Blason de Pompey permettant le retour à la page d'accueil Blason de Pompey permettant le retour à la page d'accueil Le quotidien dans la presse de 1841

 

 

 

Le Journal
de la Meurthe et des Vosges du samedi 2 janvier 1841:

..- M. le préfet de la Meurthe vient d'adresser la circulaire suivante à MM. les maires du département.
................«Messieurs,
.. Les désastres qui, par suite d'une immense inondation, affligent plusieurs départements du royaume, vous sont connus, et de toutes parts la bienfaisance s'empresse, par des souscriptions volontaires, d'offir des secours aux malheureuses victimes de ce fléau.
.. Le département de la Meurthe n'est pas reté en arrière : déjà des sommes assez considérables ont été versées pour cette oeuvre pieuse dans les caisses publiques ; mais plusieurs communes m'ont exprimé le voeu d'y concourir par une allocation sur leurs fonds libres.
.. Tant que les budgets du prochain exercice n'étaient pas arrêtés, il m'était impossible d'accorder une adhésion générale à ce voeu bien faisant. Aujourd'hui, Messieurs, que les budgets de 1841 sont tous parvenus dans les communes, je vous autorise à réunir votre conseil en session extraordinaire, dans la première dixaine de janvier, pour donner suite à l'intention qu'il pourrait avoir de voter un secours quelconque en faveur des départements inondés.
.. Ce vote n'est possible que de la part des conseils municipaux qui ont des fonds libres ; mais j'ajouterai que les fonds destinés aux fêtes publiques étant consacrés en partie, et d'après l'exemple et le voeu toujours renouvelés du Roi, à des oeuvres de bienfaisance, j'approuverais les délibérations qui affecteraient par anticipation aux inondés un prélèvement sur l'allocation portée à l'article 79 du budget.
.. Recevez, etc.
...... Le préfet de la Meurthe, ..........L. ARNAULT. »

..- Dans une seconde circulaire, dans laquelle respire la plus intelligente sollicitude, M. le préfet engage MM. les maires à organiser un comité à l'effet de recueillir des souscriptions individuelles en faveur des victimes des départements inondés.
..« Quelque légère que soit l'offrande obtenue, dit notre premier magistrat, elle accroîtra les moyens de soulager des souffrances aggravées par les rigueurs de la saison. Vous pourriez, ajoute M. le préfet, vous entendre à cet égard avec M. le curé de votre commune, qui sans doute a reçu de l'autorité diocésaine des instructions analogues à celles que je vous adresse. Vos efforts réunis ne pourraient manquer d'obtenir des résultats aussi conformes aux voeux de l'humanité qu'à ceux de la religion, savoir : l'allègement d'une grande peine et d'une immense infortune. »

Le Journal
de la Meurthe et des Vosges du jeudi 14 janvier 1841 :

..- Ont voté des secours aux victimes des inondations les communes ci-après, savoir : Favières, 150 fr. ; Liverdun, 50 fr. ; Uruffe, 30 fr. ; Colombey, 50 fr. ; plus 207 fr. produit d'une collecte faite à domicile et 35 fr. d'une quête faite à l'église par M. le curé ; Thélod, 10 fr. ; Pompey, produit de deux quêtes faites par les soins de M. le curé, 150 fr.; .../...

 

Le Journal
de la Meurthe et des Vosges du vendredi 19 mars 1841 :

..- Dans la soirée du 17, un détachement de hussards en remonte arriva à Marbache où il devait loger, en vertu d'une feuille de route régulière. Le maire ne croyant pas que les instructions concernant les logements militaires fussent applicables à sa commune, qui n'est pas gîte d'étape, refusa le logement malgré les réclamations de l'officier commandant le détachement.
..Quelques propos ayant été tenus à cette occasion par un militaire, il est survenu entre les habitants et les soldats une collision qui, grâce à la conduite irréprochable de l'officier, s'est heureusement terminée sans accidents graves. L'autorité supérieure ayant été informée dans la nuit de ce qui se passait, se rendit immédiatement sur les lieux, à l'effet de prendre telles mesures que de droit et procéder à une enquête judiciaire. A son arrivée le calme était rétabli.

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..Nous avons assisté hier matin au départ d'un des bateaux à vapeur de la compagnie. L'Austrasien arrivé avant-hier soir à Nancy, a quitté hier matin le port de Crosne avec un assez grand nombre de voyageurs, et en présence d'un nombreux concours de notre population qui faisait des voeux pour le succès de cette belle et utile entreprise, à laquelle notre commerce devra un nouveau développement.

 

Le Journal
de la Meurthe et des Vosges du dimanche 21 mars 1841 :

Bateaux à vapeur

INEXPLOSIBLES DE LA MOSELLE.

Service de Nancy à Metz, de Metz à Trèves, correspondant avec Luxembourg, Coblentz et le Rhin.

..................................Départ à dater du 1.er mars :
..De Nancy pour Metz, mardi, jeudi, samedi, à 10 heures du matin ; de Metz pour Trèves, dimanche, mercredi, vendredi, à 8 heures du matin.
..Bureau à Nancy, rue des Carmes, en face l'hôtel du commerce. Une voiture partira du bureau central à 9 heures 1/2, pour conduire les voyageurs à l'embarcadère du Crône ; les effets devront être apportés avant 9 heures, ou prêts à 8 heures pour les faire prendre à domicile lorsqu'on en aura fait le demande. L'administration se charge du transport à ses frais.
..A dater du 1.er mai, les départs seront journaliers.

 

Le Journal
de la Meurthe et des Vosges du jeudi 25 mars 1841 :

..- Par une lettre publiée dans le Patriote du 23 mars, M. le maire de Marbache se plaint des quelques lignes de notre numéro du 19 de ce mois relatives à la fâcheuse collision provoquée dans sa commune par refus de logement à des militaires chargés de la conduite d'un convoi de remonte. Ce refus, dit-il, aurait eu pour cause une défense insérée à cet égard dans une circulaire préfectorale. La circulaire la plus récente adressée à MM. les maires au sujet des convois de remonte, se trouve au Recueil des actes administratifs de l'année 1837 n.° 21, page 213 ; elle porte textuellement :
..« Il est arrivé que des maires ont refusé le logement aux militaires des détachements de remonte, leur mission ne rentrant pas dans les prévisions du règlement, attendu qu'ils ne se rendent pas d'un lieu dans un autre, mais qu'ils séjournent dans les communes un nombre de jours indéterminé.
..A cet égard, M. le ministre de l'intérieur me charge de faire observer que le logement est dû aux militaires dont il s'agit, et que l'art. 100 du règlement du 20 juillet 1824, sur le logement des troupes, est formel à cet égard.
..Si donc des militaires en détachements de remonte viennent à passer ou à séjourner dans vos communes, vous aurez soin de leur faire fournir le logement qui leur est dû chez les habitants. »
..Il est inutile de rien ajouter à cette citation dont chacun peut vérifier l'exactitude.
..Quant aux autres faits énoncés dans la réclamation susdite de M. le maire, une enquête, qui sans doute motivera une poursuite, ayant eu lieu, les débats judiciaires et les jugements des tribunaux fourniront un moyen incontestable de les apprécier.

 

 

Le Journal
de la Meurthe et des Vosges du samedi 27 mars 1941 :

..- Dernièrement, la femme d'un ouvrier employé aux travaux du canal, à Liverdun, a reçu à la jambe, par suite de l'explosion d'une mine, une blessure tellement grave qu'elle a nécessité l'amputation. L'opération a été faite à l'hôpital Saint-Charles de Nancy, et supportée avec un rare courage par la blessée, qui n'est âgée que de 30 ans.

