Le quotidien dans la presse de 1895
L'EST REPUBLICAIN du dimanche 6 janvier 1895:
Médailles d'honneur
..Aujourd'hui dimanche, à dix heures, M. Stéhelin, préfet de Meurthe-et-Moselle, remettra lui-même, aux titulaires, à la préfecture, les médailles d'honneur qui ont été décernées aux employés et ouvriers qui ont trente ans de services consécutifs dans le même établissement industriel ou commercial du département de Meurthe-et-Moselle. Voici leurs noms :
.../... ; Joseph Girard, lamineur aux mines d'Ars-sur-Moselle et Pompey, à Pompey ; .../... ; Ernest Mêche, ferbantier aux usines d'Ars-sur-Moselle et Pompey, à Pompey ; .../... ; Jean Rassel, garde aux usines d'Ars-sur-Moselle et Pompey à Pompey ; .../...
L'EST REPUBLICAIN du jeudi 17 janvier 1895:
...CHRONIQUE DE L'EST
.......LES
INONDATIONS
..Comme il était facile de le prévoir, par suite de la fonte des amas de neige et des pluies qui sont venues activer la débâcle, des inondations sont survenues sur divers points.
..Presque tous les affluents de la Meurthe ont débordé. Le ruisseau de Brichambeau, notamment, a pris peu à peu les proportions d'une rivière et a envahi plusieurs maisons.
..Le ruisseau qui traverse le chemin de Villers, à quelque distance du village, a également pénétré dans les maisons voisines et les prairies sont complètement sous l'eau.
..Il est à craindre que ces débordements partiels ne soient que le prélude d'inondations plus graves, lorsque les masses d'eau déversées par ces ruisseaux se seront réunies.
..Déjà la Meurthe est menaçante. A Malzéville, l'eau couvre la prairie jusqu'à Champigneulles.
..La crue est stationnaire depuis midi, mais si l'innondation n'a pas diminué quand surviendront les eaux des Vosges, attendues pour jeudi matin, des dégâts sérieux sont à craindre.
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...........Jeudi matin
..Ces prévisions émises mercredi soir, sont malheureusement réalisées.
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Dans la soirée de mercredi, la crue de la Meurthe a pris des proportions inattendues et véritablement effrayantes.
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L'EST REPUBLICAIN du vendredi 18 janvier 1895:
A Frouard
..A Frouard, la montée des eaux a été très rapide ; l'usine de Montataire a été complétement envahie, le travail a dû être suspendu. Toute la prairie est couverte par les eaux, qui se pressent sous le grand pond qui unit Frouard à Pompey. Aucun accident n'a été signalé.
..Pendant toute la nuit de jeudi à vendredi, des agents ont été placés près du lieu des débordements afin de prévenir les autorités et d'aider aux premiers besoins.
..A cinq heures, les membres du conseil municipal se sont réunis à l'hôtel de ville pour voter les premiers secours aux victimes des inondations.
..Le bureau de bienfaisance a distribué aux inondés une grande quantité de paille et des chaussures qu'il avait en magasin.
L'EST REPUBLICAIN du mercredi 13 février 1895:
Pompey
..M. Coinchot, cingleur aux forges de Pompey, qui se trouvait un instant près du four à puddler où travaillait M. Jules Cornibé, voyant celui-ci peu avancé dans son travail , s'avisa de lui adresser quelques plaisanteries.
..Cornibé, furieux, saisit un crochet qui lui sert à remuer la fonte en fusion et le lança sur Coinchot qui a été brûlé au bras droit et à la poitrine.
L'EST REPUBLICAIN du samedi 23 février 1895:
Pompey
..La gendarmerie de Frouard a ouvert une enquête sur une rixe qui a éclaté à la ferme du Haras, territoire de Pompey, entre les sieurs Jules Lamy, domestique, et Joseph Belleguise, cultivateur. Ce dernier a porté à son domestique un violent coup de bâton qui lui a occasionné une blessure assez grave à la tête.
