Le quotidien dans la presse de 1854
Le Journal
de la Meurthe et des Vosges du samedi 11 février 1854 :
..- Par arrêté de M. le préfet de la Meurthe, la chasse en plaine et dans les forêts, sera close dans le département de la Meurthe, le 20 février courant, à la chute du jour.
..Celle du gibier d'eau, dans les marais, sur les étangs et les rivières, le sera le 15 mars ;
..Et celle de la bécasse, le 30 du même mois.
..Il est défendu, pour cette dernière chasse, de faire la requête ou la recherche du gibier à l'aide de chiens d'arrêt, en dehors de l'époque ordinaire de la chasse.
..Il est défendu, après la clôture de la chasse, de mettre en vente, de vendred, d'acheter, de transporter et de colporter du gibier.
Le Journal
de la Meurthe et des Vosges du vendredi 17 mars 1854 :
Le Journal
de la Meurthe et des Vosges du vendredi 14 avril 1854 :
..- La fréquentation du canal de la Marne au Rhin, à l'écluse de Liverdun, a été, pendant la dernière semaine, de 57 bateaux, dont en destination :
...............vers le Rhin ............... 24
...............vers la Marne ............. 33
..Le poids total de leur chargement est de 5,648 tonnes de 1,000 kilogrammes.
Le Journal
de la Meurthe et des Vosges du samedi 22 avril 1854 :
..- La fréquentation du canal de la Marne au Rhin, à l'écluse de Liverdun, a été, pendant la dernière semaine, de 57 bateaux, dont en destination :
...............vers le Rhin ............... 25
...............vers la Marne ............. 32
..Le poids total de leur chargement est de 5,897 tonnes de 1,000 kilogrammes.
Le Journal
de la Meurthe et des Vosges du vendredi 28 avril 1854 :
.- La fréquentation du canal de la Marne au Rhin, à l'écluse de Liverdun, a été, pendant la dernière semaine, de 46 bateaux, dont en destination :
...............vers le Rhin ............... 28
...............vers la Marne ............. 18
..Le poids total de leur chargement est de 3,952 tonnes de 1,000 kilogrammes.
Le Journal
de la Meurthe et des Vosges du 6 mai 1854 :
- La fréquentation du canal de la Marne au Rhin, à l'écluse de Liverdun, a été, pendant la dernière semaine, de 50 bateaux, dont en destination :
...............vers le Rhin ............... 27
...............vers la Marne ............. 23
..Le poids total de leur chargement est de 4,679 tonnes de 1,000 kilogrammes.
Le Journal
de la Meurthe et des Vosges du samedi 20 mai 1854 :
..- M. le ministre du commerce, de l'agriculture et des travaux publics vient d'autoriser le sieur Bequemie, demeurant à Paris, à établir un service de transports accélérés entre Paris et Nancy par la Marne, le canal latéral à cette rivière et le canal de la Marne au Rhin. Ces nouveaux bateaux porteront le nom d'Hirondelles parisiennes.
- La fréquentation du canal de la Marne au Rhin, à l'écluse de Liverdun, a été, pendant la dernière semaine, de 58 bateaux, dont en destination :
...............vers le Rhin ............... 29
...............vers la Marne ............. 29
..Le poids total de leur chargement est de 6,388 tonnes de 1,000 kilogrammes.
Le Journal
de la Meurthe et des Vosges du dimanche 28 mai 1854 :
..- On a récemment annoncé qu'une grande embarcation de plaisance, construite à Nancy, devait être mise à l'eau. L'établissement du canal de la Marne au Rhin a en effet doté la ville d'une industrie nouvelle, et déjà plusieurs grands bateaux de canal ont été construits également à Nancy.
- La fréquentation du canal de la Marne au Rhin, à l'écluse de Liverdun, a été, pendant la dernière semaine, de 64 bateaux, dont en destination :
...............vers le Rhin ............... 31
...............vers la Marne ............. 33
..Le poids total de leur chargement est de 6,388 tonnes de 1,000 kilogrammes.
Le Journal
de la Meurthe et des Vosges du dimanche 9 juillet 1854 :
..- Si l'on en croyait les bruits répandus par la peur, le choléra serait dans tous les coins du département de la Meurthe. Heureusement il n'en est rien. Les seuls points où il se soit montré sont Prény, Royaumeix, Ménil-la-Tour et Domgermain.
..Dans les Vosges, il paraît n'avoir éclaté jusqu'à présent que dans un hameau dépendant de Dompaire.
