Le quotidien dans la presse de 1840
Le Journal
de la Meurthe et des Vosges du mardi 7 avril 1840:
..DÉPARTEMENT DE LA MEURTHE
Canal de la Marne au Rhin
3.e SECTION.
Construction
..Du canal de la Marne au Rhin, dans la partie comprise entre le souterrain de Liverdun et le Biez de Nancy, sur une longueur de 1,159 mètres 90.
..Le 4 mai 1840, il sera procédé, par M. le préfet du département de la Meurthe, en conseil de préfecture, à Nancy, conformément à l'ordonnance
royale du 10 mai 1829, à l'adjudication des travaux relatifs à l'ouverture de la partie du canal de la Marne au Rhin, comprise entre le souterrain de Liverdun et le Biez de Nancy, sur une longueur de 1,159 mètres 90.
Les travaux à adjuger sont estimés ainsi qu'il suit :
Corps du canal....................................................... 87,333 f. 27 c.
Pont-canal sur la Moselle et dépendances................ 764,796...17
Ecluse de 2m 60 de chute, avec pont et dépendances.. 63,941...13
Pont fixe sur la tranchée des Vaux.............................. 6,481...47
........................................................................______________
..Montant des travaux prévus.................................. 919,552...04
Somme à valoir..................................................... 120,447...96
........................................................................______________
.....................................Total général................ 1,040,000...00
..Les devis et détail estimatif sont déposés au bureau des finances de la préfecture et dans ceux de l'ingénieur en chef du canal, place Carrière, n°.12.
Le Journal
de la Meurthe et des Vosges du mardi 19 mai 1840 :
Renouvellement des Conseillers municipaux en 1840.
..Par arrêté de M. le préfet de la Meurthe, en date du 11 de ce mois, sont convoqués pour le dimanche 14 juin prochain, à l'effet de procéder au renouvellement triennal de la première série des conseillers municipaux formant la moitié sortante en 1840, les électeurs municipaux de toutes les communes du département.
..Sont exceptés de cette convocation, 1°. les électeurs de la commune de Pompey, où le renouvellement s'est opéré le 20 avril dernier, conformément à l'ordonnance du 18 janvier précédent ; 2° les électeurs de la ville de Nancy, qui se réunirons le dimanche 31 mai ; 3° les électeurs de la ville de Toul, qui ne se réuniront que le dimanche 28 juin.
..Le nombre de conseillers formant la première série à renouveler est de cinq membres pour les conseils municipaux composés de dix membres ; de six pour ceux qui ont douze membres ; de huit pour ceux qui en ont seize ; de onze pour ceux qui en ont vingt-un ; de douze pour ceux qui en ont vingt-trois ; de quatorze pour ceux qui en ont vingt-sept ; et de dix-huit pour ceux qui en ont trente-six.
..Dans les communes qui sont divisées en sections, la première se réunira le 14 juin, la seconde le 16, la troisième le 18, et ainsi de suite ; de telle sorte qu'il y ait un jour d'intervalle entre les réunions.
..Les électeurs municipaux qui participeront aux élections de 1840, sont ceux qui seront inscrits sur les listes closes le 31 mars dernier.
..Les colléges se réuniront dans le local qui sera désigné d'avance par MM. les maires, et aux heures qu'ils auront fixées.
..Aussitôt après le renouvellement de la première série, les électeurs pourvoieront, par une élection séparée, aux places vacantes dans la seconde série, par décès, démissions ou autrement.
..A cet effet, les électeurs des communes où la division en sections n'a pas lieu, se réuniront de nouveau le mardi 16 juin, (au lieu et à l'heure indiqués), et les électeurs partagés en sections, à partir du troisième jour qui suivra la réunion de la dernière section convoquée, ainsi qu'il est dit ci-dessus.