L'EST REPUBLICAIN du samedi 23 mars 1895:
TRIBUNE PUBLIQUE
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..On nous écrit:
..« Le chemin de Pompey à Manhoué par Custines passait au travers de l'usine Fould-Dupont, et gênait la construction de l'aciérie projetée par M. Fould. En conséquence, ce dernier demanda la rectification du tracé primitif et fit pour l'obtenir des propositions que je ne critique pas, ne les connaissant pas. Nous venons d'être avertis de la présence, à la mairie de Pompey, pendant trois jours consécutifs, du 29 au 31 mars prochain, d'un commissaire enquêteur, chargé de recevoir les observations des intéressés au sujet des propositions faites par M. Fould pour obtenir la rectification demandée. Vous pensez d'après ceci, que cette rectification du chemin de Pompey à Manouhé n'est pas encore chose faite. Eh bien ! non, ce n'est pas chose faite; mais ce qui est fait , c'est bel et bien l'enlèvement de la partie du chemin traversant l'usine Fould-Dupont; les brouettes, wagonnets, pioches et pelles emmanchées par ouvriers plus ou moins Français, dit-on, n'en ont pas laissé trace, et n'en déplaise à M. le préfet, au conseil général et au service de la voirie de Meurthe-et-Moselle, le chemin de Pompey à Manhoué n'existe plus. Qu'en pensez-vous, communes qu'on a imposées d'office pour la construction du dit chemin ? Moi, j'ai pensé que M. Fould s'est dit en République, on pratiquer toutes les libertés, ... y compris celle de l'accaparement et qu'il se moque comme d'une guigne de ceux qui iront dire à M. le commissaire enquêteur le 29, le 30 ou le 31 mars qu'ils ne sont pas contents.
..C'est tout de même raide.
..Agréez, etc. - X. »
L'EST REPUBLICAIN du dimanche 24 mars 1895:
Tribunal correctionnel de Nancy
.....Audience du 23 mars
..Abus de confiance. - Léon-Marie Binet, 25 ans, manoeuvre à Pompey, avait été chargé par un de ses camarades d'aller chercher le salaire de son travail, s'élevant à 20 fr. Pour faire cette commission, Binet emprunta le veston de son ami, puis il disparut emportant l'argent et le vêtement. Il a déjà subi quatre condamnations pour faits contraires à la probité.
- Huit mois de prison par défaut.
Pompey
..On vient de découvrir, dans les crassiers des hauts-fourneaux, les cadavres de deux hommes entièrement carbonisés. Ces malheureux, qui paraissent être le père et le fils, avaient dû venir chercher là, jeudi soir, un refuge pour la nuit.
L'EST REPUBLICAIN du samedi 30 mars 1895:
Marbache
..M. François Labbé, âgé de 30 ans, mineur, était occupé à abattre un bloc de marne du plafond de la galerie, lorsque, ne pouvant la faire tomber en frappant de front, il se mit à genoux afin d'en venir à bout par dessous. Il était à peine dans cette position que le bloc se détacha et lui tomba sur les reins.
..Labbé réussit à se dégager, malgré le poids de cette masse qui pesait 400 kilogrammes, avec l'aide de deux de ses camarades.
..M. le docteur Mansuy, de Dieulouard, qui lui a donné des soins, a déclaré que l'incapacité de travail serait de trois semaines.
L'EST REPUBLICAIN du mardi 9 avril 1895:
La fonte en Meurthe-et-Moselle
..La production de la fonte monte d'année en année dans notre département; elle passe de 220.000 tonnes, en 1872, à 716.000 tonnes en 1882, et atteint, en 1893, le plus haut chiffre, auquel elle soit encore parvenue, soit 1,216,000 tonnes.
..Parmi les 22 départements producteurs de fonte, il en est 7 dans lesquels la production a dépassé 50,000 tonnes.
..En première ligne, le département de la Meurthe-et-Moselle a fabriqué 1,216,000 tonnes de fonte, soit les six dixièmes de la production totale de la France. Vient ensuite le Nord (206,000 tonnes); puis Saône-et-Loire, le Pas-de-Calais, les Landes, la Loire-Inférieure et la Haute-Marne, dont la production a varié de 80,000 à 59,000 tonnes.