..Nous avons entendu bien des fois répéter depuis quelques jours, à Nancy même : Le fléau est au milieu de nous , il sévit dans les hospices.
..Nous démentons formellement ces tristes rumeurs. Jamais au contraire, l'état sanitaire de Nancy n'a été plus satisfaisant qu'en ce moment. La preuve en est que du 1er juillet au 7 au soir, il n'y a eu dans notre ville que dix-neuf décès dont quatre d'enfants, chiffre inférieur à la moyenne des décès, dans les années les plus favorables. - (Espérance).
..- La fréquentation du canal de la Marne au Rhin, à l'écluse de Liverdun, a été, pendant la dernière semaine, de 68 bateaux, dont en destination : vers le Rhin, 38 ; vers la Marne, 30. Le poids total de leur chargement est de 6,356 44 tonnes de 1,000 kilogrammes.
Le Journal
de la Meurthe et des Vosges du mercredi 19 juillet 1854 :
..- Des bruits exagérés circulent dans le département au sujet du choléra. Il est du devoir de l'administration de faire connaître la vérité.
..Le choléra a effectivement envahi l'arrondissement de Toul depuis un mois ; une seule commune de l'arrondissement de Nancy a été atteinte...Neuf communes, présentant ensemble une population de 6,063 habitans, ont été attaquées ; le nombre des décès s'élevait, au 16 juillet, à 160.
..Aucun cas n'a été signalé dans les arrondissements de Lunéville, Château-Salins et Sarrebourg.
..Dans les localités envahies, des secours ont été organisés, des médecins envoyés sur les points où le service médical n'était pas complétement assuré ; des mesures sont prises pour l'organisation de commissions de secours qui fonctionneraient immédiatement, si, contre toute attente, la maladie prenait un caratère d'intensité et de développement.
..Dans le plus grand nombre des communes atteintes, l'épidémie paraît être parvenue à une période de décroissance. - (Communiqué.)
Le Journal
de la Meurthe et des Vosges du jeudi 27 juillet 1854 :
..- Voici le texte d'une circulaire adressé à MM. les maires, indiquant quelques mesures d'hygiène à prendre.
.......................................................................................Nancy, le 19 juillet 1854.
..Monsieur le maire, plusieurs de vos collègues m'ont consulté pour savoir quelles mesures ils auraient à prendre, dans le cas où le choléra viendrait à se déclarer dans leurs communes.
..Bien que rien ne fasse pressentir que l'épidemie franchisse le point du département où elle se trouve circonscrite, et où déjà elle a perdu de son intensité, l'administration se doit toujours à elle-même de prendre toutes les mesures préventives qu'elle croit nécessaire en pareil cas.
..L'expérience a démontré, Monsieur le Maire, que les précautions hygiéniques, le traitement immédiat de toutes les affections prédisposantes, l'assainissement des habitations et la destruction des foyers d'insalubrité sont de puissans moyens pour prévenir les épidémies, et, dans tous les cas, pour en diminuer l'intensité.
..La première chose à faire, c'est d'assurer, dès à présent, l'exécution des règlements de salubrité ; de veiller non-seulement au nettoiement des rues, cours et passages, mais aussi à l'écoulement des eaux stagnantes dans le voisinage des habitations ; de faire éloigner, autant que possible, les dépôts de fumier et les amas de matières végétales en décomposition, et de faire tenir dans un état de propreté les étables et les écuries.
..Ces mesures, Monsieur le maire, ne sont pas nécessairement subordonnées aux événemens ; elles se rattachent essentiellement au bien-être, à la vie des populations, et, en les prescrivant, l'autorité municipale remplit, en tout temps, un de ses premiers devoirs. Usez de toute votre influence pour combatre les préjugés, la négligence et les habitudes contraires à l'hygiène ; vos conseils peuvent obtenir les résultats les plus efficaces.
..Je compte sur votre vigilance comme sur votre dévouement.
..Recevez, et...........................................................Le préfet, Albert LENGLÉ
Le Journal
de la Meurthe et des Vosges du lundi 31 juillet 1854 :
..- Nous, préfet du département de la Meurthe, officier de la Légion-d'Honneur,
..Vu les lois des 16-24 août 1790, 19-22 juillet 1791 et l'article 15 de la loi du 18 juillet 1837 ;
..Considérant que, si l'épidemie qui s'est déclarée sur quelques points du département, perd de son intensité et paraît ne pas devoir se développer, il importe néanmoins, pour éviter le retour de ces tristes circonstances, d'assurer l'exécution des mesures de propreté prescrites en tout temps par l'hygiène et la salubrité publique ;
..........Arrêtons :
..Art. 1er. A la réception du présent arrêté, il sera formé dans chaque commune , à la diligence du maire une commission composée du maire, président, et des deux membres les plus anciens du Conseil municipal. Un médecin ou un vétérinaire breveté, sera, autant que possible, adjoint à cette Commission.