 

Le Journal
de la Meurthe et des Vosges du jeudi 22 avril 1841 :

..- Une lutte a éclaté dernièrement entre des Auvergnats et Allemands, employés aux travaux de construction du canal de la Marne au Rhin, à Liverdun. En voici les détails : A la suite d'une querelle occasionnée par la jalousie, les Allemands, armés de couteaux, attendirent les Auvergnats qui étaient munis de bâtons. Les premiers parcourant les rues dans toutes les directions, les Auvergnats les assaillirent et firent pleuvoir sur eux une grêle de pierres. Le lendemain, dimanche, dans l'après-midi, une nouvelle lutte éclata avec plus d'acharnement ; les Allemands, réunis en plus grand nombre, ayant musique et étendard en tête, furent de nouveau assaillis par les Auvergnats. Dans cette dernière affaire, le capitaine de la garde nationnale a reçu une blessure assez grave. Plusieurs carreaux ont été brisés, des portes enfoncées, une cour attenant à la maison de M. Florentin a été prise d'assaut. Pa suite des mesures prises par M. le maire et par M. l'adjoint, quelques arrestations ont été opérées.

 

Le Journal
de la Meurthe et des Vosges du samedi 24 avril 1841 :

TRIBUNAL DE POLICE CORRECTIONNELLE DE NANCY
.....Audience du 23 avril. - Affaire de Marbache.

..Le quasi-drame dont la commune de Marbache a été le théatre, dans la soirée du 17 mars dernier, est venu se dérouler hier devant le tribunal de police correctionnelle. Les débats ont donné le démenti le plus formel aux assertions de M. le maire de Marbache, publiées dans le numéro du Patriote du 23 mars, ainsi qu'aux allégations dirigées contre les militaires du 8.e hussards, que M. Parisot, en les armant de massues, avait transformés en sauvages de la Nouvelle-Zélande. Ils ont montré, en outre, que nous avions été bien informé et que c'était justement que nous avions blâmé la conduite de M. le maire. Pour l'en convaincre, nous voudrions pouvoir reproduire textuellement les paroles dont M. leprésident et l'organe du ministère public se sont servis pour flétrir le rôle qu'il a joué dans la soirée du 17 mars.
..« Le maire de Marbache, a dit M. le substitut du procureur du roi, a manqué non seulement à tous les devoirs que lui imposaient ses fonctions, mais encore aux simples lois de l'humanité. »
..En effet un détachement du 8.e hussards conduisant des chevaux de remonte à Lunéville, arrive le 7 mars pour coucher à Marbache. Le commandant de ce détachement, M. le lieutenant Piétrequin, se rend chez M. le maire et lui présente la feuille de route qui l'autorisait à s'arrêter à Marbache, et en conséquence cet officier demande des billets de logement pour ses hommes. M. le maire allègue que sa commune n'est point un gîte d'étape et qu'il ne délivrera pas de billets de logement. Fort de son droit, M. Piétrequin fait de vives instances, auxquelles le maire oppose un refus positif, déclarant qu'il ne cédera qu'à une injonction de l'autorité compétente. Aussitôt le maréchal-des-logis de Nansouty, sur l'ordre de son lieutenant, monte à cheval et court à Nancy, dont il rapporte quelques heures après un ordre signé de M. Vertel, sous-intendant militaire, ordre qu'il s'empresse d'aller mettre sous les yeux du maire ; mais rien ne peut convaincre l'obstination de ce magistrat. Le chef du détachement se voit contraint de loger, tant bien que mal, ses hommes dans l'auberge du sieur Lalance. Pendant ces pour-parler, quelques hussards se répandirent dans la commune, et deux d'entre eux, qui s'étaient énivrés dans un cabaret, proférèrent devant la maison d'un sieur Guerpont, des menaces contre le maire, dont ils se proposaient, disaient-il, de brûler la maison, et qu'ils voulaient pendre à sa cheminée et le faire rotir comme un hareng saur.
..Ces menaces, qui ne furent suivies d'aucun commencement d'exécution, furent recueillies par un sieur Masson, meunier, gendre du maire. Au moment même, les deux hussards, rencontrés par le brigadier Rivaud, reçurent de lui l'ordre de se rendre à l'auberge du sieur Lalance. Après quelques difficultés, ils obéirent à l'injontion de leur chef. Mais assaillis alors par plusieurs habitants, ils sont vigoureusement poussés jusqu'à l'auberge. Trois ou quatre hussards entendant les clameurs de la foule et les menaces proférées contre leurs camarades, sortent de l'auberge pour leur prêter main forte. C'est alors qu'une lutte s'engage et que deux hussards sont maltraités et blessés. Le maréchal-des-logis de Nansouty, accouru pour interposer son autorité, est saisi au collet par Masson et renversé. Ce sous-officier, exapéré, rentre dans la salle à manger et s'élance sur le sabre que son lieutenant avait déposé sur un meuble, et s'en emparant malgré les efforts de ce dernier, qui n'en peut retenir que le fourreau, s'élance à la rencontre des agresseurs et en frappe deux.
..Furieux, les habitants, dont le nombre n'avait fait que grossir, envahissent la maison, armés, de bâtons, de lances, de hallebardes et de haches ; l'un d'eux même était porteur d'un fusil, car un coup en fut tiré. On n'a pu savoir si c'est en l'air ou non que cette arme a été déchargée, car, en raison de l'heure avancée, huit heures du soir, il faisait nuit. Pendant ce temps, la générale était battue dans le village et le tocsin appelait chacun à venir combattre l'ennemi commun, selon l'étrange expression de M. le maire ; bientôt l'auberge du sieur Lalance fut bloquée et un corps-de-garde établi dans la cour.
..M. le lieutenant Piétrequin, dont la modération et la prudence ont reçu l'audience, de la bouche de M. le président, l'éloge le plus juste et le mieux mérité se présenta pour parlementer, protestant des intentions pacifiques de ses hussard, et promettant de punir ceux qui avaient proféré des injures contre le maire ; mais on ne lui répondit que par des menaces et des injures ; on fut même jusqu'à le qualifier de chef de brigands. La fille de la maison, craignant pour les jours de cet officier, le fit passer ainsi que le maréchal-des-logis, dans une chambre située derrière la maison et donnant sur le jardin. Appréciant toute la gravité de la position, M. Piétrequin donna l'ordre au maréchal-des-logis de Nansouty de partir à l'instant même pour Nancy et de rendre compte de ce qui se passait au général commandant la subdivision. Pour gagner la route, M. Nansouty fut obligé de franchir les murs du jardin. Cependant, le 18 au matin, le blocus de l'auberge Lalance fut levé et le détachement put quitter le village ; mais il y rentra bientôt, ayant rencontré à peu de distance M. le préfet, M. le procureur du roi et M. le juge d'instruction, qu'accompagnaient des détachements de la garnison de Nancy.
..Tels sont les faits qui amenaient sur le banc de la police correctionnelle le sieur Masson, que les dépositions des hussards signalaient comme ayant été à la tête des assaillants et ayant frappé le maréchal-des-logis.
..M. Gillet, substitut du procureur du roi, après avoir déversé le blâme le plus énergique sur la conduite du maire, a insisté sur la culpabilité du sieur Masson et a requis contre lui l'application de l'article 230 du code pénal.
..M.e d'Ubexi, défenseur de Masson, a cherché à établir que les habitants n'avaient fait que répondre aux provocations des hussards et que son client, en particulier, comme gendre du maire, avait dû craindre pour la personne de son beau-père l'effet des menaces des militaires ; que, dans la lutte, il n'avait pas frappé le premier ; qu'enfin il n'était pas plus coupable que tous ceux qui avaient pris part aux actes d'agression dirigés contre les hussards.
..Après vingt minutes de délibération, le tribunal, considérant que, sans provocation, Masson s'est porté sur la personne du maréchal-des-logis Nansouty et celle de deux hussards, à des violences desquelles il est résulté des blessures ; lui faisant application des dispositions de l'article 311 du code pénal, le condamne à un mois de prison et aux frais.