L'EST REPUBLICAIN du jeudi 25 avril 1895:
Conseil général de Meurthe-et-Moselle
......Séance du mercredi 24 avril
..Chemin d'intérêt commun n°54. - Changement de tracé sur le territoire de Pompey. - M. Fordoxel, rapporteur.
..Le rapport conclut au renvoi à la prochaine session.
..M. Maringer appuie ces conclusions. Il n'est pas l'adversaire de M. Fould, mais nous devons sauvegarder les intérêts du département et des communes. J'ai vu, dit-il, dans le dossier, que les travaux étaient évalués à 25,000 fr. sur lesquels M. Fould donne 10,000 fr., plus le terrain. Cette offre me paraît bien faible étant donnés les avantages que ce projet présente pour M. Fould, dont il réunit les propriétés en un seul tenant. M. Maringer demande un supplément d'études.
..Le renvoi est adopté.
L'EST REPUBLICAIN du dimanche 28 avril 1895:
Pompey
..M. Georges Brocart, charpentier à Frouard, occupé au montage du marteau-pilon à l'usine de Pompey, a eu trois doigts de la main gauche écrasés par un instrument appelé guibardon, du poids de 400 kilogrammes.
L'EST REPUBLICAIN du samedi 11 mai 1895:
Pompey
..Deux individus ont assailli, une de ces dernières nuits, M. Caraux, contremaître aux forges, et l'on fort malmené. La victime a l'arcade sourcilière gauche fendue, ainsi que la lèvre supérieure, et trois dents cassées; les bras et la poitrine portent de nombreuses ecchymoses.
..- Le sieur Joseph Matheus, ajusteur, a porté plainte à la gendarmerie contre le sieur Sébastien Haas, ajusteur, qui à la suite de paroles aigre-douces, l'a saisi à la gorge et lui a porté plusieurs coups de poing. Procès-verbal a été dressé.
L'EST REPUBLICAIN du dimanche 12 mai 1895:
Tribunal correctionnel de Nancy
.........Audience du 11 mai
..Les batailleurs. - Albert-Eugène Kleppert, 20 ans, ajusteur, rencontrait le 21 avril le sieur François, de Pompey, et après quelques injures réciproques, se livrait sur lui à des voies de fait. - 16 fr. d'amende.
L'EST REPUBLICAIN du samedi 25 mai 1895:
Frouard
..Dans la nuit de jeudi à vendredi, vers minuit, le nommé Léopold Perrin, âgé de 29 ans, homme d'équipe à la gare de Frouard, était occupé à la manoeuvre, lorsqu'en voulant accrocher un wagon, il glissa et tomba sous les roues qui lui coupèrent la jambe droite au-dessus du genou.
..Relevé pas ses camarades et après avoir reçu les soins que nécessitait son état, il fut placé dans un wagon d'un train se dirigeant sur Nancy et transporté à l'hôpital civil.
..On nous signale, à propos de cet accident, la conduite surprenante d'un médecin de la localité, qui, averti immédiatement de ce triste événement, aurait refusé de se déranger pour donner ses soins au blessé, sous prétexte qu'il n'était pas le médecin de la Compagnie.
..L'on a dû, par conséquent, donner quelques soins tout à fait sommaires au blessé, en attendant l'arrivée du médecin de la compagnie qui habite Pompey.
..Il est difficile, si le fait est exact, de ne pas être surpris et indigné d'une pareille conduite.
..Ajoutons que Perrin a subi l'amputation du membre blessé dans la matinée de vendredi.
L'EST REPUBLICAIN du mardi 25 mai 1895:
Pompey
..Notre correspondant de Pompey nous communique le sauvetage suivant dont le héros est un de nos compatriotes, M. Marchal, capitaine au 11e de ligne, à Castelsarrazin (Tarn-et-Garonne) :
..« Quelques soldats du 2e bataillon du 11e de ligne procédaient au lavage réglementaire des effets d'habillement, sur les bords du canal, lorsque l'un deux tomba à l'eau et allait infailliblement se noyer sans l'intervention de M. le capitaine Marchal.