..Art. 2. La Commission procédera, sans aucun retard, à la visite des rues, des cours et de l'intérieur des habitations, dans le but de rechercher et de faire disparaître toutes les causes d'insalubrité existantes.
..Art. 3. Partout où la Commission l'aura jugé possible, il sera procédé, en vertu du présent arrêté et sur un simple avis du maire, à l'enlèvement des fumiers existant dans les rues ou dans les cours intérieures des maisons ; ces dépôts seront transportés dans le délai de huitaine, à une distance d'au moins cent cinquante mètres des habitations agglomérées, avec toutes les précautions qu'exige la salubrité publique.
..Art. 4. Dans les cas exceptionnels, où, à raison de circonstances locales, dont il nous sera rendu compte par le maire, la commission reconnaîtrait l'impossibilité d'enlever complétement les dépôts de fumiers, elle veillera à en restreindre le nombre et les dimensions, et prescrira l'établissement immédiat, aux frais des propriétaires, de puisards couverts pour recevoir le purin ou de rigoles pour en assurer l'écoulement.
..Art.5. La Commission s'assurera de la propreté de l'intérieur des habitations ; elle fera gratter les parties du sol et des murs qui seraient imprégnées de matières organiques en décomposition ; elle veillera au nettoiement des cours, des allées, des cabinets d'aisance ; elle fera laver avec de l'eau chlorurée les parties les plus infectes des habitations et prescrira le blanchiment des murs à la chaux lorsque cette opération sera jugée utile.
..Art. 6. Les étables et les écuries devront être fréquemment aérées, nettoyées et tenues dans un état de propreté convenable. Les réduits à porcs seront éloignés des fenêtres des habitations et placés dans des lieux parfaitement aérés.
..Art. 7. La Commission recommandera à tous le habitants de donner avant tout à leurs logements le plus de lumière possible, d'y faire arriver l'air en quantité suffisante, de le renouveler fréquemment par une ventilation bien entendue, et d'en éloigner avec soin tout ce qui pourrait y répandre de l'humidité ou des émanations fétides.
..Art. 8. il sera procédé au moins deux fois par semaine au balayage des cours et des allées, au nettoyage des égouts, des cassis et des rues. Cette opération, dont les jours et l'heure seront fixés et annoncés par le maire aura lieu à la diligence des propriétaires ou locataires, qui seront tenus d'approprier jusqu'au milieu de la chaussée, la partie de la voie publique située devant leur habitation. Les boues et immondices seront enlevés le jour même, par les soins de l'administration municipale.
..Art. 9. La Commission assurera par tous les moyens possibles l'écoulement des eaux stagnantes ; elle fera curer les égayoirs et en fera renouveler l'eau fréquemment pour quelle n'y croupisse pas. Elle prescrira d'ailleurs, sauf à nous en rendre compte immédiatement, toutes les mesures d'intérêt local qui lui paraîtraient nécessaires au point de vue de la santé publique.
..Art. 10. Le présent arrêté, inséré au Recueil des actes administratifs, sera publié dans toutes les communes, par les soins des maires, chargés d'en assurer la stricte exécution.
..Nancy, le 28 juillet 1854.
................................Le préfet, Albert LENGLÉ
Le Journal
de la Meurthe et des Vosges du mercredi 2 août 1854 :
..- Nous préfet de la Meurthe,
..Vu l'arrêté ministériel du 2 juillet courant relatif à la mise en chômage, dans le département de la Meurthe, du canal de la Marne au Rhin ;
..Vu la dépêche de S. Exc. le ministre de l'agriculture, du commerce et des travaux publics, en date du 29 de ce mois ;
..Considérant que les conseils d'hygiène et de salubrité ont émis l'avis qu'il est dans l'intérêt de la santé publique de na pas opérer, à l'époque des plus grandes chaleurs, la vidange du canal de la Marne au Rhin;
..Après nous être concerté avec M. l'ingénieur en chef du service du canal ;
..Arrêtons :
..Art. 1er. Le chômage du canal de la Marne au Rhin, qui devait avoir lieu dans le département de la Meurthe, du 17 août au 1er septembre, pour la partie comprise entre Vitry et Nancy, et du 1er août au 1er octobre, pour la partie comprise entre Nancy et Strasbourg, n'aura lieu dans le même département que du 1er septembre au 15 pour la première partie, et du 1er septembre au 31 octobre pour la seconde.