 

Le Journal
de la Meurthe et des Vosges du lundi 26 avril 1841 :

..- Les deux derniers des quatre bateaux à vapeur qui doivent faire le service de la Moselle entre Nancy et Trèves, sont arrivés à Metz le 22 avril, à six heures du soir. Le Fabert et le Stanislas, après avoir salué la ville de leur canon, se sont mis en panne devant la préfecture. On peut donc espérer que sous peu le service sera journalièrement établi entre Metz et Nancy, Metz et Trèves.
..L'inauguration du bateau à vapeur le Stanislas aura lieu jeudi prochain, à neuf heures et demie du matin, à l'embarcadère du Crosne.
..Jeudi, 29 courant, le service de l'omnibus sera interrompu au bureau du départ de Bonsecours jusqu'à midi 20 minutes en raison de l'inauguration du bateau le Stanislas. De quart d'heure en quart d'heure, un omnibus partira du bureau central du Pont-Moujà pour aller au Crosne, lieu de fête.

 

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DÉPARTEMENT DE LA MEURTHE.

Adjudication de Travaux,

A exécuter pour le compte de la commune de Pompey.

..Le maire de Pompey prévient le public que le dimanche, 9 mai prochain à midi, en la salle communale, il sera procédé, à l'assistance de son adjoint, d'un membre du conseil municipal et de l'architecte rédacteur du devis, à l'adjudication au rabais des ouvrages à exécuter pour le compte de cette commune, savoir :
..Construction de cassis en pavé de moëllons dans les rue du village, avec empierrement entre ces cassis et pour placer deux pierres-auges pour servir de lavoir près de la grande fontaine du milieu du village.

CONDITIONS PRINCIPALES :

..Aucune personne ne sera admise à faire des rabais si elle ne présente une solvabilité suffisante et ne possède les connaissances nécessaires pour l'espèce de travaux mis en adjudication.
..La solvabilité sera constatée par un certificat du maire du domicile des miseurs, énonçant la quotité de leurs contributions. La capacité sera prouvée par un certificat délivré collectivement par la commission des bâtiments civils, attestant expressément que le porteur a convenablement exécuté des travaux analogues et qu'il a les connaissances spéciales qu'ils exigent. La patente d'entrepreneur devra être présentée. L'adjudicataire sera tenu de fournir, dans les vingt-quatre heures, une caution dont la solvabilité sera connue et domiciliée dans l'arrondissement de Nancy. Il sera donné, à la mairie, communication des devis, état estimatif et plan, ainsi que du cahier des charges qui règle les clauses et conditions de l'adjudication.
.................................Pompey, le 21 avril 1841.
..............................................Le maire de Pompey,......Martel.

 

Le Journal
de la Meurthe et des Vosges du vendredi 30 avril 1841 :

INAUGURATION DU BATEAU A VAPEUR INEXPLOSIBLE LE STANISLAS

..Hier, dès neuf heures du matin, par un temps magnifique, le pont de Malzéville, les deux rives de la Meurthe, nous pourrions ajouter la rivière elle-même, était couverts d'une foule immense, accouru pour assister à une cérémonie aussi nouvelle qu'intéressante pour nos populations, l'inauguration du bateau à vapeur le Stanislas

..L'Austrasien qui, depuis quelque temps déjà, fait le service de Nancy à Metz et Trèves, était à l'ancre, près du Stanislas, dans le port du Crosne. Le premier de ces steammer était monté par l'aristocratie de nos dames les plus élégantes et par la musique du 7.e léger qui n'a cessé de se faire entendre pendant la solennité. L'autre bateau portait, sous une tente disposée à cet effet, M.gr l'évêque de Joppé, coadjuteur de Nancy, accompagné de plusieurs membres de son clergé, M. le préfet du département, M. le général commandant la subdivision, M. le maire de Nancy et ses adjoints, M. le directeur de la compagnie des Inexplosibles, plusieurs de MM. les actionnaires ainsi qu'un grand nombre de personnes conviées à cette fête du commerce et de la civilisation.
..L'artillerie des bateaux se fit entendre, et les prières de la bénédiction furent prononcées, au milieu d'un religieux silence, par M.gr l'évêque-coadjuteur. Le prélat les a fait précéder d'un discours que son étendue ne nous permet pas de mettre aujourd'hui même sous les yeux de nos lecteurs.

..M. le préfet de la Meurthe a pris ensuite la parole et a adressé l'allocution suivante à MM. les fondateurs et actionnaires de la compagnie des Inexplosibles :
...................« Messieurs,
..La solennité qui nous réunit se rattache à de bien hauts intérêts. Importées au milieu de nous par des hommes nonorables que n'ont arrêtés ni la grandeur des dépenses ni le nombre des obstacles, ces machines ingénieuses qui rapprochent les distances par la vitesse flottent enfin sur notre humble rivière ; et grâce à l'habileté des navigateurs la Meurthe est désormais navigables.
..Qu'ils reçoivent nos voeux qu'ils jouissent de nos remerciements.... est-il rien de plus recommandable, est-il rien de plus digne de succès qu'une entreprise qui ne prospère que par son utilité ?
..D'heureuses tentatives ne laissent plus de doute sur l'avenir de ce nouveau moyen de navigation. Nancy et Metz ne seront bientôt plus qu'une même cité ; nos rapports avec les états étrangers deviendront plus prompts, moins dispendieux, plus actifs : les cours d'eau navigables sont non-seulement entre les villes, mais entre les peuples, des communications que la nature elle-même a tracées ; et perfectionner les moyens de les parcourir, ce n'est pas moins travailler aux développements du commerce qu'aux progrès de la civilisation.
..Et vous qui venez de bénir ce bateau que décore le nom du bienfaiteur de la Lorraine, vous avez dignement rempli votre auguste et saint ministère, car il est beau de mettre ainsi sous la protection de Dieu ce qui doit si puissamment contribuer à la richesse, au bonheur et à la fraternité des hommes.»

..M. le maire de Nancy, au nom de la cité, a fait entendre aussi des paroles de reconnaissance et d'encouragement pour l'utile entreprise dont vient d'être doté notre pays.

..« MESSIEURS, a dit M. le maire, c'est avec un plaisir mêlé d'un juste orgueil, que nous habitants de la ville de Nancy, sommes appelés à constater, au milieu de cette belle et touchante cérémonie, les progrès d'une industrie devant laquelle, de jour en jour, semblent reculer tous les obstacles.
..Jusqu'ici, c'était inutilement pour la prospérité de notre ville, que la Meurthe coulait au pied de ses murs. A peine servait-elle au flottage de quelques trains de bois et aux rares arrivages de petits bateaux.
..Le développement des arts industriels ouvrait en vain, sur d'autres points, de nouvelles voies de communication : la Meurthe paraissait se refuser à toute amélioration.
..Mais, est-il des difficultés insurmontables pour le génie hardi et la volonté toute-puissante de l'homme.
..Aujourd'hui, la Meurthe a aussi son bateau à vapeur. Il n'existe que depuis quelques jours, et déjà il peut satisfaire en partie au besoin qu'éprouvaient les deux villes de Metz et de Nancy de nouer entre elles des relations plus nombreuses et plus fréquentes.
..Reposons-nous en sur la haute intelligence et sur les efforts des hommes honorables qui ont conçu l'idée de cette entreprise éminemment patriotique, pour y apporter tous les perfectionnements dont elle est susceptible. Les encouragements du gouvernement et l'appui de l'administration ne leur manqueront pas pour les aider à les réaliser.
..Aussi, n'en doutons pas, ce service aura incessamment acquis, entre leurs mains habiles, une suite et une régularité qui ne laisseront rien à désirer.
..Alors disparaîtra l'intervalle qui sépare encore Metz et Nancy, et ces deux soeurs, heureuses et fières de se donner la main, béniront de concer ce triomphe inespéré de la science.
..Alors Nancy tournera aussi ses regards vers le Nord et l'Allemagne ; de nouveaux débouchés s'ouvriront à son commerce, et il est difficile de prévoir jusqu'où pourra s'étendre son essor.
..C'est donc un devoir, comme c'est un bonheur pour nous, de remercier, au nom de la ville de Nancy, les administrateurs du bateau le Stanislas, des immenses avantages dont notre cité leur sera redevable.
..A eux aussi, nos vifs remerciements, pour avoir donné à ce magnifique bateau un nom que nous ne pouvons prononcer qu'avec émotions, un nom qui rappelle un roi si grand par ses bienfaits.
..Ah ! n'en doutons pas, c'est Stanislas qui, tout le premier, eût voulu mettre le comble à ses innombrables actes de générosité, en dotant sa bonne ville de Nancy de la navigation à la vapeur, si, sous le règne qu'il a illustré, la science eût déjà fait la conquête de cette merveilleuse découverte.
..Honneur donc ! honneur au génie industriel qui vient compléter l'oeuvre du prince bienfaisant ! il ne pouvait inaugurer une invention plus admirable et plus utile sous le patronage d'un nom plus glorieux et plus cher aux Nancéïens. »