..C'est officier, n'écoutant que son courage, quitta sa tunique et ses bottes et plongea dans le canal. Il fut assez heureux pour atteindre le militaire, qui avait déjà disparu sous l'eau, et le ramener sur la berge avant que l'asphyxie fût complète.
..M. Marchal est né à Bernécourt. Il est neveu de notre honorable conseiller d'arrondissement, M. Paillier, auprès de qui il a passé une grande partie de sa jeunesse. »
L'EST REPUBLICAIN du vendredi 31 mai 1895:
AVIS
..Pour faciliter le retour des voyageurs de la direction de Toul qui se seront rendus à la foire de Nancy les 2, 3 et 9 juin 1895, un train spécial quittant Nancy à 11 h. 35 du soir, pour arriver à Toul à minuit 27 et s'arrêtant à toutes les stations du parcours, aura lieu aux dates indiquées ci-dessus et aux heures suivantes:
..Nancy (départ), 11 h. 35 ; Champigneulles, 11 h. 42, 11 h. 43 ; Frouard, 11 h. 47, 11 h. 50 ; Liverdun, minuit 01, minuit 02 ; Fontenoy, minuit 14, minuit 15; Toul, minuit 27 (arrivée)
..- Un train spécial quittant Nancy à 11 h. 45 soir pour arriver à Pagny-sur-Moselle à minuit 47 et s'arrêtant à toutes les stations du parcours (sauf aux haltes de Belleville et de Vandières) aura également lieu les 2, 3 et 9 juin 1895, aux heures suivantes:
..Nancy (départ), 11 h3 45 soir ; Champigneulles, 11h. 52, 11 h.53 ; Frouard, 11 h. 57, 11 h. 59 ; Pompey, minuit 04, minuit 05 ; Marbache, minuit 11, minuit 12 ; Dieulouard, minuit 21, minuit 22 ; Pont-à-Mousson, minuit 31, minuit 34 ; Pagny-sur-Moselle, minuit 47 arrivée.
..- Pendant les soirées des 2, 3 et 9 juin 1895, le voyageurs 14-33 quittant Nancy à 9 heures du soir, par la direction de Mirecourt, s'arrêtera exceptionnellement à toutes les stations et haltes de son parcours.
..Par suite, il n'arrivera à Mirecourt qu'à 11 h. 19 du soir, au lieu de 10 h. 59 soir.
L'EST REPUBLICAIN du samedi 1er juin 1895:
Un tour de foire
..Depuis le retour du beau temps, Nancy n'est plus dans Nancy ; il est à la foire. Le soleil a fait ce que n'auraient pu faire les réclames les plus ingénieuses et les coups de grosse caisse les mieux appliqués. Tant que la pluie a persisté, la foire a langui ; la véritable ouverture date du premier jour de beau temps, qui a fait éclore de nouvelles attractions et fermer les parapluies. Les prophètes de malheur en seront pour leurs jérémiades ; la foire de mai 1895 égalera en succès les précédentes. A partir de trois heures du soir le cours Léopold ne désemplit pas et les forains sont dans une joie qui se traduit par un redoublement de tapage.
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..Les foires ont besoin de soleil pour s'épanouir librement. Par la pluie rien de plus morose. Le clinquant et les dorures se voilent sous des housses protectrices ; les toiles enluminées pendent lamentablement et les personnages peints sur les devantures, fouettés par les averses, semblent verser de vraies larmes à travers leurs grimaces. Les instruments sonnent faux, les saltimbanques sont de méchante humeur, les clowns gambadent sans entrain et les boniments des pîtres, écoutés distraitement, manquent de conviction. La recette, hélas ! est compromise, et cette réflexion peu gaie, gâte la joie de la foire. Aussi les curieux, lassés de piétiner dans la boue, se dispersent-ils rapidement.
..Mais au soleil quelle différence ! Surtout sous les grands arbres du cours Léopold, où il descend en cascades brillantes, capricieusement découpées par les feuillages, et où il n'a pas à lutter contre la poussière. Les toiles les plus vulgaires resplendissent et de loin font l'effet de tableaux de maîtres. Les chevaux de bois prennent le galop, les spectateurs s'amusent de tout, s'attardent à toutes les parades et leurs éclats de rire sont autant d'encouragements pour Guignol et pour Polichinelle, dont la verve ne tarit pas. Bravo le soleil ! Avec son arrivée, c'est une ère nouvelle que la foire va traverser, il faut qu'on se le dise dans nos campagnes, où la foire en mai est justement célèbre.
