* Faits de guerre parmi tant d'autres
Guerre 1914-1918
Je suis toujours intéressée par des faits insolites ou des actes de courage, de volonté…
En 1932, je suis en vacances chez ma tante, Marie ANCÉ, route de Liverdun à Pompey. Je suis étonnée de voir son dynamisme, elle qui est plutôt d’ordinaire tranquille. Nous allons en forêt, aux Vannes nous tremper les pieds, dans le village, nous remuons beaucoup. Je pose une question : |
En 1914-1915, (Marie est née en 1893) j’étais moi aussi en vacances chez ma tante à Homécourt. (La sœur de la grand-mère Cornibé : Marie Léonard).
Un allemand passe et m’embarque, je suis conduite dans un bâtiment, je comprends que je suis prisonnière (je n’ai jamais su pourquoi ?).
On me fait une grosse piqûre vers la poitrine (comme à leurs soldats). On me fait enfiler une chemise en grosse toile avec des grandes manches – une camisole, quoi ! -.
Il y avait déjà des gens dans le bâtiment, mais j’étais la seule à être si jeune !
J’ai l’impression de croupir, j’observe dehors, il y a 2 gardes, pas moyen de sortir. Le temps passe et je vois que la surveillance se relâche.
Un jour, il y a un problème dans une autre baraque et nos surveillants nous lâchent. J’en profite pour sortir et vite je m’éloigne et me cache.
J’attends la nuit pour bouger, je marche, je commence à avoir faim ; dans un champ, il y a des racines, il faut manger ! Pendant plusieurs jours, voire une bonne semaine, je me cache le jour et marche la nuit, toujours prudente, avec une volonté farouche de m’en sortir. J’entends des voix, je ne bouge plus, je suis aux aguets. J’aperçois des uniformes, pas gris, avec une sorte de croix sur une manche, eh bien je suis sauvée, c’est la croix rouge suisse, j’avais marché dans la bonne direction, quelle chance ! J’ai été rapatriée.
Dans l’ourlet de ma chemise, il y avait des lettres que les prisonniers m’avaient confiées, ils savaient que je me sauverais et m’ont même aidée. Les lettres presque illisibles ont dû être remises aux familles.
Après j’ai été mal en point, il fallait récupérer mais les racines avaient fait un peu de dégâts. Cela a duré longtemps, ma sœur aînée disait toujours « notre Marie, il faut la surveiller comme le lait sur le feu »
Et voilà l’histoire du pensionnaire, ce courage et cette volonté sont exemplaires.
Ma tante n’a pas beaucoup raconté cette histoire – ses enfants et petits-enfants n’étaient même pas au courant –
Faits de guerre parmi tant d'autres
J’ai 94 ans, je veux me libérer de certains souvenirs qui me font encore mal, je n’en ai parlé à personne à ce jour.
JUIN 1944
En longeant le lycée Poincaré rue de la Visitation, un officier allemand débouchant de la rue Blondlot, me tamponna fortement (prête à tomber) il me retient, me prend par les épaules, me colle contre le mur du lycée en me tapant plusieurs fois le dos, il lève sa badine prêt à me frapper et il s’en va ; j’ai eu très peur et mon pauvre dos était tout meurtri.
SEPTEMBRE 1944
4 & 5 septembre : |
pendant plus d’une heure. N’obtenant pas de renseignements mon frère est poussé dans la cour et fusillé.
Maman et moi, rue des Jardins Fleuris avons été prévenues vers 14/15 heures.
9 septembre :
L’alerte est donnée, ça commence à gronder, les avions approchent, ils longent la Moselle.
Dans la cave (rue des Jardins Fleuris), sur un réchaud à alcool, je fais cuire des pâtes pour les enfants, mais comment faire pour sortir et leur apporter, j’ai réussi parce qu’un monsieur est venu, il était affolé, il cherchait ses filles.
de la rue du village. Une dame me prend le bras et me donne un verre d’eau. Je repars, j’arrive près des enfants, je les vois encore manger les pâtes avec leurs mains.
Ma belle-sœur ne bouge pas, la grand-mère me prend dans ses bras en me disant que j’étais digne de Roland (j’étais bouleversée). Après avoir embrassé les enfants, il me fallait retourner chez moi. En ouvrant la porte je vois maman étendue, entourée par les voisins. Je ne m’étais pas rendu compte que je pouvais faire autant de mal, avec cette grande frayeur.
Le Monsieur qui était venu dans la cave, c’était Monsieur GRISNEAU, il cherchait ses filles – elles étaient sous les décombres du chalet Navarre au bout de pont – Au cimetière de Pompey, en prenant l’allée centrale, c’est la première tombe à droite, où reposent Jeanne qui avait mon âge et sa petite sœur.
Liste des victimes civiles durant le conflit 1939-1945 gravée sur le monument aux Morts de Pompey.
(photographie : Jean-Luc GOURET - 2009 -)