas (Jean-François),
Instituteur du 14 mai 1818 jusqu'au 1842.
12. Michel (Claude),
Instituteur de 1842 au 16 septembre 1853.
13. Boulin (Michel),
Instituteur du 16 septembre 1853 au 3 septembre 1856.
14. Maucotel (Pierre-Victor),
Instituteur du 3 septembre 1856 au 23 mars 1858.
15. Hémonet (Hubert),
Instituteur du 23 mars 1858 au 20 avril 1870.
16. Thiébaut (Victor-Célestin),
Instituteur depuis 20 avril 1870 jusqu'aujourd'hui.
Population scolaire. |
….....On ne peut constater l'existence d'une école de filles qu'à partir de 1824. ….....La salle d'asile date de 1861. ….....L'école des filles et la salle d'asile ont toujours été dirigés par des sœurs de la Doctrine Chrétienne. ….....Les soeurs actuelles sont :
….....Il y a autant d'élèves à l'école des filles qu'à l'école des garçons, et, à quelques unités près ces deux écoles ; en sorte que, avec les chiffres ci-dessous, qui indiquent la population scolaire de l'école des garçons, il est facile d'avoir la population scolaire pour les trois écoles de Marbache, depuis 1860 jusqu'en 1888. |
Les registres matricules de l'École des garçons accusent :
Année ... 1860 : |
54 ...Élèves |
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État des Terres. |
….....Depuis bon nombre d'années, les terres donnent de faibles récoltes, surtout les vignes. En présence de travaux si peu fructueux, les cultivateurs, vignerons et autres, ont cependant continué à donner tous les soins possibles à la culture de leurs terres, sans découragement, et, malheureusement sans en tirer plus de profit.
______ Assolement . _____
L'assolement est de quatre ans, savoir
1° Pomme de terre. |
….....Cet assolement leur permet de supprimer la jachère qui n'existe plus que dans des cas isolés. Il sert de base à une rotation appropriée à la fécondité du sol et aux moyens qu'ils ont de l'entretenir.
….....L'engrais est le fumier de ferme. Ils lui conservent toute sa puissance fécondante par les procédés ordinairement en usages.
….....Les prairies naturelles, d'une superficie totale de 16 hectares, sont d'un excellent rapport, comme quantité aussi bien que pour la qualité. Il en est est de même des prairies artificielles (Trèfles et Luzernes) dont la superficie totale et annuelle est une moyenne d'environ quinze hectares.
….....Les récoltes fourragères suffisent tout au plus à l'alimentation du bétail, tandis que la culture des céréales donne à peine la moitié de la consommation : celle des pommes de terre y suffit.
______ Surfaces cultivées . _____
1° Blé |
, environ |
50 hectares |
….....Il est d'autres petites cultures, si peu importantes, comme celle du houblon (2 hectares), du tabac (1 hectare), des betteraves (1 hectare), que je me dispense d'en parler d'avantage.
….....Le rendement des vignes est si faible que le vin qu'elles produisent peut à peine satisfaire aux besoin du lieu.
Pêche. |
….....La Moselle (rivière) passe à Marbache, et naturellement c'est dans ce cours d'eau que se pratique la pêche.
….....Deux lots de pêche, dans la Moselle, appartiennent à deux pêcheurs de Marbache : un lot en aval du pont de Millery et un autre lot en amont de ce pont.
______ Gibier de Moselle . _____
….....Saumon – Truite – Brochet – Barbeau – Perche – Roussette – Carpe – Brême – Anguille – Goujon – Ablette – Tanche – Vairon – Gremille – Lotte – Alose – Gardon – Vandoise – Pinglé – Bonccès (?) - Chiffe – Solange – Poulange – Têtard – Mantoile – Pataise - Loutre – Poule d'eau – Sarcelle – Canard sauvage – Ecrevisse – Grenouille.
Chasse . |
….....Dans la forêt, d'une superficie de 541 hectares, il y a maintenant fort peu de gibier, et, tandis qu'il diminue, le nombre des chasseurs va croissant. A Marbache, il y a au moins six chasseurs. D'un autre côté, les routes stratégiques établies depuis l'année dernière dans nos forêts contribuent encore à la disette de gibier.