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..Voici le moment d'en faire le tour.
..L'allée centrale est toujours la préférée des promeneurs élégants, qui lui sacrifient les délices du Dom. Les enseignes affriolantes : A l'Abondance des douceurs, A la source des friandises continuent à alterner avec les Diamants du Brésil et les Articles de Paris. Pain d'épices, pâte de guimauve, nougats de Montélimar et bonbons anglais, telles sont les principales spécialités de l'allée centrale.
..En revanche, quelle variété dans l'allée latérale de droite, et quelle foule joyeuse ! C'est là que les bonnes d'enfants et les militaires se rendent de préférence. Constatons que cette année la science, comme en beaucoup d'autres endroits, y trône en maîtresse: << Halte-là ! lit-on sur une baraque; c'est ici le phonographe Edison perfectionné, machine parlante et chantante, la plus grande merveille de nos jours.
..Il y a jusqu'à trois ou quatre phonographes Edison. Le plus avancé répète le dernier discours de M. Carnot et chante un air de la Juive.
..Mais la science n'a pas tout pris et les classiques distractions foraines ont leur place. Voici une série de tirs plus luxueux les uns que les autres ; des loteries étincelantes, où l'on gagne de fort jolies choses - quand on gagne ; un Massacre des innocents, le jeu chéri de notre enfance, deux dioramas où l'actualité, toujours à l'affût, a déjà placé la catastrophe de Bouzey.
..Aimez-vous la musique ? Non seulement les orgues de Barbarie vous en feront entendre à bon compte, mais une librairie ambulante vous en fournira, au rabais. Et si, après l'avoir déchiffrée, vous n'en êtes pas satisfait, n'oubliez pas qu'on rend l'argent, dit l'écriteau.
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..Marchons toujours. Ici, c'est l'incomparable Marianna, dont l'Est républicain a raconté les démarches à propos de perroquets. Là c'est Magnéta, l'aérogyne. Qu'est-ce que l'aérogyne, me direz-vous ? C'est une dame dont la baraque est ornée de personnages aériens, de chevaux marins, de tritons soufflant dans des conques. Signe particulier: on ne peut voir de cette dame que le buste, qui paraît fort bien tourné d'ailleurs. Ainsi réduite, elle flotte dans l'espace sans qu'il soit possible de savoir ce qu'elle a fait de ses jambes ainsi que du surplus de sa personne.
..Une campagnarde, qui assistait dimanche à cette exhibition, en restait bouche bée. « - la pauv'femme ! - murmura-t-elle quand elle parvint à retrouver la parole, ce qu'elle doit souffrir, si elle n'a que ça ! »
..De l'autre côté, une petite baraque portant en grosses lettres ces mots Grande attraction, a beaucoup de visiteurs. Cette grande attraction n'est autre que la femme-Chien. J'ai entendu deux curieux qui en sortaient discuter avec animation, sur la question de savoir si la femme chien est une femme ou un homme. Il faut croire qu'on les avait parfaitement renseignés.
..Avançons encore. Quel est ce bruit d'enfer ? C'est la Fantasia arabe qui donne une représentation. La Fantasia arabe a ceci de particulier que sur son enseigne figurent des Lapons. Peut-être ces derniers se sont-ils fait naturaliser à Alger. Peut-être aussi le spectacle comporte t-il des intermèdes. Toujours est-il qu'Arabes et Lapons font un train de tous les diables et paraissent avoir un plein succès.