..Après le renouvellement des conseils municipaux, il sera pourvu aux nominations de maires et d'adjoints. Les titulaires actuels de ces places, s'ils sont réélus, conserveront leurs fonctions jusqu'à l'installation de leurs successeurs. Dans le cas contraire, leurs fonctions seront provisoirement remplies par les premiers conseillers inscrits dans l'ordre des tableaux.
..Le nombre de conseillers municipaux est et demeure le même que celui qui a été fixé pour toutes les communes du département en 1837.
Le Journal
de la Meurthe et des Vosges du mardi 14 juillet 1840 :
..- Une lettre adressée de Metz, le 10 juillet 1840, à l'Indépendant de la Moselle, annonce que dans 15 jours ou trois semaines les bateaux à vapeur inexplosibles de la compagnie Debonnaire, feront le trajet de Coblentz à Nancy : l'Austrasien fait route en ce moment.
Le Journal
de la Meurthe et des Vosges du vendredi 24 juillet 1840 :
..- Le bateau l'Austrasien, destiné pour la navigation de la Moselle et de la Meurthe, et construit, à Nantes, par M. Gâche, dans les mêmes dimensions que les Inexplosibles de la Loires, a fait, le 11, son voyage d'essai, avec 96 passagers à bord. Il tirait, vérification faite, 0,255 mil. (9 pouces et demi). Il a parcouru, en une heure, 1 myriamètre 100 mètres (plus de 2 lieues et demie), malgré le faible étiage et contre le courant de la Loire.
..Les nombreux témoins de cet essai ont pu se convaincre que la célérité de l'Austrasien n'était due qu'à la perfection de sa machine, car aucune oscillation, aucune vibration n'a été ressentie.
..Il est parti, le 12, des chantiers de M. de la Rochejaquelein, pour Metz.
Le Journal
de la Meurthe et des Vosges du dimanche 26 juillet 1840 :
..- Une ère nouvelle est à la veille de s'ouvrir pour nos contrées ; elles aussi vont être appelées dans peu à prendre part au mouvement progressif que l'industrie et le commerce doivent depuis long-temps déjà, sur d'autres points de notre territoire, à l'emploi de la vapeur. Nous l'avons dit, des bateaux destinés à nous mettre en rapport avec l'Allemagne, la Belgique et le nord de l'Europe, sont construits et vont bientôt remonter notre rivière, dont on a étidié le cours et sur laquelle seront exécutés les travaux nécessaire pour en approprier le lit à la navigation. Le Patriote, dans son numéro du mercredi, 22 juillet, a publié, sur ces travaux et sur l'état actuel de la Meurthe, des renseignements qu'il donne comme positifs, et que nous lui empruntons, en lui laissant le mérite de la priorité de cette publication:
..Depuis le confluent de la Meurthe avec la Moselle jusqu'à Nancy, on compte 12 kilomètres de rivière en raison des sinuosités. Le cours de la Meurthe est partagé en bas-fonds ou mouilles dont la profondeur varie entre 80 centimètres et plusieurs mètres de profondeur pendant les plus basses eaux, et en hauts-fonds que forment des barrages de grèves ou gros galets. Sur ces hauts-fonds, la profondeur varie de 15 centimètres à 30, de telle sorte que ces barrages forment de véritables biefs comme dans un canal. Les hauts-fond sont nombreux, mais leur quantité est soumise à l'action des eaux après les grandes crues. Des dragages ont été faits cette année sur les hauts-fonds ; ils consistent à retirer de droite et de gauche des graviers, de manière à obtenir une plus grande profondeur dans ces passages difficiles : on leur a donné de 10 à 12 mètres de largeur. Ce système, employé en grand sur la Loire, a obtenu le plus heureux succès. Il serait donc d'une application facile sur la Meurthe, et d'autant plus que ses sables n'ont pas la mobilté des sables de la Loire. Un obstacle que nous prévoyons pour la navigation de la Meurthe viendrait de certains coudes beaucoup trop à angle droit. Avec très-peu de travaux, il serait facile de parer à ces obstacles.