..Après une nouvelle salve d'artillerie, le Stanislas et l'Austrasien descendirent la Meurthe jusqu'à Champigneulles et revinrent bientôt se ranger près du débarcadère du Crosne dont ils partiront alternativement tous les jours, le service devant, à dater du 1.er mai, être quotidien.

 

Le Journal
de la Meurthe et des Vosges du dimanche 2 mai 1841 :

Étude de M.e GUIBAL, avoué à Nancy

VENTE

PAR AUTORISATION DE JUSTICE

Adjudication préparatoire.

..Le jeudi, 27 mai 1841, à onze heures du matin, en l'étude et par le ministère de M.e MILLOT, notaire à Nancy, commis à cet effet par jugement du tribunal de première instance de la même ville, en date du dix février 1841, il sera procédé à l'adjudication préparatoire

ET EN VINGT-DEUX LOTS,

DES IMMEUBLES

Ci-après désignés, savoir :

Terres labourables, ban de Pompey

..1.° Seize ares trente deux centiares à la Vaux, entre le chemin et le ruisseau, estimés 440 fr.
..2.° huit ares seize centiares même canton, entre Enclin, de Frouard, et les héritiers Foller, estimés 146 fr. 88 c.

Prés et jardins, ban de Frouard.

..3.° Vingt ares quarante centiares de pré, à la prairie de l'Ambanie, à la cinquième coupe, entre MM. de Thiballier et Maguin, y compris 3 mètres 72 centimètre de large sur la longueur, à prendre entre MM. Baudinet et de Thiballier, estimés 734 fr. 40 c.
..4.° Vingt ares quarante centiares de pré à l'Ambanie de Frouard, à la quatrième coupe, ou le quart de la pièce, entre Alexis Pailler et Pierson, estimés 734 fr. 40 c.
..5.° Quatre ares huit centiares de jardin, dit en Deux-Vaux, entre le Ruisseau et les aboutissants, estimés 36 fr. 72 c.

Vignes, ban de Pompey.

..6.° Cinq ares dix centiares lieu dit aux Chènevières, entre François et Martel, estimé 431 fr. 10 c.
..7.° Cinq ares soixante-six centiares à la Croix-Pillard, entre Nicolas-François Benoît, et Charles Viriot, estimés 226 fr. 40 c.
..8.° Six ares douze centiares lieudit aux Cunières, entre Lapierre et le sentier, estimés 385 fr. 56 c.
..9.° Deux ares cinquante-cinq centiares, au Jeté, entre François Dupal, aîné, et Joseph Hymonet, estimés 114 fr. 75 c.
..10.° Six ares douze centiares lieudit aux plante-de-Jeté, entre le sentier et les héritiers Foller, estimés 175 fr. 50 c.
..11.° Trois ares cinquante-sept centiares, lieudit au Mont-Sara, entre Nicolas Fauconnier, l'aîné, et Charles Pailler, estimés 278 fr. 50 c.
..12.° Trois ares six centiares, derrière Saint-Anne, entre M. Maguin et Joseph Heymonet, estimés 122 fr. 40 c.
..13.° Cinq ares dix centiares, aux Drevelles, entre Martel et veuve Motel, estimés 183 fr. 60 c.
..14.° Trois ares six centiares, lieudit Sur-la-Fontaine, entre François Briot et Claude Viriot, estimés 94 fr. 80 c.
..15.° Trois ares six centiares, au Vert-Poirier, entre François Dupal, l'aîné, et Nicolas Dupal, le cadet, estimés 137 fr. 70 c.
..16.° Deux ares quatre centiares, aux Blanches-Pierres, entre Saulier et le chemin, estimés 91 fr. 20 cent.
..17.° Deux ares quatre centiares, aux Commanderies, entre françois Pierson, estimé 56 fr. 72 c.

Vignes, ban de Frouard.

21.° Six ares soixante-trois centiares, aux Bréguenens, entre divers propriétaires, estimés 179 fr.
22.° Et six ares soixante-trois centiares, à la Croix entre Robert et D'Apremont, estimés 179 fr. 1 c.
..Total des estimations, 5,260 fr. 83 c.
..Cette vente se poursuit aux requête et diligence de dame Agathe-Elisabeth Lucot, veuve du sieur Charles-Christophe Pailler, elle propriétaire demeurant à Pompey, agissant en qualité de tutrice nommée par justice à dame Marie-Françoise Pailler sa fille, interdite, épouse du sieur Louis Didelon, ancien cultivateur, aujourd'hui sans profession, demeurant à Frouard, ladite dame Didelon étant à l'hospice de Maréville ; laquelle dame, veuve Pailler a constitué pour son avoué M.e Charles-Eugène GUIBAL, licencié en droit, exerçant au tribunal civil de Nancy et demeurant en ladite ville, rue des Quatre-Églises, n.° 50.
..Cette vente a été autorisée par délibération du conseil de famille de l'interdite, prise sous la présidence M. le juge de paix du canton de Nancy, en date du 4 février 1841, homologuée par jugement du tribunal avant dit, rendu le 10 du même mois.
..Elle aura lieu, en présence du sieur Etienne Pailler, subrogé tuteur de la même interdite, sur les estimations qui précèdent, lesquelles ont été faites par les sieurs Lamy et Philippot, tous deux de Custines, et Mangin, de Maxéville, experts nommés par le jugement pré-rappelé du 10 février 1841.
..S'adresser pour plus amples renseignements, soit en l'étude de M.e MILLOT, notaire à Nancy, rue des Dominicains, dépositaire du cahier des charges, soit en celle de M.e GUIBAL, avoué à Nancy, rue des Quatres-Eglise, n.° 50.

 

Le Journal
de la Meurthe et des Vosges du jeudi 6 mai 184 :

..- Un événement terrible est arrivé avant-hier, dans le souterrain creusé à Liverdun pour le passage du canal de la Marne au Rhin. Par suite d'un éboulement de rochers, deux ouvriers ont été écrasés et plusieurs dangereusement blessés.

 

Le Journal
de la Meurthe et des Vosges du lundi 2 août 1841 :

..- Encore une affreuse catastrophe que nous avons à signaler. On mande de Liverdun que, samedi, à neuf heures du matin, le local contenant la poudre destinée à charger les mines qu'on fait jouer pour le percement du canal, a sauté. On ne sait encore par quelle cause. Par suite de l'explosion, cinq ouvriers ont perdu la vie, un grand nombre ont été blessés.
..La détonation a été entendue dans la prairie de Nancy. - Nous n'avons pas encore de détails.

 

Le Journal
de la Meurthe et des Vosges du mercredi 4 août 1841 :

..- Les renseignements qui nous sont parvenus sur l'événement de Liverdun portent à quatre le nombre des victimes immédiates de l'explosion ; elles ont été horriblement mutilées, et leurs membres épars retrouvés à une assez grande distance de la loge où était renfermée la poudre à la quantité de 160 à 170 kilogrammes. Cinq autres personnes ont été blessées très-grièvement. On s'accorde à attribuer cet affreux accident à l'imprudence d'un ouvrier qui serait entré avec une pipe allumée dans la poudrière.