..Aimez-vous la littérature, et seriez-vous par hasard romantique ? Entrez dans la baraque des Pieuvres vivantes, où vous entendrez lire avec beaucoup d'expression un chapitre des Travailleurs de la mer. Vous savez l'accident arrivé l'autre jour à un spectateur sceptique ? Ayant demandé si les pieuvres étaient bien vivantes, et n'étant pas convaincu par la réponse, il eut l'idée de plonger la main dans le bassin. La pieuvre se prêta de bonne grâce à l'expérience ; elle appliqua une de ses ventouses sur la chair du spectateur, qui cette fois fut convaincu et se mit à crier grâce. Il fallut couper la tentacule de la vilaine bête ; elle n'aurait pas lâché prise. Du reste, les ventouses sont très à la mode dans la médecine ; avis aux rhumatisants.
..Tout à côté, arrêtez-vous devant le salon du Roi des nains, dont la chemise minuscule est fixée à l'entrée par quatre épingles. Puissante antithèse, due sans doute au voisinage de la pieuvre et de Victor Hugo : le roi des nains est mitoyen de l'homme le plus haut du monde, le géant Montagne, haut de 2 m. 34, et sous le bras duquel passe un cocher de fiacre conduisant son attelage. Le cheval lui-même paraît stupéfait.
..Comme pendante, on peut citer Maria, la géante française, qui n'est, dit le programme, ni anglaise, ni allemande, ni italienne - ni espagnole, et qui a grandi tout de même.
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..Nous voici aux chevaux de bois, qui, eux, restent impassibles et tournent sans s'étonner de rien. Ni les Montagnes russes circulaires, ni les Vagues de la mer, ingénieuses combinaisons tournantes, ascendantes et descendantes, ne sont parvenues à détrôner le petit cheval de bois des vieilles foires, qui tient bon malgré son grand-âge ; mais elles ont eu raison des montagnes en ligne droite, mises déjà en défaveur par plusieurs accidents. On n'en voit plus trace à la foire.
..Des rugissements terribles et un parfum spécial nous annoncent l'approche de la Ménagerie Pianet, où une vingtaine de lions se divertissent fort, tous les soirs, à voir défiler les spectateurs. En face le musée genre Grévin - ce que nous appelions autrefois un cabinet de figures de cire - étale des scènes historiques parmi lesquelles on remarque une « Cléopâtre essayant des poisons sur des esclaves ». Les esclaves se tordent sur le sol, maculé d'un sang qui suffirait à démontrer le terrible effet des poisons de l'antiquité.
..Plus loin, c'est la tente bien connue du fameux athlète Achille; en face s'ouvre le Cirque de Dessus-le-Moustier dont l'excessif bon marché met les exercices à la portée de toutes les bourses. Enfin un chemin de fer circulaire, avec tunnel, s'il vous plaît, nous conduit à l'allée du Nord, l'allée de la vaisselle, où les ménagères prévoyantes auscultent le pouls des soupières et passent la revision des saladiers. Il y a là de quoi dresser le couvert pour l'armée française tout entière.
..Et nous sommes ainsi ramené à la place de l'Académie, devant le théâtre Potel, dont les décors splendides, brossés de main de maître, rivalisent avec l'éclat des costumes.
..Le théâtre Potel est, sans contredit, le mieux agencé des spectacles forains. Sa féerie actuelle, l'Oiseau bleu est une série d'éblouissements, et, ce qui ne gâte rien, les artistes ne sont pas sans mérite.
..Que dirais-je du Cirque plège, de ses écuyers et écuyères, de ses acrobates et de ses clowns ? De l'avis de tout le monde ils sont des plus intéressants, mais rendre compte d'une représentation dépasserait les bornes d'une simple chronique.
..Une primeur, pour terminer : Guignol, Guignol en personne, est en train de s'installer place de l'Académie.
..Le nom n'est pas usurpé par une marionnette vulgaire ; il s'agit d'un Guignol coquet, qui a fait ses preuves dans les salons, et qui rosse le commissaire avec une rare élégance. Un auteur nancéien a écrit pour lui plusieurs pièces. Déjà ! comme disait Chilpéric en recevant Molière.
..Les représentations auront lieu à partir de dimanche.
..Ce qui précède suffit à donner une idée de l'aspect extérieur de la foire ; il reste encore dix jours pour en voir de près toutes les merveilles. Qu'on se le dise !
NITOUCHE.