..Le pont de Bouxières n'a aucune des conditions de solidité nécessaires : aussi a-t-on été obligé de battre des piquets et de faire des avancées sous les arches pour soutenir le piles, ce qui détermine un exhaussement du lit dans cette partie et fort peu de profondeur d'eau sous le pont. Entre les piquets, sous la principale arche, on trouve tout au plus 6 mètres de large, et si cette largeur suffit, à la rigueur, pour le passage des bateaux, elle ne laisse pas que d'offrir de grandes dificultés. Il est évident que l'administration prenra prochainement un parti décisif pour ce pont.
..Le lit de la rivière, l'abord de ses rives sont encombrés de grosses pierres perdues, qui, relevées avec soin, pourraient servir à défendre parfaitement les rives elles-mêmes, tandis qu'à présent ce sont autant de causes d'avaries toujours à craindre.
..Deux systèmes semblent pouvoir être employés avec le même succès : les cantonniers-mariniers, chargés d'entretenir le passage sur les hauts-fonds, la quantité d'eau débitée suffisant à établir un chenal navigable de 40 centimètres au moins de profondeur sur 8 mètres de largeur. Ce système a l'inconvénient de demander annuellement les mêmes travaux d'entretien, et les crues passagères pouvant défaire plusieurs fois pendant la campagne les travaux de dragage achevés, les dépenses peuvent dépasser les prévisions. Par ce système encore, la profondeur est toujours limitée.
..L'autre système consisterait à établir 4 ou 5 barrage mobiles depuis le pont de Malzéville jusqu'à la Gueule-d'Enfer ; le peu de pente de la rivière, sa très-petite largeur rendraient ces travaux de la plus grande facilité d'exécution, et à coup sûr le résultat serait satisfaisant.
..Déjà, sur l'Yonne, grand nombre de barrages sont établis et ont parfaitement réussi. A Decize même, sur la Loire, et malgré une immense largeur et un régime tout exceptionnel, le barrage mobile de M. Poirée a produit les meilleurs résultats. Au moyen de ces barrages mobiles, établis de distance en distance, on élève le niveau des eaux par des fermettes de dimensions déterminées, superposées les unes sur les autres. De cette sorte, l'on peut toujours entretenir constamment un niveau d'eau supérieur à celui de la pente naturelle. Ces fermettes, portant sur un radier établi au niveau de la rivière, sont enlevées et replacées à volonté, soit pour livrer passage, avec une plus grande quantité d'eau, aux bateaux qui descendent, soit pour produire une crue factice et livrer passage en même temps aux bateau qui remontent. La largeur moyenne de la rivière étant de 40 mètres, il est facile d'apprécier combien, en donnant au barrage mobile une étendue de 12 mètres, ces travaux seraient peu coûteux. La défense des rives doit appeler la sérieuse attention de l'administration ; il lui serait facile de s'entendre avec les propriétaires pour que les dépenses fussent en partie partagée.
..Il ne faut pas cependant se dissimuler que l'état actuel de la Meurthe, dont on ne s'est jamais occupé, nécessiterait, dans tous les cas, des dragages une fois faits sur une grande échelle, pour la débarrasser des écueils qui existent actuellement. Au moyen de ces travaux, il est incontestable que la navigation de Nancy jusqu'au Rhin se ferait en tout temps avec la plus grande facilité, par suite des améliorations si heureuses déjà obtenues sur la Moselle.
..Enfin, il est constant qu'avec une dépense de moins de cent mille francs, nous pouvons avoir la navigation par la vapeur parfaitement établie, et le chemin de fer est évalué à onze millions.
Le Journal
de la Meurthe et des Vosges du mardi 28 juillet 1840 :
..- Les travaux de canalisation se poursuivent avec activité sur différents points de notre département. A Liverdun, le pays change chaque jour d'aspect ; pendant que le ciseau et la mine ouvrent la montagne, le lit du canal se creuse et s'élargit. On prépare déjà les matrériaux destinés à la construction du pont aqueduc qui doit traverser la Moselle. Liverdun prend chaque jour une physionomie nouvelle, et les visiteurs vont s'extasier devant ses sites pittoresques et les immenses travaux qui s'y opérent.