..Art. 2. M. l'ingénieur en chef est chargé de l'exécution du présent arrêté, qui sera immédiatement transmis à S. Exc. le ministre de l'agriculture, du commerce et des travaux publics.
..Nancy, le 30 juillet 1854..........................................Albert LENGLÉ
Le Journal
de la Meurthe et des Vosges du mardi 8 août 1854 :
..- Le conseil central d'hygiène publique et de salubrité du département de la Meurthe, vient de publier l'instruction médicale qui suit, sur les précautions à prendre contre le choléra, et sur les soins à donner, en l'absence du médecin, aux personnes qui en sont atteintes :
..Ces précautions ne sont, à proprement parler, que la mise en pratique des règles générales que l'hygiène prescrit en tout temps, mais dont l'observance devient, en temps d'épidémie, d'une nécessité plus absolue.
..Nous placerons, en première ligne le calme et la tranquilité d'esprit. Le choléra portant ses premières atteintes sur le système nerveux, l'expérience, d'accord avec la théorie, démontre que tout ce qui peut débiliter ce système dispose au développement de cette maladie. On évitera donc, autant que possible, les travaux excessifs, les veilles, les contensions d'esprit, les émotions violentes, les accès de colère, et surtout les craintes exagérées.
..Le choléra n'est plus aujourd'hui pour nous, comme àl'époque de son apparition, un mal d'autant plus redouté qu'il 'était plus inconnu, un fléau dévastateur qui, en glaçant d'effroi les populations, les disposait d'avance à tomber sous ses coups. Il est d'ailleurs une vérité rassurante désormais acquise à la science et à l'humanité, c'est que le choléra n'est pas contagieux, ou autrement dit, ne saurait se transmette par le contact.
..Les autres précautions sont relatives à l'air et aux alimens.
..L'air peut exercer sur nous une influence pernicieuse de deux manières : 1° par les miasmes dont il est quelquefois chargé ; 2° par les changemens de température dont il est susceptible.
..1° C'est surtout en temps d'épidémie qu'il est d'une extrême importance d'entretenir autour de soi un air aussi pur que possible, l'expérience ayant démontré que les personnes qui négligent cette précaution sont le plus exposées à en être atteintes. En conséquence, on évitera de coucher en trop grand nombre dans la même pièce, de s'enfermer dans des alcôves, de s'entourer de rideaux. Dès le matin, et plusieurs fois par jour, on renouvellera l'air des chambres en ouvrant les fenêtres et les portes, de manière à établir un courant d'air, dans lequel, toutefois, on évitera de se placer. On en éloignera avec soin tout ce qui pourrait y rémandre de l'humidité ou des émanations fétides. Ainsi, on s'abstiendra d'y faire sécher du linge, et surtout d'y admettre des animaux immondes, tels que porcs, lapins, poules, etc. Toutes les parties de la maison, escaliers, cours, écuries, lieux d'aisance, etc., seront entretenues dans une exacte propreté, et même blanchies à la chaux, s'il en est besoin ; les planchers des chambres seront lavés à grande eau, ou mieux avec de la lessive, s'ils sont recouverts de matières épaisses et difficiles à détacher. Les ruisseaux seront balayés, lavés chaque jour, afin que des eaux infectes n'y séjournent pas. Les ares seront desséchées ; les les égayoires curés, et l'eau en sera fréquemment renouvelée, de manière qu'elle n'y croupisse pas.
..Si la propreté est indispensable dans les habitations, à plus forte raison l'est-elle sur les personnes ; on se nettoiera donc les différentes parties du corps, et l'on changera de linge aussi fréquemment que possible. Quelques grands bains tièdes seront aussi fort utiles, non seulement pour atteindre ce but, mais aussi pour favoriser la transpiration. Les bains de rivière ne sauraient être dangereux qu'autant qu'on les prendrait trop longs, ou trop tôt après le repas, ou enfin lorsque le corps est en sueur.
..Du reste, les travaux modérés en plein air, les promenades à la campagne, dans les jardins, ne sauraient être que salutaires.
..2° Le refroidissement ayant été noté comme circonstance qui a souvent favorisé le développement du choléra, on se couvrira de vêtements suffisamment chauds, et on ne s'empressera pas de les quitter au premier changement de température. Le ventre et les pieds doivent être protégés contre le froid plus qu'aucune autre partie du corps, et c'est avec raison qu'on a recommandé l'usage des sabots, des chaussons de laine et d'une ceinture en flanelle.
