Le quotidien dans la presse de 1799
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JOURNAL DE LA MEURTHE du lundi 21 janvier 1799:
(10 Pluviôse AN7)
Un citoyen de Nancy ayant eu connaissance de la lettre du Ministre de l'intérieur sur la navigation intérieure, nous a communiqué ses vues en forme de mémoire qu'il adresse à ce ministre sur cet objet, son travail très-étendu présente, quant à ce qui est relatif au département de la Meurthe, et ceux environnant, un tableau de la jonction des rivières ci-après, dont la navigation établie favoriserait singulièrement l'agriculture, le commerce et le service militaire.
..La Meurthe, la Moselle, la Meuse, la Sarre et le Seille seraient navigables dans toute l'étendue de leurs cours ; elles communiqueraient entre elles par des canaux peu dispendieux et les plus approximatifs.
..La Moselle, communiquerait 1°. au Rhin par l'Ill, rivière qui se jette dans le Rhin à Strasbourg ; 2°. à la Saone, par le Void-de-Coné, et du Coné à la source de la Saone ; 3°. à la Meuse, par un canal de Chaudeney à Pagny.
..La Meuse, communiquerait 1°. à la Seine par l'Aisne, à l'aide d'un canal, depuis Sémuy à la rivière de Bar, et de cette rivière à Attigny-sur-Aine ; 2 °. à l'Oise sans l'intermédiaire de l'Aisne ; 3°. à la Marne, soit par un canal tiré de la rivière d'Aine, au confluent de l"Air vers Grandpré jusqu'à Châlons, soit par un autre canal de Neufchâteau à Vitry par Bar joignant l'Ornain, ou à St.-Dizier par Montier joignant la Saux; 4°. à la Saone, par un canal de Neufchâteau à Chatillon, qui rencontrerait le Mouzon.
..La Meurthe, communiquant naturellement à la Moselle au dessous de Frouard, cette jonction lui paraît préférable à toutes autres, soit de Rosières, soit de Maloru au-dessous de St.-Nicolas par le Vermois, Fléville, Ludres et Messein en tournant la montagne d'Afrique ; 2°. elle communiquerait au Rhin par des canaux qui réuniraient la Sarre à la Brusque et à la Vesouse, où à la plaine au-dessus de Salm, dont les sources sont voisines.
..La Sarre communiquerait au Rhin par les mêmes canaux qui établiraient sa jonction à la Meurthe, à laquelle se réunirait par la Vezouse à Turquesteim, celle-ci se joignant naturellement à la Meurthe à Lunéville.
..La Seille communiquerait, 1°. à la Sarre par les étangs de Mieuxders et Fribourg,
Nancy
..On annonce plusieurs malheurs provenant des débâcles de ruisseaux et rivières ; la destruction des plusieurs routes, maisons écroulées, arbres arrachés et coupés par les glaçons ; jamais hyver plus remarquables par les accidens.
JOURNAL DE LA MEURTHE du vendredi 8 février 1799:
(20 Pluviôse AN7)
INVITÉS par plusieurs de nos abonnés de leur donner l'extrait du mémoire sur la navigation intérieure dont nous avons parlé en notre n°65, nous copions les expressions de l'auteur de ce mémoire.
..La Meurthe à sa source au dessus de St. Diez à Taintrux dans les montagnes et département des Vosges, passe à St. Diez, à Raon-l'étape, Baccarat, Lunéville, Rosieres et St.-Nicolas, laissant Nancy à gauche, Malzéville et Tomblaine à gauche, elle va se perdre dans la Moselle entre Frouard et Custines, à un myriamètre au nord de Nancy à l'extrêmité septentrionale d'une presqu'île bordée de saules et de peupliers, lieu dit la gueule d'enfer.
..Elle reçoit la Plaine à Raon, la Vézouse et la Mortagne à Lunéville ; le Sanon à Rozieres, la Mancieuse au Moulin de Bouxières-au-mont et beaucoup de petits ruisseaux.
..La Meurthe n'est navigable en remontant et non sans dangers à cause de ses embarras que depuis son embouchure jusqu'au Crône au-dessous et près du pont de Malzeville.
..Le Crône est un petit port avec une grue qui sert à charger et décharger les bateaux, il fut construit en 1616 pour la facilité de la navigation de cette rivière et du commerce de Nancy ; c'est à ce port qu'on chargea pour l'arsenal de Metz en 1670 et 1671 toute l'artillerie de la ci-devant Lorraine avec cette fameuse coulevrine de 22 pieds de long et le cheval de bronze, ouvrages des Chaligny fondeurs lorrains que le tyran Louis XIV enleva par droit de conquête.