..- Des ouvriers, en creusant le sol, viennent de découvrir une grande quantité de médailles et un bracelet, cachés entre des couches de pierre. Nous avons vu une de ces médailles : elle est en cuivre, bien que sa couleur soit celle du plomb ; elle est de la largeur et à peu près et de la forme d'une ancienne pièce de 75 cent. On voit très distinctement, d'un cpôté, l'effigie d'un homme, son cou nu, ses épaules couverte d'une draperie qui peut être celle d'une toge ou d'un manteau ; sur sa tête est une couronne dentelée ; au-dessus on lit ces mots : PHILIPPVS AVG. Sur le revers de la médaille est un cerf, surmontant le millésime VI, et couronné par cette inscription, devenue en partie illisible: SAECULARES AVG.
Le Journal
de la Meurthe et des Vosges du mercredi 5 août 1840 :
Canal de la Marne au Rhin.
..Les travaux de Liverdun comprennent en ce moment de graves dangers qui ne permettent plus de laisser pénétrer dans les galeries souterraines, aucune personne étrangère aux ateliers. L'ingénieur en chef du canal de la Marne au Rhin se voit donc forcé de refuser désormais toute espèce d'autorisation de visiter ces travaux.
..Il engage en conséquence les personnes qui seraient disposées à lui en faire la demande, de s'éviter une démarche qui serait forcément sans résultat.
Le Journal
de la Meurthe et des Vosges du mardi 11 août 1840 :
..- Le bateau à vapeur l'Austrasien , attendu à Nancy depuis le commencement de ce mois, vient d'éprouver un retard depuis plus de huit jours au bief de partage du canal des Ardennes, obstrué par un grand nombre de bateaux de charge arrêtés sur les vases faute d'eau, et qui réclamaient la priorité du passage sur l'Austrasien. Grâces à M. l'ingénieur en chef, appelé sur les lieux, cette difficulté a été levée, et l'Austrasien est entré dans la Meuse le 3 de ce mois.
..Parti de Nantes le 12 juillet, pour parcourir près de 500 lieues de rivières et de canaux, avant d'arriver à sa destination, il a surmonté de grandes difficultés sur le canal d'Orléans et sur l'Aisne ; il l'a emporté par sa marche sur tous les bateaux à vapeur de la Seine qu'il a rencontrés, et n'a plus qu'à descendre la Meuse jusqu'en Hollande et remonter le Rhin. Moins de huit jours lui seront nécessaires pour accomplir cette dernière partie de son voyage qui sera faite en pleine vapeur ; mais on nous annonce que la compagnie des bâtiments à vapeurs de la Meuse, qui a traité avec M. Gache pour plusieurs bateaux, se propose d'offrir une fête à cet habile constructeur, à son passage à Liége. Pour peu qu'il y soit retenu, ainsi qu'à Coblentz, où la compagnie du Rhin lui prépare aussi une ovation, nous ne devons pas espérer le voir arriver à Nancy avant le 20 août.
Le Journal
de la Meurthe et des Vosges du vendredi 21 août 1840 :
..- La Gazette de Metz annonce que le bateau à vapeur l'Austrasien est arrivé le 17 au port Chambière. Ce bateau était parti de Trèves, le même jour au matin.
Le Journal
de la Meurthe et des Vosges du dimanche 23 août 1840 :
Voyage de l'AUTRASIEN.
..Le bateau à vapeur l'Austrasien a fait hier un voyage d'essai de Metz à nancy. Il a touché au débarcadère du Crosne à 3 heures et demie, après avoir surmonté tous les obstacles que présente l'état de notre rivière. Il a été salué par la foule qui couvrait les deux rives de la Meurthe et le pont de Malzéville, et est reparti une demi-heure après pour retourner à Metz. La Gazette de cette ville nous donne, sur le trajet qu'il a fait de Nantes à Metz, les détails suivants qui intéresseront sans doute nos lecteurs.