 

Le Journal
de la Meurthe et des Vosges du mardi 7 septembre 1841 :

..- Un incendie, qui a éclaté à Pompey, dans la nuit de dimanche à lundi, a consumé en totalité une maison et ce qu'elle contenait ; la femme Beaudoin, qui habitait cette maison, ayant voulu sauver son linge, a péri dans ce désastre, et un jeune homme a eu la jambe cassée. C'est grâce à l'empressement et au zèle, on ne peut plus louable, des pompiers de Frouard et de Custines, qu'on a pas à déplorer de plus grands malheurs. Nous sommes vraiment étonnés qu'une commune aussi importante que l'est Pompey, n'ait pas de pompe à incendie.

 

Le Journal
de la Meurthe et des Vosges du jeudi 9 septembre 1841 :

.......................................................Pompey, le 6 septembre 1841.
.......................Monsieur le Rédacteur,
..Les habitants de Pompey, soussignés, vous prient de vouloir bien insérer la note qui suit dans votre estimable journal :
..Dans la nuit du 5 au 6 septembre, la commune de Pompey et celles environnantes ont été réveillées en sursaut par un incendie dont on n'a pas encore vu d'exemple dans cette commune. La maison de la veuve Bertrand a été réduite en cendres dans l'espace de trois heures, et par un vent qui faisait craindre pour le quartier, dont toutes les habitations renfermaient du foin et des céréales.
..Nous ne pouvons trop louer l'empressement qu'ont mis les habitants de Custines, ayant à leur tête leur respectable curé et leur maire, M. Lamy, à venir nous porter secours avec leur pompe à incendie. Nous prions également les autorités de Frouard et de Bouxières-aux-Dames de recevoir nos remerciments.
..MM. Courtois père et fils, de Frouard, sont dignes d'éloges, ainsi que M. le curé de Custines, qui a travaillé depuis le commencement jusqu'à la fin.
..Comme dans toutes les occasions, il y en a qui ont eu la lâcheté de se tenir chez eux et de ne point porter secours ; mais, en revanche, on a vu avec admiration les fils Favier, du Châlet de Frouard, traînant à leur suite leur pompe à incendie, ainsi que les fils de M. Maguin, de Pompey, qui se sont fait remarquer de tous les habitants.
..Plusieurs locataires de la maison dans laquelle le feu s'est manifesté, entre'autres le sieur Benoit, sont réduits à la plus grande misère, n'ayant ni pain, ni argent, ni linge, ni même aucun logement ; ils ne savent que devenir.
..Beaucoup de personnes ont été blessés, mais ce qu'il y a de plus déplorable encore, c'est la fin malheureuse de la femme Beaudoin, qui a été retrouvée en cendres.
..Nous ne terminerons pas sans remercier les autorité civiles et militaires de Nancy, qui se sont empressées de nous porter secours. Sans la promptitude de ces secours, le joli villagde de Pompey ne serait plus aujourd'hui qu'un monceau de ruine.
..Nous n'avons pas besoin de remercier M. le maire de Pompey ainsi que l'adjoint et plusieurs notables de notre commune ; ils savent quelle est pour eux notre reconnaissance et notre attachement.
.....................................(Suivent un grand nombre de signature.)

 

Le Journal
de la Meurthe et des Vosges du mercredi 15 septembre 1841 :

..- Le lettre relative à l'incendie de Pompey, que nous avons insérée dans notre numéro du 9, vient de donner lieu à des réclamations que nous adressent les habitants de Frouard, dans une lettre signée par plusieurs d'entre eux. Voici ce que nous y lisons :

..« Dans la nuit du 5 au 6 septembre dernier, à minuit, le sieur Albert Huguenin, de Frouard, voyant une grande clarté du côté de Pompey, est monté au clocher et a vu que le feu passait au travers de la toiture d'une maison de ce village ; il a sonné à l'instant au feu, et, dans moins d'un quart d'heure, les habitants de Frouard, au nombre d'au moins quatre cents, et à peine-vêtus, étaient rendus sur les lieux avec leur pompe et leurs sceaux et suivis du maire et de l'adjoint. Enfin, il ne restait dans la commune que les petits enfants et les infirmes ; enfin. Arrivé sur le théatre du désastre, le sieur Courtois, maire, et son fils, aidés du sieur Michaud, adjoint de Frouard, prirent le commandement et firent faire la chaîne à l'instant, après avoir placé la pompe. Mais le sieur Courtois père, voyant qu'il n'y avait plus moyen de sauver la maison, a fait abattre la toiture pour sauver les voisin et changer la pompe de place, pour la mettre du côté où il était le plus à craindre que le feu se communiquât à la maison voisine ; tout cela fut fait en moins d'un quart d'heure.
..Environ cinq quarts d'heure après, la pompe de Custine arriva, avec M. Lami, maire, M. le curé et beaucoup d'habitants, ce qui a été d'un grand secours, et on ne peut que leur donner des louanges, surtout à M. le maire et à M. le curé.
..La petite pompe de M. Fabvier est arrivée vers trois heures du matin, et a été placée par M. le maire de Frouard.
..Les habitants de Bouxières-aux-Dames sont arrivés vers quatre heures du matin ; nous étions déjà maîtres du feu, et à cinq heures le feu était éteint.
..Les pompiers ainsi que les dragons de Nancy sont arrivés vers six heures du matin, mais le feu était entièrement fini, cependant on ne peut trop les remercier de la promptitude qu'ils ont mis à porter secours.
..Il est à remarquer que Frouard a sonné un quart d'heure avant Pompey, et que sans les prompts secours de notre commune, le feu aurait pu être communiqué aux maisons voisines, avant que les secours des autres communes ne fussent arrivés.
..Beaucoup d'habitants de Pompey se sont très bien conduits, mais une partie est restée chez elle ; on manquait de sceaux, on a été encore obligé de courir en chercher à Frouard.
..Si quelques habitants de Pompey nous ont oubliés, nous ne pouvons attribuer cette omission qu'au retard qu'ils ont mis à venir eux-mêmes porter secours ; voyant les pompiers et les dragons de Nancy partir, ils leur ont attribué leur salut. Mais nous avons, en revanche l'estime et la reconnaissance des notables ; ils n'ont pas oublié les sieurs Courtois et Pardieu, car ils savent bien que ces deux messieurs ont été leurs sauveurs. »
.........................................(Suivent les signatures.)

 

Le Journal
de la Meurthe et des Vosges du dimanche 19 septembre 1841 :

..- Mercredi prochain, à onze heures du matin, aura lieu à Liverdun la pose de la première pierre du pont-canal de la Moselle. Cette intéressante cérémonie sera, nous assure-t-on, entourée de toute la pompe possible. De l'infanterie, de la cavalerie et une demi-batterie d'artillerie sont commandés à cet effet ; on parle d'un banquet, d'illuminations brillantes. M. le ministre des travaux publics doit y assister.