L'EST REPUBLICAIN du mercredi 5 juin:
Marbache
..M. Jean Fransot, âgé de 54 ans, mineur, demeurant à Saizerais, et travaillant à la mine de Marbache, avait préparé un coup de mine. Il alla creuser avec un des ses camarades. Un coup de mine retentit. Il supposa que c'était le sien et il s'approcha. Comme il se baissait, une détonation se fit entendre et il fut renversé par les morceaux de minerai. A ses appels, les autres ouvriers accoururent.
..Après lui avoir donné les premiers soins, ils le transportèrent à son domicile, où M. le docteur Mansuy constata qu'il avait la jambe gauche fracturée.
L'EST REPUBLICAIN du vendredi 14 juin:
Tribunal correctionnel de Nancy
.......Audience du 13 juin
..On entrera quand même. - Nicolas Veil, 24 ans, ouvrier de forges à Custines, essayait d'introduire l'autre soir de la boisson à l'usine de Pompey. M. Sommard, garde particulier, voulut l'en empêcher. Veil fit semblant de lui obéir. Il revint sur ses pas, mais c'était sans doute pour mieux prendre son élan, et lancer une pierre au garde, qui fut atteint à la tête.
..M. Sommard n'a pu se livrer à aucun travail pendant dix jours. Veil n'a pas d'antécédents judiciaires. Il est condamné à quinze jours de prison et 16 fr. d'amende, avec sursis pour la prison.
L'EST REPUBLICAIN du 22 juin 1895:
Champigneulles
..Jeudi, vers une heure de l'après-midi, un mineur nommé Alfred Schetzel, âgé de trente ans, demeurant rue Charlemagne, à Champigneulles, occupé à la mine de Bouxières-aux-Dames, a été victime d'un accident grave : Schetzel, allant chercher une pelletée de mine fine au fond d'une galerie, ne s'aperçut pas qu'un bloc se détachait de la voûte et tombait sur lui.
..A ses cris, ses camarades accoururent et après l'avoir dégagé, constatèrent qu'il avait le bras droit broyé et la cuisse droite fracturée. Schetzel reçut les soins nécessaires et fut transporté sur un brancard à l'hôpital civil de Nancy où il a été admis d'urgence.
..Schetzel est marié, père de deux enfants et sa femme est sur le point d'accoucher.
L'EST REPUBLICAIN du dimanche 23 juin 1895:
Pompey
..M. Charles Coudry, machiniste, qui graissait les glissières de la machine faisant fonctionner le train tôle a eu le pied droit entrainé sous un engrenage.
..M. Coudry a été transporté à l'hospice. Le docteur qui l'a examiné a constaté que l'incapacité de travail serait d'environ un mois.
L'EST REPUBLICAIN du mercredi 26 juin 1895:
Commencement de grève à Pompey
..A la suite de difficultés causées par une question de réglement de travail, un certain nombre d'ouvriers des forges Fould-Dupont à Pompey, ayant menacé de se mettre en grève, la direction fit examiner la comptabilité sur le point de litige.
..On reconnut le bien fondé de la protestation des ouvriers à qui justice fut rendue.
..Cependant, l'effervescence n'était pas calmée, et lundi matin, deux cents ouvriers environ ne se rendirent pas au travail, mais ils sont rentrés aux usines aujourd'hui mardi, sans autre incident.
L'EST REPUBLICAIN du vendredi 28 juin 1895:
Tribunal correctionnel de Nancy
........Audience du 27 juin
..Pour couvrir la lune. - La lune du ciel est très peu ou point du tout visible lorsqu'au grand jour se promène le soleil. Or - contraste étrange - celle que porte le sieur Charles Dasserey, terrassier à Pompey, à l'endroit le plus caché de son être, se trouvait précisément, ce jour là, en plein midi, poindre au beau milieu d'une éclaircie très mal survenue au fond de son pantalon. Il voulut éviter un scandale et découvrit justement dans un colis, à la gare, « un indispensable » dont les coutures n'offraient pas la moindre indiscrétion. Il était seul. Il s'en revêtit et se sauva.