..Le bateau à vapeur l'Austrasien, qui doit en toute saison faire le service Metz à Trèves, est arrivé lundi dernier dans notre ville, après un voyage incompréhensible par toutes les difficultés qu'il avait à vaincre, et admirable par tous les obstacles qu'il a surmontés avec une facilité prodigieuse.
..Il y a peine un mois, ce bateau, à la forme si gracieuse, et qui ressemble plutôt à une élégante pirogue qu'à un de ces lourds bâtiments qui naviguent sur nos fleuves, sortait des ateliers de M. Gache aîné à Nantes. Il a remonté la Loire jusqu'à Orléans en saluant ses frères qui la couvrent. Par le canal de Loing, il a gagné la Seine, s'est amarré en face de Tuileries, est entré dans l'Oise, puis dans l'Aisne, et de là s'est engagé dans le canal des Ardennes, où il a trouvé cinquante-cinq écluses qu'il a traversées, sans compter les cinquante-trois écluses du canal d'Orléans. Alors la Meuse l'a vu sillonner ses eaux étonnées ; les populations se sont pressées sur son passage ; elles ont eu des applaudissements et des vivats pour cette société des Inexplosibles, qui à résolu un problème jusqu'alors insoluble. De Sedan à Venloo, ce hardi bateau a affronté tous les dangers d'une navigation encore inexplorée ; il s'est jeté dans le Rhin où, par la vitesse et la supériorité de sa marche, il a prouvé aux plus gros bâtiments à vapeur qui font le service de ce beau fleuve, qu'il savait aussi bien résister aux grandes eaux que manoeuvrer dans les plus basses. Il a partout sur sa route recueilli les témoignages les plus vifs de l'empressement et de l'admiration ; puis à Coblentz il est entré dans la Moselle.
..Là renaissent des difficultés prequ'aussi multipliéess que dans la Meuse, difficultés qu'accroissaient encore la rapidité des courants, le peu de profondeur de l'eau et une infinité de rochers entre lesquels il fallait se glisser. De toutes les villes et tous les villages voisins, les populations étaient accourues. C'était pour elles un jour de fête et d'espérance, car si cette tentative qu'elles encourageaient de leurs voeux réussissait, n'était-elle pas pour les rives si poétiques et si peu connues de la Moselle une fortune dont chacun devait avoir sa part ? N'ouvrait-elle pas de nouveaux débouchés au commerce, des sources fécondes de jouissances aux curieux, aux artistes et aux voyageurs, qui ne connaissent même pas par tradition tous les sites gracieux ou sévères, toutes les ruines immenses et les richesses de l'art et de la nature que renferment les bords de la Moselle ?
..L'Austrasien a rempli la tâche qu'il s'était imposé. Rien n'a pu suspendre sa marche. Depuis son départ de Coblentz, il a toujours été contrarié par les vents et par les courants, mais il a toujours tenu tête aux obstacles, toujours avancé comme ci ces obstacles n'étaient pour qu'un stimulant de plus. Ses matelots ne connaissaient pas la rivière. Il avait à lutter contre des impossibilités matérielles, que la crainte de le voir écjouer dans son entreprise faisait prédire à chaque pas, et cependant il est arrivé. Parti de Trèves lundi matin, à six heures, il a été obligé de suspendre sa marche parce qu'un épais brouillard s'est élevé presque au sortir de cette dernière ville. Une triple ligne de douanes hollandaise, prussienne et française l'a arrêté quelques heures pour des formalités indispensables, et malgré tous ces retards, malgré une tempête comme en voit rarement en cette saison, il était à quatre heures et demie à Thionville. Il serait sans contredit arrivé à Metz vers sept ou huit heures lorsque le pilote qui gouvernait l'engagea à Olgy dans l'ancien passage. L'administration a fait faire depuis peu de jours un nouveau chenal de l'autre côté de l'île. L'eau manquait à l'Austrasien ; la nuit était sombre, la pluie tombait par torrents, et malgré quelques pouces d'eau qui lui restait à prendre, il marchait encore, lorsqu'un riverain se jeta dans la rivière pour le prévenir qu'il n'avait pas pris la bonne route. L'Austrasien battit en arrière, parvint au chenal dont ses matelots ignoraient l'existence, et à dix heures il était sous la ville, en Chambière.