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..A M. le Rédacteur du Journal de la Meurthe et des Vosges.
..................................................................Pompey, le 17 septembre 1841.
..........Monsieur le Rédacteur,
..Je viens de lire, dans votre dernier numéro, une lettre signée par plusieurs habitants de Frouard, relativement à l'incendie qui a eu lieu à Pompey, dans la nuit du 5 au 6 de ce mois.
..Je dois, et je m'empresse de vous adresser, à ce sujet, quelques observations que je vous prie d'insérer dans votre prochain journal. Mon intention n'est pas d'engager une discussion irritante avec nos voisins, dont nous tenons à conserver l'estime et l'amitié, mais il est de mon devoir de rétablir la vérité sur quelque-uns des faits articulés dans la lettre dont il s'agit.
..Nous sommes loin de contester les services qui nous ont été rendus par les braves habitants de Frouard, ayant à leur tête les autorités du lieu. Nous leur en avons témoigné nos remercîments et notre reconnaissance, et nous nous plaisons à les leur renouveler encore ici.
..Dans le rapport qui a été fait à M. le préfet, sur l'incendie, il leur a été rendu pleine et entière justice, rapport dont on peut prendre connaissance au greffe de la commune, et qui, nous l'espérons, ne laissera plus aucun doute sur l'oubli dont nous accuse la lette à laquelle je réponds. D'après l'opinion des rédacteurs de cette lettre, beaucoup d'habitants de Pompey se seraient très-bien conduits, mais une partie serait restée chez elle. Cette accusation, entièrement fausse, était celle qu'il m'importait le plus de relever et de détruire. J'ai pensé qu'il était aussi injuste qu'inconvenant de signaler à la vindicte publique une partie des habitants d'un village, qui se seraient abstenus d'accourir au secours de leurs compatriotes. Nous le répétons, cette assertion est fausse, chacun a apporté sa part de zèle et de dévoûment, et l'opinion publique, toujours sévère dans ces sortes d'occasions, n'a signalé que deux ou trois personnes qui n'avaient pas paru sur le lieu du désastre , et encore trouverait-on pour elles des motifs d'excuse ; nous avons donc peine à concevoir l'accusation gratuite portée contre une partie des habitants de Pompey, accusation qu'il était de notre devoir de repousser. Je ne terminerai pas sans ajouter une réflexion ; c'est que, dans de semblables circonstances, il ne faut jamais exagérer les torts que l'on aurait pu avoir : comme il ne faut pas non plus exagérer la louange, dans la crainte de la faire tomber dans le domaine du ridicule.
..Je vous prie d'agréer, Monsieur, l'assurance de ma considération la plus distinguée.
......................................Le maire de la commune de Pompey,
....................................................................................Martel.

 

Le Journal
de la Meurthe et des Vosges du mardi 21 septembre 1841 :

Etude de M.e CONTAL, avoué à Nancy, rue des Michottes, 11.

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VENTE JUDICIAIRE

..Le lundi, 4 octobre 1841, onze heures du matin, à l'audience des criées du tribunal civil de première instance de Nancy, séant en ladite ville, rue et Hôtel de la Monnaie, et par-devant M. BERLET, juge audit tribunal, commis à cet effet par jugement du 25 août 1841, enregistré, il sera procédé à l'adjudication en deux lots, des immeubles ci-après désignés, dépendant de la faillitte du sieur Joseph Georges, marchand de bois et de planches, demeurant à Frouard.

Premier Lot.

UNE BELLE ET VASTE

MAISON

Située à Frouard (Meurthe), à l'entrée du faubourg, sur la grande route de Nancy à Metz,
..Cette maison, située à proximité du pont de Frouard, au confluent de la Meurthe et de la Moselle, a été longtemps exploitée comme auberge ; on y faisait en même temps un commerce considérable de bois et de planches. Le canal de la Marne au Rhin, qui doit passer entre la rivière et cette propriété, lui donnera incontestablement une grande augmentation de valeur.

Deuxième lot.

..1.° Un hectare 34 ares 59 centiares de terrain, ban de Frouard,
................................EN NATURE DE PORT OU CHANTIER DE BOIS ET PRÉ,
..Lieudit à l'Embanie , à la troisième coupe, entre M.me de Rochefort et Koseph Thiébaut ;
..2.° Un Champ, même territoire,
Au canton de Combru, contenant 24 ares 30 centiares, entre Dominique Rollin et les héritiers Pailler.
..Le 1.er lot sera crié sur la mise à prix de 8,000 fr.
..Et le second sur celle de 4,664 fr. 5 cent.
..Les frais seront payés par les adjudicataires en sus et sans diminution de leur prix principaux d'adjudication et au marc le franc desdits prix.
..La vente aura lieu aux clauses et conditions du cahier des charges, qui a été dressé par M.e CONTAL, avoué poursuivant, et par lui déposé au greffe du tribunal, le 7 septembre 1841.
..S'adresser, pour les renseignements, à M.e CONTAL, avoué poursuivant, rue des Michottes,n.°11.

 

 

Le Journal
de la Meurthe et des Vosges du jeudi 23 septembre 1841 :

..- Hier a eu lieu à Liverdun, en présence des principales autorités du département et au milieu d'un immense concours de spectateurs, la cérémonie de la pose, par M. le ministre des travaux publics, au nom du Roi, de la première pierre du pont-canal de la Moselle. Nous rendrons compte après-demain de cette belle fête qui fera époque dans l'histoire industrielle de notre pays.

 

Le Journal
de la Meurthe et des Vosges du samedi 25 septembre 1841 :

Pose de la première pierre du pont-canal de la Moselle à Liverdun.

..Lorsque naguère nous racontions à nos lecteurs l'inauguration des bateaux à vapeur destinés à ouvrir à notre industrie et à notre commerce de nouveaux débouchés, nous ne pensions pas avoir bientôt à leur faire le récit d'une autre solennité nationale plus belle et plus intéressante encore, la pose de la première pierre du pont-canal de la Moselle. c'est un majestueux spectacle, en effet, que cette foule immense accourue de toutes parts sous les murs de l'antique cité féodale dont l'industrie vient de prendre possession et où elle a planté son drapeau civilisateur. Les rives de la Moselle s'étonnaient de ce concours inaccoutumé, et la pittoresque vallée de Frouard s'était animée comme par enchantement. Il y avait, nous pouvons le dire, autre chose qu'un sentiment de vaine curiosité dans l'âme de cette population, d'ordinaire si insouciante : une pensée de progrès, d'avenir, de prospérité l'agitait, et elle semblait, par une sorte de recueillement, témoigner de l'importance de l'événement qu'elle venait de célébrer, et qui est une des phases de la grande et utile entreprise dont le mouvement industriel et commercial de nos contrées doit recevoir une nouvelle et vive impulsion.
..Honneur aux ordonnateurs de cette fête à laquelle il n'a manqué que l'éclat du soleil !
..M. le ministre des travaux publics était arrivé de bonne heure avec M; le préfet de la Meurthe, M. le général commandant le département et M. l'ingénieur en chef du canal. Des gradins disposés en face du pont devaient recevoir les nombreux invités ; mais ils n'ont pu être occupés, chacun cherchant un abris contre la pluie qui, depuis neuf heures du matin, tombait avec abondance. Aussi avait-on envahi la tente destinée au banquet, décorée élégamment de feuillages et de draperies aux trois couleurs (1) Parmi les personnes présentes, on remarquait MM. Moreau, de Vatry et Croissant, députés de la Meurthe ; M. le procureur-général et l'un de MM. les avocats généraux à la cour royale, M. le président du tribunal de première instance de Nancy, M. le recteur de l'académie, MM. les colonels et lieutenants-colonels de la garde nationale et des régiments en garnison à Nancy, M. l'ingénieur en chef de département et presque toutes nos notabilités financières, administratives, etc. (1)
..A midi, le clergé, ayant en tête M. le vicaire-général du dicocèse, en l'absence de M. le coadjuteur, s'est approché de l'estrade élevée sur le bord de la rivière et devant laquelle se tenait debout M. le ministre des travaux publics, enouré de M. le préfet de la Meurthe, de M. le sous-préfet de Toul, de MM. les ingénieurs du canal, et M. Dieulin a prononcé le discours suivant :