______ Gibier de la forêt . _____
….....Lièvre – Chevreuil – Cerf – Sanglier – Coq de bruyère – Chat sauvage – Hérisson – Ecureuil – Renard.
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Monuments .
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….....Il n'existe pas de pierres monumentales à Marbache. Il n'y a pas d'avantage de mottes, tombelles ou monticules faits de mains d'hommes. On n'y remarque aucune trace de chaussée ou de chemin pavé dénommé voie romaine, chemin de César, de Brunehaut, ni terrains entourés de fossés ou de talus et connus sous le nom de camp de César, etc., mais on a trouvé, il y a environ un demi siècle en piochant, près de l'ancien chemin de Frouard à Marbache, les ossements de dix ou douze cadavres avec des pierres rangées autour, à peu près vis à vis l'ancien château de Condé. En 1810, en construisant une maison près de la nouvelle route de Nancy à Saint-Mihiel, on a trouvé des cercueils en pierre, percés à chaque extrémité, dans lesquels se trouvaient des ossements intacts, bien à leur place, des cadavres ayant à côté d'eux un Christ en cuivre, cloué sur une petite croix en bois noir, et une vierge en plâtre de cinq centimètres de longueur , bien conservés. A côté de ces cercueils étaient des ossements renfermés entre des pierres murées. En 1823, de l'autre côté de la route, assez près de ces tombeaux, en faisant une fondation, les maçons ont rencontré, à deux mètres de profondeur, un pavé en dalles ; sur quelques unes étaient gravées des lettres.
….....Des femmes de Marbache possèdent des petites vierges en os bien anciennes, paraît-il, portant une couronne cranelée, percées au sommet, de la longueur de cinq centimètres. J'ai vu moi-même une de ces vierges parfaitement conservée. Elle est possédée par Mlle Barbe Paysant de Marbache.
….....Une pierre placée au-dessus de la porte du Ménil porte la date de 1441
Église . |
….....L'ancienne Église avait été construite en 1759 ; son clocher a subsisté jusqu'en 1837.
….....L’église est dédiée à Saint-Gengoult. |
______ Clocher et cloches . _____
….....Il existe un clocher en pierre placé au-dessus du porche.
….....Il y a trois cloches qui ont été acquises en 1837, sous l'administration de Mr. Remy Deschiens, maire de Marbache, et baptisées, la même année, par Mr. François Poirel, curé de cette commune.
….....La grosse cloche pèse 2500 kilogrammes, environ. Elle a eu pour parrain Mr. Claude Deschiens, fils de Rémy, et pour marraine Mme Catherine Pailler, son épouse.
….....La moyenne cloche pèse 1900 kilogrammes, environ. Elle a eu pour parrain Mr. Joseph Laurent, Comte de la Roliana, et pour marraine Mlle Caroline Joséphine de la Roliana, sa fille.
….....La petite cloche pèse 1300 kilogrammes, environ. Elle a eu pour parrain Mr. Pierre François Marchel, Député, et pour marraine Mme Jeanne Justine Tardieu, son épouse.
….....Ces trois cloches ont été faites par Mr. Tuillie, fondeur à Nancy.
Dictons . |
1, Pluie en avril vaut fumier de brebis. |
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….....Je tiens à dire que je n'ai pas cru devoir répondre à beaucoup de questions qui figurent au bulletin Départementale de l'enseignement primaire, parce que je n'avais que des réponses négatives à donner ces questions.
….....En 1871, j'ai fait l'historique de l'École et de la commune de Marbache, c'est ce qui sera la 2e partie et la fin de mon ouvrage.
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2ème PartieHistoriquede l'École et de la commune de Marbachependant la guerre de 1870-1871.
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______ De la déclaration de guerre à l'envahissement ______
du territoire de Marbache
( 19 juillet - 15 août 70 )
….............