..C'est surtout la nuit qu'il faut se prémunir contre le refroidissement, on se gardera donc de s'endormir en laissant ouvertes les fenêtres de sa chambre, et l'on conservera sur soi de couvertures suffisantes pour ne pas être surpris par le froid pendant le sommeil.
..Relativement aux alimens, la sobriété, si favorable en tout temps à l'entretien de la santé, devient, en temps de choléra, d'une nécessité rigoureuse, dont on ne peut s'écarter sans s'exposer à le payer chèrement. Si donc des travaux accidentels, exigeant une grande dépense de force, faisaient sentir le besoin d'un supplément d'alimentation, il vaudrait mieux faire un plus léger repas, que de charger à la fois son estomac d'une grande quantité de nourriture. C'est surtout à l'égard des boissons que les excès deviennent pernicieux, et que l'on ne saurait trop insister sur les déplorables effets qui résultent de l'abus des liqueurs spiritueuses, l'ivrognerie étant sans contredit une des causes qui prédisposent le plus au choléra.
..Quant à la nature des alimens, tant solides que liquides, on ne saurait prescrire aucun régime particulier, ni exclure d'une manière absolue aucune substance de l'alimentation ordinaire. Le régime qu'on a l'habitude de suivre, et dont on se trouve bien, est toujours le plus convenable, et il y aurait inconvénient à le changer en temps d'épidémie, dans l'espoir d'en trouver un meilleur. On doit seulement s'abstenir des alimens généralement reconnus pour être d'une digestion difficile, tels que, par exemple, les viandes très-grasses, la charcuterie mal préparée, les pâtisseries lourdes, les fruits et les légumes aqueux prix en trop grande quantité, surtout lorqu'on en corrige pas la fadeur par le sucre ou par des épices.
..Le vin mêlé d'eau et la bierre sont, pour les personnes qui en ont l'habitude, des boissons convenables. Le café, le thé, les infusions légères de tilleul, de fleurs d'oranger, etc., ne sauraient être aussi que salutaires, en stimulant les fonctions digestives et en favorisant la tranpiration cutanée. Pour les mêmes raisons, on s'abstiendra au contraire, plus encore qu'en tout autre temps, de prendre des boissons froides, lorsque le corps, échauffé par le travail ou la marche, sera en état de moiteur.
..En résumé, le calme de l'esprit, le courage, la confiance, sont les dispositions morales les plus efficaces à opposer au choléra, comme la tempérance et la régularité dans toutes les habitudes de la vie sont les conditions physiques les plus favorables dans lesquelles ont puisse se placer pour affaiblir ou éviter ses attaques.
..............SIMONIN père, vice-président du conseil central ;
....................L. PARISOT, secrétaire du conseil central ;
....................BLONDOT, rapporteur.
Le Journal
de la Meurthe et des Vosges du mercredi 16 août 1854 :
Etat sanitaire du département de la Meurthe.
..Le choléra est toujours circonscrit dans l'arrondissement de Toul et dans deux cantons de celui de Nancy. L'épidémie est dans sa période de décroissance et tout fait espérer qu'au moyen des précautions de tout genre qui sont prises, elle n'envahira pas le reste du département.
..L'état sanitaire de Nancy est on ne peut plus satisfaisant.
..Les populations ne sauraient donc trop se tenir en garde contre les bruits exagérés qui pourraient être répandus à ce sujet. - (Communiqué.)
Le Journal
de la Meurthe et des Vosges du mardi 22 août 1854 :
..- La session du conseil général de la Meurthe a été ouverte hier. Nous nous empressons de reproduire, d'après le rapport que M. le préfet a bien voulu nous faire adresser, le début de l'exposé général de la situation du département.
Exposé de M. Albert Lenglé, préfet , au conseil général.
..Messieurs, à peine installé au nouveau poste, qu'une haute marque de faveur du Souverain m'a confié, je suis appelé à vous faire connaître les besoins et la situation des intérêts du département.
..Je dois compter, Messieurs, sur vos lumières et votre bienveillance pour traverser cette session. Vous me trouverez toujours animé d'une volonté persistante pour faire triompher toutes les mesures que me dictera l'amour du bien public.
..Je consacrerai tous mes instants au bien être des populations, je suivrai avec assiduité vos travaux, afin de me faciliter l'étude que je veux faire pour m'engager, l'an prochain, avec moins de timidité dans la voie des améliorations.