.................Monsieur le ministre, Messieurs,
..C'est avec un bien vif empressement que la religion s'unit, en ce jour solennel, aux premiers représentants du pouvoir, pour encourager les efforts de l'homme, applaudir aux découvertes de son génie, célébrer les oeuvres de sa puissance. Oui, c'est un juste hommage qu'on lui rend, en l'associant à la fête de l'inauguration du pont-canal de la Moselle. Elle aussi, qui semble n'avoir pour objet que le perfectionnement religieux et moral de la société, s'intéresse à la prospérité des arts et de l'industrie, et au bien-être matériel de l'homme. Y a-t-il un progrès, une invention utile, auxquels elle n'ait applaudi, et dont elle n'ait favorisé l'application au profit de l'humanité ? Il a bien compris toute la valeur des arts et des sciences le christianisme, et il a su donner à leur développement le plus grand essor. N'est-ce pas lui qui, dans les guerres incessantes du moyen-âge, a sauvé du naufrage toutes les richesses littéraires de l'antiquité ; qui a arraché aux torches incendiaires des sauvages du Nord ou des disciples de Mahomet les feuillets épars de l'histoire, et les membres mutilés des anciens poëtes, philosophes, orateurs, etc ! Les cellules monastiques, devenues alors le sanctuaire des lettres et le foyer de l'industrie, conservèrent et transmirent aux plus lointaines générations tous les nobles débris des sciences et des arts de l'Orient, de la Gréce et de l'Italie. Sans l'église, la barbarie, s'avançant sur le monde pour tout démolir et tout brûler, menaçait l'intelligence humaine d'une éclipse totale, et c'en était fait de la civilisation. Et nos meilleurs artistes modernes, où se sont-ils formés ? N'est-ce point à l'école de ces peintres, sculpteurs et architectes chétiens auxquels nous devons ces magnifiques basiliques qui sont la gloire des arts et l'orgueil des nations civilisées ?
..Et vous, savants ingénieurs dont nous ne venons pas poins ici admirer que bénir les travaux, n'avez-vous pas été devancés dans les merveilles de l'art, par ces religieux appelés hospitaliers pontifes, du nom de ces ponts qu'ils jetaient avec tant de hardiessesur nos rivières et nos fleuves ? Avignon atteste encore, de nos jours, le zèle et les talents artistiques de ces bienfaisants cénobites. Ne craignez pas Messieurs, que ces citations tendent à déprécier les oeuvres de votre génie ; je viens, au contraire, proclamer, à votre gloire, qu'en acceptant pour modèles d'aussi pieux devanciers, les disciples ont dépassé leurs maîtres.
..La diffusion des lumières dans les rangs de la société ne nécessite plus aujourd'hui l'intervention du clergé dans les objets d'art et d'industrie ; mais en y prenant une part moins directe pour se circonscrire dans la sphère sprirituelle de ses devoirs, il sera du moins toujours le premier à préconiser les merveilleuses créations du génie. Toujours alliée et amie de la société civile dont elle est la soeur, l'église s'empressera de lui donner l'appui de son influence pour tout ce qui a rapport à la gloire et au bien-être national. C'est dans ce but qu'elle vient aujourd'hui appeler les bénédictins célestes sur les travaux de canalisation qui doivent, en réunissant la Marnes au Rhin, multiplier les échanges de nos produits industriels et agricoles, et rapprocher les populations du mord-est de la France par des rapports de bienveillance et de fraternité. Grâces immortelles soient rendues au gouvernement éclairé et paternel auquel nous devons cet inappréciable bienfait !
..Ministre du Roi, qui avez bien voulu honorer de votre présence cette fête si chère à tous nos concitoyens, agréez l'expression de nos remercîments les plus affectueux, et daignez déposer aux pieds de Sa Majesté, dont vous êtes ici le premier représentant, les hommages universels et la profonde gratitude de ses respectueux et fidèles Lorrains.

..Les paroles de M. le grand-vicaire ont été accueillies par des témoignages non équivoques d'approbation.
..Après ce discours, on s'est approché de la pierre et là ont eu lieu la cérémonie religieuse et l'invocation de l'officiant en faveur de l'entreprise. La musique du 52.e, placée à la tête du pont provisoire, s'est fait entendre ainsi que des décharges de mousqueterie, à défaut de l'artillerie refusée, dit-on par M. le ministre de la guerre.
..M. Lucien Arnault, préfet de Meurthe, a adressé alors ces paroles au ministre :

.........M. le Ministre,
..Votre présence sur les bords de la Moselle nous est doublement précieuse ; elle est une récompense pour des travaux déjà faits, elle est un encouragement pour des travaux qui doivent se faire encore.
..Le coup de marteaux que vous allez donner retentira dans ces contrées, si guerrières sous le règne de la victoire, si laborieuse sous celui de la liberté.
..Elles apprennent, M. le ministre, ce qui se fait dans l'intérêt de leur bonheur, elles reconnaissent que le travail compte aussi ses jours de gloire et qu'il est beau pour un peuple de faire ainsi succéder les chefs-d'oeuvre impérissables de la paix aux immortels prodiges de la guerre.
..Veuillez portez au pied du trône l'hommage d'une reconnaissance qui deviendra si éloquente dans votre bouche et qui vivra inaltérable dans nos coeurs.

..M. Collignon, ingénieur en chef du canal, a pris ensuite la parole et s'est exprimé en ces termes :

..........Monsieur le ministre,
..Malgré les fatigues d'un long voyage, rendu plus pénible par l'état de votre santé, malgré votre impatience de rentrer à Paris, où vous rappellent de si grands entérêts et si grands devoirs, lorsque tout vous inviterait à rester sur les émotions puissantes des fêtes qui viennent de signaler votre passage en Alsace, vous avez voulu donner deux jours au canal de la Marne au Rhin. Hier, vous avez visité les souterrains D'arschwiller, et aujourd'hui vous venez consacrer l'érection du pont-canal de Liverdun et présider à cette cérémonie, qui ne peut-être que bien modeste après toutes les magnificences auxquelles vous venez d'assiter. Grâces vous en soient rendues, M. le ministre. Votre présence sur nos atelers raffermit notre confiance ; elles dit assez tout l'intérêt que le gouvernement du Roi porte à nos travaux et elle donne à tous l'espérance d'un prochain retour à une activité si malheureusement paralysée par des circonstances déplorables.
..Le canal de la Marne au Rhin, vous le savez, M. le ministre, est une des plus grandes et des plus fécondes entreprises de l'époque actuelle.
..Tracé à travers des contrées fertiles, à portée d'immenses forêts, dans un pays où un si grand nombre de belles usines luttent avec tant d'efforts contre les difficultés et le prix élevé des transports, il y a encore ce singulier avantage, peut-être unique jusqu'ici, qu'il traverse à angle droit, depuis le canal de l'Aisne à la Marne jusqu'au Rhin, huit communications navigables, rivières ou canaux, toutes très-importantes, qui existent, ou dont l'exécution est prochaine. Ainsi, M. le ministre, nous ne faisons qu'ouvrir aujourd'hui l'ère de travail et de prospérité qui attend ces belles contrées.
..Le canal de la Marne au Rhin, qui seul et sans le secours de tous ses embranchements naturels, doit rendre à la Lorraine et à l'Alsace de si importants services, n'est encore que le tronc d'un vaste système dont les rameaux viendront s'y rattacher dans un avenir très-prochain. D'ailleurs son influence n'est pas circonscrite aux limites de notre territoire, il doit étendre fort au-delà sa mission de paix et de civilisation.
..Ouvrant une communication navigable directe entre le Hâvre et Strasbourg, il formera la ligne de transit la plus courte et de beaucoup la moins dispendieuse entre l'Océan et le Rhin supérieur, et il appellera prochainement par la France les rapports de l'Atlantique avec l'Allemagne méridionale. Ansi, d'une part, il ajoutera à l'importance de nos ports de l'Océan et il donnera à l'activité de notre marine un nouvel aliment ; et d'un autre côté, il prépare, et pour un avenir qui ne peut plus être éloigné, cette grande opération de la jonction du Rhin au Danube, qui doit réaliser la plus belle navigation intérieure que l'Europe puisse posséder. Magnifique et féconde entreprise, qui préoccupait Charlemagne, et qui fixa l'attention du plus grand de ses successeurs. Car au milieu de sa lutte gigantesque avec l'Europe, et lorsqu'il amassait pour la France cette riche moisson de gloire militaire, qu'il ne sera donné à aucun peuple de surpasser, Napoléon méditait avec ardeur toutes les grandes créations de la paix, et son génie impatient en dotait la patrie ; il semblait qu'il vît constamment au terme prochain de ses travaux, cette ère de prospérité et d'activité bienfaisante dans laquelle nous entrons, et dont il ne devait pas jouir.
..Cette paix glorieuse, bienfaisante et féconde, il était donné à la sagesse et à la fermeté du Roi d'en doter la France et l'Europe ; l'histoire dira à travers quelles difficultés et quels périls : et ce sera la gloire du ministère où vous occupez une si grande place, que de l'avoir consolidée.
..Pour nous, M. le ministre, et ici je parle au nom de mes jeunes collaborateurs comme au mien, permettez-nous de vous dire que nous sommes heureux et fiers de contribuer pour une part légère dans les grands travaux qui nous sont confiés, à cette oeuvre de civilisation, et veuillez croire que nous y consacrerons toute l'ardeur et tout le dévoûment dont nous sommes capables.