….....La nouvelle de la déclaration de guerre fut accueillie à Marbache avec le même enthousiasme qu'à Paris et dans la France entière ; chacun était satisfait de voir enfin le gouvernement mettre un terme aux prétentions arrogantes que la Prusse n'avait cessé d'afficher à notre égard depuis la campagne d'Autriche en mil huit cent soixante six. Le premier moment fut donc un moment d'espérance ; il semblait que la victoire jusqu'alors si fidèle à notre drapeau ne dût pas l'abandonner. Les brillants succès obtenus par nos armes, en Crimée et en Italie, étaient un sûr garant de ce que l'avenir devait nous réserver, et l'idée du moindre revers ne pouvait trouver place même dans l'esprit de ceux habitués à voir les choses les plus riantes sous un jour sombre et menaçant. Ainsi, joie et espérance, tels étaient les habitants de Marbache et faisaient battre leur cœur à l'unisson, avec tous les cœurs français.
….....La situation des esprits était excellente ; aussi, les jeunes soldats composant la réserve et la mobile quittèrent-ils leurs foyers au premier appel ; ils dirent adieu à leurs parents et à leurs amis, sans trahir au dehors les émotions qui naissent en pareille circonstance. A leur départ, les souhaits les plus patriotiques et les plus sincères leur étaient universellement adressés ; ils y répondaient en promettant de se battre vaillamment et de faire leur devoir, comme un soldat français sait le faire. A cette liste de nos jeunes gens appelés par le sort sous les drapeaux, il faut joindre les noms de ceux qui s’enrôlèrent volontairement pour la défense de la Patrie.
….....Ainsi le sentiment patriotique était véritablement porté à son comble ; non pas un sentiments stérile, mais un sentiment efficace qui se traduisant de différentes manières. Nous acclamions la garde impériale passant à Marbache et se dirigeant sur Pont-à-Mousson ; nous acclamions plusieurs régiments venant par la route de Bernécourt, et Dieu sait si nous leur avons accordé le secours que réclamait une marche de plusieurs heures par une chaleur vraiment tropicale.
….....En voyant défiler cette belle armée, à côté des sentiments de joie et de fierté que nous éprouvions se plaçait un sentiment de tristesse. Nous pensions qu'un grand nombre de ces soldats ne reverraient plus ni leurs parents ni la France qu'ils aimaient, et qu'un plus grand nombre encore seraient couverts de blessures ou atteints par la maladie.
….....Je fis appel, dans ma classe, au bon cœur de mes élèves. De son côté, l'autorité locale s'adressa à la charité des habitants. C'était à qui rivaliserait de dévouement : les uns offraient du linge, de l'argent ; les autres des lits, etc, etc ; tous s'apprêtaient à faire face aux grandes misères que la guerre, même la plus heureusement conduite, traîne nécessairement derrière elle.
….....Voici d'ailleurs le tableau exact des offrandes recueillies pour venir en aide à nos malades et à nos blessés :
______ Depuis l'invasion ( 15 août 70 ) ______
jusqu'au 1er avril 1871
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….....A l'heure ou nous étions tout entiers à l'espérance et où nous nous occupions des soulagements à donner à nos blessés, nous arrivaient les tristes nouvelles de deux insuccès subis par nos armes. La consternation fut d'autant plus grande que la confiance avait été plus complète. Le premier moment passé, les esprits se raffermirent un peu, grâce surtout à l'énergie des autorités locales qui, par tous les moyens possibles, cherchaient à relever les courages abattus. Malheureusement, quelques jours après, une bande d'hommes venant des bords de la Seille, et auxquels une panique exagérée avait fait prendre la fuite, répandirent l'alarme au milieu de nous. A dater de ce jour, les habitants ne songèrent plus qu'aux moyens de mettre en sûreté eux et leurs biens.
….....Le douze et le treize août, les pompiers de la commune veillèrent à la garde du chemin de fer, dans la partie du territoire de Marbache. Moi-même, je pris ma part du danger, et je passai une nuit entière sous les armes. Nous ne pouvons trop louer le zèle et l'ardeur de nos compatriotes qui, au risque de leur vie, s’efforçaient de maintenir la voie libre ; par là, ils permettaient à de nombreux soldats d'aller rejoindre leurs frères d'armes sous les murs de Metz.