..Ce retard involontaire, et qui a dû prouver à tous nos concitoyens qui étaient à bord avec quelle facilité ce bateau se joue des obstacles, a privé les habitants de Metz du plaisir de voir arriver en plein jour dans leurs murs cet Austrasien si impatiemment désiré ; mais il a donné la mesure de ce que pouvait ce premier bateau qui réalise tant d'espérances, et il a rassuré les plus incrédules sur un essai qu'aucune autre société n'aurait osé tenter.
..Aujourd'hui la Moselle, elle aussi, a sa navigation par la vapeur à tout jamais assurée. Les Inexplosibles ont résolu le problème, et l'Austrasien qui, dans ce moment, fait l'objet de la curiosité générale, a exécuté le plus beau et le plus difficile voyage que jamais bateau ait tenté.
.......(Gazette de Metz)
Le Journal
de la Meurthe et des Vosges du vendredi 18 septembre 1840 :
Le Journal
de la Meurthe et des Vosges du jeudi 24 septembre 1840 :
CONSEIL GÉNÉRAL.
SESSION DE 1840.
Navigation de la Moselle.
..Les travaux à exécuter dans la Moselle pour l'amélioration de sa navigation, ont pour but de faire disparaître les hauts fonds en les soumettant à l'action du courant resserré entre des digues longitudinales submersibles. L'expérience de ce mode de travaux mis à exécution dans le département de la Moselle, a parfaitement réussi ; et comme cette rivière se trouve dans notre département, depuis Frouard, dans les mêmes conditions que dans celui où elle continue son cours, on peut compter sur un égal succès dans ces travaux.
..Depuis la limite de la Moselle jusqu'à Frouard, où cette ligne navigable s'embranchera sur le canal de la Marne au Rhin, au moyen de trois écluses, il y a 38 kilom., comprenant une partie du cours de la Meurthe sur 2,500 mètres, et le long desquels les travaux susdits seront exécutés. des digues, chemins et arches de halage sont déjà en cours d'exécution.
..La navigation de la Moselle, au lieu d'être une impasse dans notre département, y prendra toute l'importance et toute l'activité que ne peuvent manquer de lui communiquer les relations commerciales de Metz et de la basse Moselle avec Paris et les départements du Rhin, des Vosges et de la Meurthe.
Le Journal
de la Meurthe et des Vosges du vendredi 16 octobre 1840 :
..- Les vendanges sont terminées sur tous les points de notre département, et généralement on est satisfait sous le double rapport de la quantité et de la qualité.
Le Journal
de la Meurthe et des Vosges du samedi 24 octobre 1840 :
..- Par ordonnance du 1.er octobre, ont été nommés sous-lieutenant dans divers régiments, les jeunes gens dont les noms suivent, sortant de l'école de St.-Cyr, et appartenant (un seul excepté) à la ville de Nancy : .../... ; Maguin (Joseph-Eugène), de Pompey, 5.e léger ; .../...
Le Journal
de la Meurthe et des Vosges du mardi 5 novembre 1840 :
..- Une fête intéressante et dont la politique n'a pas fait les frais, a eu lieu dimanche, 1.er novembre, à Liverdun. MM. les ingénieurs et entrepreneurs des travaux du canal de la Marne au Rhin, sur le territoire de cette commune, voulant reconnaître le zèle et la bonne conduite des ouvriers employés sous leurs ordres, leur ont donné un banquet sous les voûtes même du souterrain qui vient d'être creusé. Les convives étaient, dit-on, au nombre de plus de deux cents.