..Après avoir écouté avec la plus religieuse attention M. le grand vicaire, M. le préfet et M. l'ingénieur en chef Collignon, le ministre des travaux publics a adressé à l'assistance une vive et chaleureuse allocution que nous regrettons sincèrement de ne pouvoir retracer et dont nous craindrions d'affaiblir la puissante expression ; mais nous pouvons dire qu'elle a produit une profonde sensation. M. Teste a fait entendre que ce n'était pas sous un roi qui a mis sa gloire à relever les jeunes ruines léguées à son règne par les régimes précédents qu'on pouvait craindre de vois abandonner une entreprise d'une si haute utilité, et il a ajouté que, si, dans l'itinéraire de sa tournée dans les départements, elle avait pu échapper à sa pensée, elle y eût été rappelée par l'un de nos représentants auquel l'unit depuis longtemps une étroite amitié (2). M. le ministre a renouvelé, en terminant, la promesse de la continuation des travaux.
..Après la cérémonie, M. le ministre s'est tourné vers la foule rangée sur le pont provisoire et la rive droite de la Moselle, et, monté sur la pierre sous laquelle venaient d'être déposés les médailles et le procès-verbal, il s'est écrié de sa voix retentissante : << Pont-canal de Liverdun, la religion vient de te consacrer, moi je te fonde au nom et sous les auspices d'un roi qui, pour le bonheur de la France, a cimenté l'union du pouvoir monarchique avec la liberté. Vive le Roi !>>
..Ces paroles sont suivies de bravos et d'acclamations.
..M. le ministre, accompagné de M. le préfet de la Meurthe, de M. le sous-préfet de Toul, de M. le général Vilatte, de MM. Moreau, Croissant et de Vatry, députés de la Meurthe, de M. l'ingénieur en chef Collignon, de M. le maire de Liverdun et d'un grand nombre de personnes, est allé ensuite visiter le souterrain et les travaux exécutés de l'autre côté de Liverdun, puis est venu s'asseoir au banquet auquel ont pris part tous les invités et qui a lieu aux sons de la musique du 52.e
..Sur la proposition de M. Collignon, une collecte a été faite en faveur des ouvriers et a produit 600 francs, auquels M. le ministre a bien voulu ajouter 400 fr. En annonçant ce résultat, M. Collignon a adressé à M. Teste, au nom des ouvriers, des remerciements qu'il a terminés par le cri de Vive le ministre ! Avec un esprit d'à-propos qui paraît le distinguer, M. Teste a répondu que la première santé à porter était celle du Roi, et il a porté un toast au Roi ; M. Moreau en a ensuite porté un aux princes et à l'armée ; puis M. Teste a félicité de la manière la plus gracieuse MM. les ingénieurs d'avoir su embellir une fête polytechnique par le réunion d'un aussi grand nombre de jolies femmes.
..M. le ministre a ensuite été visiter la tente où dînaient les ouvriers, et leur a promis une gratification d'une journée de salaire. Cette promesse, comme on le pense, a été accueillie par les cris unanimes de Vive le Roi ! vive le ministre ! Après avoir passé devant le front des deux bataillons du 52.e et les deux escadrons du 3.e dragons, rangés en bataille au-dessous du bois, M. Teste est remonté en voiture et a regagné Nancy d'où il est reparti le lendemain de grand matin pour Paris.

..Nous ne terminerons pas sans rendre hommage et au ministre qui porte un intérêt si vif aux travaux qui s'exécutent sur tous les points de la France, et à l'ingénieur habile qui dirige avec tant de zèle ceux de notre département. Espérons, avec tous ceux qui ont assisté à cette cérémonie, qu'elle sera comme la première heure d'une ère nouvelle, d'une ère de progrès pour nos contrées. Espérons surtout que les travaux, de canalisation, poussés désormais avec activité, rendront bientôt fertile en heureux résultats cette entreprise immense, appelée par tant de voeux, et dont l'exécution complète sera pour nos provinces comme une source fécondante qui leur donnera la vie.

 

 

Le Journal
de la Meurthe et des Vosges du jeudi 7 octobre 1841 :

..- La vendange est commencée dans notre département ; elle sera peu productive, et la pluie qui ne cesse de tomber depuis plusieurs jours, enlève au raisin le peu de qualité qu'il pouvait avoir. Ainsi se sont évanouies les espérances que l'on avait conçues au début de la saison.

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..- Quelques-uns des principaux chefs de services administratifs du département de la Meuse ont reçu, ces derniers jours, une médaille commémorative de la construction du pont-canal de Liverdun. On assure qu'un exemplaire de cette médaille est aussi parvenu pour la mairie de Bar-le-Duc, et doit être conservé à la bibliothèque de la ville.
..La médaille est en bronze, d'une belle exécution ; elle présente d'un côté la tête du Roi et de l'autre cette inscription :

CANAL
DE LA MARNE AU RHIN
LOI DU 3 JUILLET 1838
PONT-CANAL DE LIVERDUN
LA PREMIÈRE PIERRE
DE CE MONUMENT A ÉTÉ POSÉE
LE 22 SEPTEMBRE 1841

LOUIS- PHILIPPE I

ROI DES FRANÇAIS
J.-B. TESTE MINISTRE DES TRAV. PUBL.
A.V. LEGRAND SOUS-SECRET. D'ÉTAT.
LUCIEN ARNAULT
PRÉFET DE LA MEURTHE
COLLIGNON ING. EN CHEF.

 

Le Journal
de la Meurthe et des Vosges du lundi 8 novembre 1841 :

 

DÉPARTEMENT DE LA MEURTHE

CANAL DE LA MARNE AU RHIN

2.e Section.

PLANTATIONS

A exécuter sur les levées et francs-bord du canal de la Marne au Rhin, dans le département de la Meurthe.
..Le 23 novembre 184, il sera procédé, par M. le préfet du département de la Meurthe, en conseil de préfecture, à Nancy, conformément à l'ordonnance royale du 10 mai 1829, à l'adjudication des travaux et fournitures relatives aux plantations à exécuter sur les levées et francs-bords du canal de la Marne au Rhin, dans le département de la Meurthe.
..L'entreprise formera une seul lot estimé ainsi qu'il suit :

52,000 Pieds d'ormes, frênes ou sycomores à 1 fr. 21 c. .............62,920 f
25,000 Peupliers à 1 fr. 10 c. ................................................. 27,500
Epinage de 20,000 pieds d'arbre, à 18 c. ................................. ..3,600
........................................................................................._________
Montant total des plantations et ouvrages prévus ......................64,020
Somme à valoir pour emprunt de terres et ouvrages imprévus ......20,980
........................................................................................._________
.........................................................TOTAL GÉNÉRAL...........115,000

..Les devis et détail estimatif sont déposés au bureau des finances de la préfecture, et dans ceux de l'ingénieur en chef du canal, place Carrière, n.° 14.