….....C'était aussi le treize que nous aperçûmes les premiers éclaireurs ennemis : c'étaient les trop fameux uhlans. Ils débusquèrent des hauteurs de Millery, au nombre de huit, et remontèrent la rive droite de la Moselle dans la direction de Custines. Au même moment, cinq trains remplis de soldats français , de l'arme de la ligne, passaient à Marbache et filaient à toute vapeur sur Metz. L'ennemi était là ; à l'instant les soldats descendent de wagons et se massent à droite et à gauche de la route, tout près du faubourg Nancy. Ces précautions furent inutiles : les uhlans avaient disparu dans la forêt, dans la direction de Morey. Les trains se remettent en marche. A Dieulouard, ils sont reçus à coups de canon : nous avions perdu un homme et nous avions dû rebrousser chemin.
….....C'était un triste spectacle de voir ces pauvres soldats, si pleins d'ardeur, obligés de revenir sur leurs pas. Dans le nombre, un chef surtout attirait nos regard, sa figure était tout ensanglantée par suite d'une blessure reçue dans l'échauffourée de Dieulouard ; malgré la fatigue qu'il ressentait, il ne cessait d'encourager ses hommes par les paroles les plus bienveillantes et les plus patriotiques. Quant aux soldats, ils se consolaient, selon l'habitude du troupier français, par des lazzis et par l'espoir d'une prompte revanche.
….....Nous ne devions plus revoir de soldats français, jusqu'à la fin de la guerre ! ! ! . . . . . . . . .
….....Le lendemain, 14 août, deux prussiens à cheval, le fusil au côté et le pistolet au poing, montent la rue principale de Marbache (la grande rue) et promènent partout des regards scrutateurs. Chacun a le trouble dans l'âme, et la journée se passe dans une inquiétude accablante et indescriptible, mais sans voir d'autres ennemis que ceux signalés.
….....Le 15, à quatre heures de l'après-midi, tout à coup on vit luire les baïonnettes, et on entendit le roulement du tambour. Chacun de crier : « Voici les Prussiens ! Sauvons-nous! » Quinze mille prussiens nous arrivaient. Pendant que ces cris de désolation se faisaient entendre, je regardais, avec peine, un pauvre père de famille, entouré de sa femme et de ses enfants, courir chercher refuge dans la forêt : des jeunes hommes prenaient la même direction. Moi, triste spectateur de scènes si affligeantes, je prodiguais mes conseils qui, unis à mes frères, pouvaient difficilement retenir quelques-uns des fugitifs épouvantés.
….....Les plus hardis seuls, et le nombre n'en était pas grand, restaient debout devant leurs demeures, dans l'attente de ce qui allait arriver .
….....Au milieu du village, un chef prussien ordonne à ses soldats de faire halte. Tout à coup les rangs sont rompus. Par bande de quinze, vingt, soixante, les prussiens entrent dans les maisons et s'y posent en maîtres. L'habitant qui se trouvait absent en ce moment était désagréablement surpris, à son retour, de trouver toutes les places de sa maison occupées.
….....Il me suffit d'écrire ce que j'ai supporté pour donner une idée des charges qui ont pesé sur tous.
….....J'étais assis devant ma maison, la maison commune , à l'arrivée de l'ennemi, bien résolu à employer tous les moyens qu suggère la prudence pour sauvegarder mes intérêts, ceux des habitants et veiller avec soin sur les archives de la commune. Un chef m'aborde et me demande à voir ma maison en détail. Il en examine toutes les parties et fait ensuite signe d'entrer aux soldats qui l'accompagnent. Plein d'effroi, je compte : 4 – 8- 10 – 15 - 20 - 30 – 40 – 50 et puis, je me perds dans mon calcul, tant le désordre est grand. Peut-être cent allemands sous mon toit ! ….. Le maître du logis trouve à grand peine une place pour lui et sa famille. Les yeux et les mains des ennemis se portent sur tout et partout. Grâce à ma surveillance attentive , et je m'estime heureux d'en avoir été quitte pour une miche, mon lard, mon vin, et pour un pot de beurre et un grand pot de saindoux grossièrement escamotés. Mais, quelle nuit pleine d'inquiétude ! Pendant que les prussiens digèrent et dorment d'un profond sommeil, les gens de Marbache veillent ! Enfin, l'heure du départ a sonné. Les prussiens nous quittent et emportent avec eux nos souhaits : souhaits tels qu'en forme un bon patriote dont le cœur est profondément attristé.