..La situation sanitaire fut, dès le début de mon administration, une cause de vives et sérieuses préocupations ; je me suis appliqué à assurer sur tous les points du département, des secours préventifs, sans jeter l'alarme au milieu des populations.
..L'arrondissement de Toul a été vivement éprouvé, deux cantons de celui de Nancy, contigus aux localités atteintes, n'ont pu être épargnés ; c'est avec bonheur, Messieurs, que je puis constater bien haut, qu'aucun coeur n'a failli dans ces tristes circonstances ; les autorités locales, les conseils d'hygiène, les médecins, les pharmaciens, le clergé et les soeurs de toutes les congrégations ont rivalisé de courage et de dévouement pour porter des secours, des consolations, et relever le moral des populations attaquées.
..Le crédit départemental dont je pouvais disposer fut promptement épuisé, mais le Gouvernement s'empressa de venir à notre aide. Des secours de toute nature furent portés avec une rapidité qui en augmentait le prix, et qui prouva une fois de plus au pays que le Gouvernement de l'Empereur ne reste pas étranger à aucune de ses infortunes...Son Excellence le ministre de l'intérieur m'a chargé de mettre sous vos yeux le désir qu'éprouve l'Empereur de voir assurer des secours médicaux dans toutes les localités rurales. « Dans les villes, dit Son Excellence, l'ouvrier indigent et malade trouve dans les établissements charitables les secours qui lui sont nécessaires ; mais dans les campagnes nos laboureurs en sont complétement dépourvus, et l'ouvrier des champs n'est que trop souvent exposé à souffrir isolé, sans médicaments ni médecin. »
..La charité et la justice veulent qu'il soit mis un terme à cet état de affligeant, qui s'est révélé, dans toute sa tristesse, partout où le choléra a fait invasion ; sans l'attitude calme et courageuse de l'autorité, qui porte avec elle un remède souvent aussi efficace que les secours de la science , sans le dévouement de ces saintes et noble filles, trésors de douceurs, de courage et de bonté, dont le zèle infatigable apporte au chevet du malade la santé et l'espérance ; sans le concours empressé qu'ont prêté les élèves de l'école de médecine, nous aurions eu sans doute de grands malheurs à déplorer. L'administration, en cette circonstance, a senti plus que jamais, combien il était regrettable que l'institution des médecins cantonaux n'eût pas été appliquée dans le département ; car là où elle existe, les excellents effets en sont chaque jour constatés par la reconnaisance des populations. Le Gouvernement de l'Empereur porte au développement de cette bonne oeuvre un intérêt tout paternel, et je doi, Messieurs, appeler sur elle toute votre sollicitude et votre bienveillance.
..Si l'exiguité de vos ressources vous paraît aujourd'hui un obstacle, ne pourriez-vous pas en consacrer le principe par une première allocation? Si faible qu'elle soit, elle prouvera l'intérêt que vous portez à l'homme des champs, et sera pour moi un encouragement pour préparer, dans la Meurhe, l'application d'une institution à laquelle le désintéressement des médecins, la protection du Gouvernement et la charité publique viendront en aide.
...................................................(La suite au prochain numéro).
___________
..- La circulaire suivante relative au choléra a été adressée à MM. les maires :
.............................................................Nancy, le 19 août 1854.
..Monsieur le maire, l'apparition du choléra, dans quelques communes du département, imposait à l'administration des devoirs de prévoyance qu'elle s'est empressée de remplir.
..Par ma circulaire du 19 juillet dernier, je vous ai rappelé sommairement les principales mesures de salubrité que commandaient les circonstances et sur lesquelles votre attention devait plus spécialement se porter. Par un arrêté du 28 du même mois, j'ai prescrit la formation, dans chaque commune, d'une commission sanitaire.
..Jusqu'à présent, l'épidémie est restée circonscrite dans l'arrondissement de Toul et dans deux cantons de celui de Nancy ; elle se trouve, pour ainsi dire, resserrée par les deux rives de la Meuse et de la Moselle ; mais il se pourrait qu'elle vint à se manifester sur d'autres points. Il importe donc de ne rien négliger pour prévenir la maladie et en diminuer autant que possible les ravages. Dans les circonstances présentes, les commissions sanitaires peuvent donc rendre d'éminens services à l'administration en même temps qu'à l'humanité. Si, dans quelques communes, ces commissions n'étaient pas encore organisées, je vous prie de vouloir bien y procéder de suire. Indépendamment de ces commissions communales, une commission centrale a été créée dans chaque chef-lieu de canton ; sa juridiction s'étend à toutes les communes de la circonscription : les unes et les autres peuvent se prêter un utile concours.