..Nous y avons vu charger pour l'hotel des monnoyes de Metz 1792 les cloches du district de Nancy, et longtemps il y eu coche d'eau de Metz à Nancy ; cette rivière étoit anciennement navigable, au-dessus de Nancy et jusqu'à St. Nicolas et elle n'a cessé de l'être que depuis 1590, qu'on construisit le canal des vannes des grands moulins qui en saigne le lit et le pont de Malzéville bâti en 1500 suivant le traité des Vauthiers frères entrepreneurs, du 20 septembre 1499, déposé aux archives, le sut en conséquence de cette navigation et comme nous le voyons encore avec de hautes arches dans le milieu pour passer les bateaux.
..Calmet remarque que la commune de Metz envoya par bateaux jusqu'à St.-Nicolas tout le pavé du temple de cette commune et que ce temple était bâti en 1544, il est donc constant que la Meurthe était navigable avant 1590 depuis son embouchure jusqu'à St-Nicolas.
JOURNAL DE LA MEURTHE du jeudi 26 septembre 1799:
(4 Vendémiaire AN8)
..Nous interrompons la revue de l'an 7 pour rappeller à nos lecteurs qu'en vertu de la loi du 11 floréal dernier, on ne doit plus depuis le premier du mois courant, compter par livres, sous et deniers, mais seulement en francs, décimes et centimes ; que les impositions de toute nature doivent être calculées et payées en ces dernières valeurs ; que l'on ne doit plus faire de billets, contracts , reconnaissances ni quittances, baux à loyer ni ventes, ni enfin aucunes transactions ou actes entre particuliers qu'en stipulant les sommes en francs, décimes et centimes.
..La différence qui existe en la livre et le franc est d'un quatre vingtième, ainsi l'écu de 6l. ne vaut en francs que 5 f. 92 centimes et demi, la pièce d'or de 24 l. ne vaut plus 23 f. 70 cent. ; ainsi si vous devez acquitter une contribution indirecte de 6 f. , vous pouvez donner un écu de 6 l. en y ajoutant 6 liards, et pour se bien pénétrer de cet objet, c'est de se rappeller qu'il faut ajouter un liard par livre pour former le compte juste du franc.
..Mais pour vous empêcher d'être dupes de votre ignorance et de la cupidité de certaines gens, rappellez-vous que d'après l'art. 5 de cette même loi, tout ce que vous devez en contributions antérieures à l'an 8 peut-être payé jusqu'à parfaite solution en livres, sous et deniers, et que les percepteurs ne peuvent rien vous demander pour cela, parceque la différence entre la livre et le franc ne s'effectue que depuis le prem. vendém. courant.
..On se servira des anciennes monnaies et elles auront cours à la charge d'ajouter à chaque livre un centime un quart ( 3 deniers ) par cette raison la pièce de 5 francs sera reçue pour 5 francs et non plus pour 5 l. un s. 3 den. ; quant aux monnaies de cuivre, de métal de cloche et de billon, la loi ne s'étant point expliquée à leur égard, elles doivent être admises pour leur valeur nominale, c'est à dire sans l'addition de trois deniers pour livre ; les dispositions de l'art. 5 ci-dessus rappellées ne s'appliquent pas aux contributions indirectes, ainsi les droits d'enregistrement, de timbre, de patente et autres qui seront acquittés en l'an 8 doivent être payés en francs.
JOURNAL DE LA MEURTHE du mercredi 23 octobre 1799:
(1er Brumaire AN 8)
..Nancy. Le général en chef de l'armée du Rhin a frappé le département de la Meurthe d'une réquisition de 10500 quintaux de froment, 3000 quintaux de seigle ou orge, 1800 sacs d'avoine, 42 mille quintaux de foin et 4500 quintaux de paille ; les fermiers, est-il dit, seront tenus de faire l'avance des fourniturent auxquelles seront cotisés les propriétés qu'ils exploitent, et ils ne pourront en exiger la déduction de la part des propriétaires que dans le décompte des contributions de l'an 8 ; mais cet article ne préjudicie pas à ceux des fermiers qui quittant leur exploitation actuelle entreraient dans le cours de l'an 8 dans une autre exploitation, la déduction serait faite au décompte d'abandon ou de congé et sans autre délai, du moins on le doit entendre ainsi.
..Outre la réquisition des denrées ci-dessus, le même général a requis 1000 hommes de ce département pour aller travailler aux fortifications de Kell, ils doivent partir à Nancy le 10 du courant ; ils seront à la disposition du général pendant un mois, ils auront l'étape en route ; quand donc le gouvernement aura-t-il égard à la surcharge de notre département, et quand sera-t-il reverser par le départements intérieurs les grains et fourrages nécessaires au remplacement de ceux que si souvent on nous requiert de fournir, outre la subsistance d'une infinité de prisonniers de guerre ?