Le Journal
de la Meurthe et des Vosges du samedi 21 novembre 1840 :
..- Nous recevons de l'un de nos plus honorables concitoyens les détails suivants sur l'état des travaux du canal de la Marne au Rhin, dans le département de la Meurthe.
..Les travaux du canal, commencés le 1.er août 1839, forment aujourd'hui une ligne non interrompue de 30,000 mètres (7 lieues et demie), entre le département de la Meuse et le pont-canal de la Moselle, à Liverdun. Il sera percé à Ferry et à Liverdun, deux souterrains. Le souterrain de Ferry, qui aura 860 mètres (près d'un quart de lieue) de long, est percé déjà sur une longueur de 522 mètres. Celui de Liverdun est percé sur toute sa longueur qui est de 400 mètres. La voûte de ce souterrain est achevé sur une longueur de 50 mètres. Le souterrain de Ferry sera probablement achevé pour l'année 1842, celui de Liverdun sera terminé vers la fin de l'année prochaine.
..La fin des travaux de percement du souterrain de Liverdun a été signalée par une fête intéressante. Un banquet vraiment patriotique, a réuni, dans la partie voûtée du souterrain, les ingénieurs, les employés des ponts et chaussées attachés au canal, et les ouvriers qui, sous leur direction intelligente, ont accompli ce gigantesque travail. Deux ingénieurs en chef présidaient cette fête de famille, dans laquelle ont été portés des toasts sans analogie aucune avec ces clameurs irritantes qui ne retentissent qutrop souvent dans d'autres réunions. Aux ouvriers ! Aux chefs qui dirigent leurs travaux et partagent leurs dangers ! - Au travail ! - Tels sont les principaux toasts qui ont été portés et sympathiquement accueillis par tous les membres de cette réunion cordiale.
..La correspondance dans laquelle nous puisons ces détails, ajoute les considérations pleine de sens et d'élévation qui suivent :
..<< Quand je contemple nos bons mineurs de Liverdun et leurs chefs qui travaillent jour et nuit, pour doter la France d'utiles et magnifiques travaux, je me demande encore ce que sont auprès de ces hommes actifs et laborieux, ceux qui profanent dans l'orgie les mots sacrés d'HONNEUR ET PATRIE ?
..N'en doutons pas, nos ouvriers de Liverdun sauraient aussi, comme toute la classe laborieuse qui travaille et produit en silence tout ce qui doit consourir à la prospérité du pays, tenir un fusil comme ils manient leurs utiles instruments. Leurs mains calleuses cueilleraient aussi des palmes guerrières au bruit d'hymnes patriotiques, et ces coeurs intrépides qui affrontent un danger permanent dans les entrailles de la terre, battraient aussi d'un saint enthousiasme pour la patrie au jour de ses dangers.>>
..Ces paroles expriment dignement une vérité malheureusement trpo méconnue aujourd'hui, même par de fort bons esprit. C'est que la force véritable de la France réside dans les classes pésibles et laborieuses qui ne paraissent pas dans les démonstrations tumultueuses que l'on donne audacieusement pour l'expression du voeu national. Nous ajouterons que si jamais notre beau pays marchait à sa décadence, il le devrait aux bavards oisifs, aux agitateurs ambitieux et cupides qui semblent n'avoir d'autre mission que de paralyser les forces vives de la nation.
..............................................................................(Indépendant de la Moselle.)
Le Journal
de la Meurthe et des Vosges du dimanche 13 décembre 1840 :
..- Le bateau à vapeur l'Austrasien doit commencer lundi, 14 courant, son service entre Metz et Nancy et le continuer jusqu'à la fin de la saison. Au printemps prochain, le matériel sera complet, et aucun obstacle ne privera désormais les habitants des deux villes de ce moyen de transport commode, rapide et économique.
..L'Austrasien arrivera à Nancy demain lundi, 14 du courant, à 4 heures et demie du soir, et en repartira le mardi, 15, à 9 heures.