..Comme mesure de prévoyance, je ne saurais trop vous engager, monsieur le maire, à multiplier les visites à domicile ; à exiger sévèrement l'exécution des réglemens sur les boucheries et charcuteries ; à faire nettoyer, au moyen de pompes à incendie, les ruisseaux où l'eau croupit ; à tenir la main à l'exécution des règlemens sur les cabarets, et à me signaler ceux où auraient lieu des cas d'ivresse : les excès de boisson étant toujours funestes, je ferai fermer tous les cabarets qui les favoriseraient. Vous aurez aussi à vous assurer un local propre à y recevoir les malades indigens, et à pourvoir ce local des divers objets nécessaires au traitement. De cette manière, les soins seront mieux administrés, plus efficaces, et l'on éviterait surtout l'inconvénient bien grave de laisser des lamades dans les habitations étroites, humides et mal aérées.
..Je compte, monsieur le maire, sur votre vigilance comme vous pouvez compter sur l'empressement que je mettrai à vous procurer, dans les limites du possible, tous les secours dont je puis disposer.
..Agréez, etc.......................................................Le préfet, Albert LENGLÉ.
..- Les instructions du gouvernement, celle des commissions sanitaires, l'expérience aussi, prouvent qu'un des meilleurs préservatifs contre l'épidémie qui fait en ce moment de trop nombreuses victimes dans les départements voisins et même dans quelques cantons de la Meurthe, c'est une nourriture substantielle. L'emploi du bouillon gras est spécialement recommandé.
..Malheureusement, une foule de familles peuvent difficilement se procurer chaque jour un pot-au-feu. Pour obtenir une bonne soupe, il faut de la viande qui est chère, quelques légumes, quelques assaisonnements, du pain ; il faut du bois pour la faire cuire, du temps et des soins pour la préparer. De tout cela il résulte qu'un trop grand nombre de famille ne peuvent se donner cette nourriture, qui est néanmoins vivement recommandée comme un préservatif efficace contre l'épidémie.
..Pour venir en aide aux familles nécessiteuses, la Société de saint Vincent de Paul vient de décider que se Fourneaux seraient ouverts à dater de lundi prochain. Chaque jour, à onze heures et demie, on pourra s'y procurer une portion d'excellente soupe, moyennant dix centimes ou une carte repréentant la même valeur.
..Durant les jours si difficiles de l'hiver dernier, la Société a pu distribuer plus de 450,000 rations de légumes, dont le prix était de 5c. seulement. Mais on comprend facilement qu'elle ne saurait pour le même prix donner un bouillon avec mélange de pain et d'un peu de viande.
..Les cartes se paieront donc le double.
..Malgré cette augmentation, la viande étant plus chère que les légumes, et les rations devant devenir plus abondantes, la Société sera encore exposée à faire d'assez lourds sacrifices. Elle les apportera volontiers, pour être utile à la population de notre cité.
..Toutefois la bienveillance que l'OEuvre des Fourneaux a rencontrée chez nos honorables concitoyens, permet à la Société d'espérer qu'elle trouvera encore aujourd'hui appui et concours. Elle s'adresse donc à toutes les personnes charitables, dont le nombre est heureusement grand à Nancy et fait appel à cette générosité dont elle a déjà si souvent éprouvé les heureux effets.
..On peut dès à présent se procurer des cartes chez M. Vagner, secrétaire-général de la Société, rue du Manége, 3, et chez M. Cauzier, trésorier, rue St-Nicolas, 31, qui recevront aussi les offrandes spéciales que la charité destinerait à cette OEuvre si utile dans les circonstances présentes. - (Espérance.)
Le Journal
de la Meurthe et des Vosges du mardi 3 octobre 1854:
..- A dater d'aujourd'hui 2 octobre, le prix des 8 kilogrammes de pain a été fixé à 3 fr. 40 c. C'est une augmentation de 20 c. sur la taxe de la dernière quinzaine de septembre.