….....Notre délivrance fut de courte durée, car, le jour suivant, même nombre et peut-être plus encore de soldats à loger et à nourrir ; mêmes exigences que la veille : toujours du pain, du vin, de la viande, des cigares. Il ne me semble nullement nécessaire d'entrer dans de plus grands détails pour faire comprendre notre situation. Je me bornerai à ajouter que de temps à autre nous avions des soldats à loger seulement.
….....Mr le Maire (François Burgaux) dont la conduite a été digne des plus grands éloges, s'est chargé de la perception et des réquisitions ; comme à présent, j'étais secrétaire de la Mairie et me tenais toujours à sa disposition. Dans toutes les circonstances, son adjoint (Auguste Gantherot) lui est venu en aide avec un empressement très louable.
….....Une amende de cinq mille francs nous fut imposée par l'autorité allemande alléguant qu'à quelques mètres de la station de Marbache, le dix sept janvier, à cinq heures du soir, un homme avait tiré sur un train vide allant de Frouard à Metz. Le même jour, à la même heure et à cinquante mètres du lieu désigné se trouvaient, sur la voie du chemin de fer, le chef de station et plusieurs employés qui attestèrent n'avoir rien vu ni rien entendu, mais néanmoins il fallut trouver et verser la somme de cinq mille francs exigée dans un délai très bref (48 heures).
…....Le tableau ci-contre fait connaître d'une manière nette et claire les dépenses les plus sérieuses que la Guerre a occasionnées à Marbache. Ne seront point compris les objets volés, dégradés, ni la nourriture donnée par les habitants : ces choses réunies formeraient bien, ce me semble, la somme de dix mille francs.
Réquisitions en nature . |
Contributions ordinaires . |
Contributions extraordinaires et amendes . |
Réquisitions faites directement aux particuliers . |
Dommages divers . (Récoltes détruites) |
Total . |
4.239f75 (a) |
3.598f |
6.456f (b).... 5.000f (c).... 12f (d).... 1.352f (c).... |
30.815,v83 (f).... 1.408v (g).... |
3.336f (h) |
56.220 francs 58 centimes. |
(a) Réquisitions de vin, café, riz, couvertures, paille, foin, etc. (b) Impositions extraordinaires, en argent. (c) Amendes. (d) Frais de voyages. (e) Contribution pour la flotte. (f et g) Bons délivrés et fournitures faites par les particuliers. (k) 417 ares de pommes de terre détruites pour la nourriture et par l'occupation des troupes allemandes. |
….....Au point de vue matériel, ma position comme instituteur est restée la même que dans les conditions ordinaires ; mon traitement m'a été payé intégralement. Des travaux d'appropriation devaient avoir lieu dans les chambres que j'occupe : les circonstances en ont retardé l'exécution.
….....Au point de vue moral, je n'ai en aucune plainte à élever. Les élèves ont fréquenté l'école , et j'ai trouvé chez eux le même respect, la même docilité qu'auparavant. Le cours d'adultes n'a pas eu lieu, parce que les esprits étaient trop préoccupés des terribles événements dont nous étions les témoins.
….....Les autorités reconnaissent que j'ai fait loyalement mon devoir : ce témoignage qui m'est rendu est pour moi la plus belle récompense que je puisse ambitionner.
FIN .
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Document conservé à la Bibliothèque Municipale Stanislas de Nancy
Cote
www.reseau-colibris.fr
www.kiosque-lorrain.fr
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