Le Journal
de la Meurthe et des Vosges du dimanche 15 octobre 1854 :
..- Nous préfet du département de la Meurthe, officier de la légion-d'Honneur,
..Vu la loi du 13 juin 1790, portant que tout individu surpris en état de mendicité et tout vagabond étranger sera reconduit dans son département ou dirigé sur la frontière, s'il n'appartient pas à la France ;
..Vu les articles 274 à 282 du Code Pénal, et notamment l'article 275, qui dispose que, dans les lieux où il n'existe pas de dépôt de mendicité, les mendiants d'habitude valides seront punis d'un mois à trois mois d'emprisonnement, etc. ;
..Vu le voeu plusieurs exprimé par le Conseil général de la Meurthe dans ses dernières sessions ;
..Considérant que le département de la Meurthe est un de ceux où la charité publique s'est toujours montrée la plus ingénieuse à soulager toutes les infortunes ; qu'elle se révèle sous tant de formes que le nombre des institutions de bienfaisance s'accroit chaque jour d'une manière remarquable ; qu'il convient de leur réserver la totalité des ressources dont le pays peut disposer ;
..Considérant que la plaie de la mendicité n'a jamais été aussi profonde ni aussi hideuse que depuis quelque temps ; que le nombre des enfans qui s'y livrent sous les yeux de leurs parens est considérable ; qu'il importe de mettre un terme à un état de choses qui, en se prolongeant, ne pourrait que propager dans une partie de la population des habitudes de paresse et de vagabondage ;
............ARRÊTONS :
..Art. 1er. La mendicité est interdite à toute personne valide, dans l'étendue du département de la Meurthe.
..Art. 2. Jusqu'au moment où un dépôt de mendicité aura pu être établi en conformité du décret du 5 juillet 1808, les infirmes sont seuls autorisés à mendier dans leurs communes.
..Ils devront être munis d'une carte d'autorisation, qui leur sera délivrée par le maire de la commune de leur domicile. Cette carte contiendra les noms et prénoms du mendiant, son signalement et le nom de sa commune.
..Art. 3. Une copie de la liste des mendiants de chaque commune sera envoyée par les maires à MM. les sous-préfets.
..Art. 4. Il est formellement interdit aux parents de livrer leurs enfans à la mendicité, sous peine d'être poursuivis comme responsables de cette infraction aux lois et règlemens.
..Art. 5. L'autorisation de mendier ne sera valable que pour la commune.
..Art. 6. Tout individu valide, qui aura été trouvé mendiant dans une commune du département, sera arrêté sur le champ et mis à la disposition de l'autorité judiciaire.
..Tout individu invalide autorisé à mendier par le maire de la commune, qui sera trouvé mendiant dans toute autre commune que la sienne, sera également arreté.
..Le procès-verbal d'arrestation contiendra les nom, prénoms, le domicile et le signalement du mendiant. Il fera connaître en outre :
..S'il est mendiant d'habitude (art. 275 du Code pénal) ;
..Si l'individu arrêté s'est porté à des menaces ou à des | ] |
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violences envers les personnes ; | ] |
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..S'il s'est introduit dans quelque habitation ; | ] |
> | art. 276 du Code pénal. |
..S'il a feint des plaies ou des infirmités ; | ] |
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..S'il a mendié en réunion :. | ] |
..S'il était porteur d'armes ou d'instruments pouvant aider à commettre des vols (art. 227 du Code pénal).
..Art. 7. MM. les maires feront arrêter les mendiants voyageant en bandes et connus sous le nom de bohémiens ; ils les ferons diriger immédiatement, sous bonne escorte, vers la brigade de gendarmerie la plus voisine.
..Art. 8. Les mendians étrangers, à l'expiration de leur peine, seront conduits par la gendarmerie, de brigade en brigade, devant le préfet de leur département , ou jusqu'à la frontière, s'ils sont étrangers à la France.
..Art. 9. Le présent arrêté sera exécutoire à partir du 15 novembre prochain dans toutes les communes du département de la Meurthe.
..MM. les sous-préfets, maires, commissaires de police, officiers de gendarmerie sont chargés de son exécution.
..Fait à Nancy, le 15 octobre 1854.
.............Le préfet de la Meurthe, Albert LENGLÉ.
Le Journal
de la Meurthe et des Vosges du lundi 6 novembre 1854 :
..- On assure que les chemins de fer vont transporter les vins à prix réduits comme ils transportent déjà les farines et farineux.
Le Journal
de la Meurthe et des Vosges du mardi 28 novembre 1854 :
..- On écrit de Pont-à-Mousson :
..Vendredi 23, les chasseurs du lieu et des environs réunis au nombre de neuf, ont attaqué dans les bois près de la ville une troupe de sept loups, la terreur du pays. Trois grands loups sont restés sur place : une grande louve tuée par le baron Viard, membre du Corps législatif ; un grand loup tué par M. Forquignon, et enfin le troisième grand loup tué par le sieur Henry, piqueur de M. le vicomte de Fréhaut.