..Malheureusement, le propriétaire, qui avait beaucoup ri, il y a un moment, de la lune de Dasserey, fut très surpris de sa disparition subite dans son pantalon à lui, tout flambant neuf, qui se trottait avec les jambes du voleur. Il mit la main au c...ollet de Dasserey et le contraignit à remontrer son impudeur.
..- Pitié, messieurs du tribunal, pleure le prévenu qui montre un peu de littérature et ... toujours sa lune ; c'est la pudeur qui m'a rendu coupable. Condamnation pour condamnation, j'aime autant subir une peine pour vol que pour attentat à la morale ! Je me respecte, moi !...
..Deux mois de prison.
..- Et dire que pour vous tourner le dos, messieurs du tribunal, sanglote à présent le condamné, je suis obligé de vous montrer toujours ma ...lune ! (Il porte la main droite à l'endroit que vous savez et s'affale sur un banc).
L'EST REPUBLICAIN du dimanche 30 juin:
Tribunal correctionnel de Nancy
........Audience du 27 juin
..Encore un qui s'habille à l'oeil. - M. Nicolaï avait confié la garde d'un paquet de vêtements au sieur Jean-Pierre Morfelder, ouvrier forgeron à Pompey. Il eut le malheur de prolonger assez une course qu'il avait à faire pour permettre à son indélicat gardien de filer avec ses effets . - Lorsque Morfelder se décidera à se faire pincer, il restera deux mois en prison.
L'EST REPUBLICAIN du vendredi 12 juillet 1895:
Tribunal correctionnel de Nancy
..Escroquerie. - Albert-Léon Mahy, 43 ans, maçon à Pompey, s'est présenté le 3 juillet chez M. Hachette, avec un billet signé de Mme Dalme et s'est fait remettre une somme de 8 fr. 50 c. - Quatre mois de prison.
L'EST REPUBLICAIN du dimanche 14 et lundi 15 juillet 1895:
..Des médailles d'honneur ont été accordées à l'occasion du 14 juillet par M. le ministre du commerce et de l'industrie aux ouvriers dont les noms suivent, comptant plus de 30 années de services consécutifs dans le même établissement.
..Les ouvriers qui habitent Nancy recevront de M. le préfet les diplômes constatant l'attribution des récompenses.
...../...; Dély, Deutsch, employés aux usines de Pompey; .../...
L'EST REPUBLICAIN du vendredi 26 juillet 1895:
Tribunal correctionnel de Nancy
........Audience du 25 juillet
..Un énergumène. - Bernard Kremer, 34 ans, terrassier à Pompey, ivre comme trente-six pochards, se mit l'autre soir à jouer au Don Quichotte en frappant à tour de bras sur tous les passants. Kremer fait infraction à un arrêté d'expulsion. - Six mois de prison et 5 francs d'amende.
..Au premier venu. - Alfred Bouteille, 23 ans, pudleur à Pompey, n'a pas seulement pris la peine de choisir sa victime. Il avait bu. Il a détendu ses nerfs sur le premier passant. - Quarante jours de prison par défaut.
L'EST REPUBLICAIN du mardi 30 juillet 1895:
Pompey
..M. Victor Leroy, dégrossisseur, demeurant à Frouard, qui était occupé à l'usine de Pompey à remplacer les vis des montants des cylindres du train de puddlage, avait placé son pied droit sur les manchons. Le train ayant mis en marche, M. Leroy, qui est atteint de surdité, ne put retirer son pied qui a été broyé entre les manchons.
..M. le docteur Wilhem qui lui a donné des soins a déclaré que la blessure occasionnerait une incapacité de travail de trois mois.
L'EST REPUBLICAIN du vendredi 2 août 1895:
Grève à Ludres
..Jeudi matin, une grève a éclaté à Ludres. Cent quatre-vingts ouvriers mineurs, sur deux cents cinquante employés à la mine Steinbach, se sont mis en grève.
..Ces ouvriers ont quitté leur travail par suite d'une diminution survenue depuis l'application de nouveaux réglements, mis en vigueur depuis l'arrivée d'un nouvel ingénieur, qui a remplacé M. Defrance.
..Les mineurs se plaignent également de la sévérité de leur nouveau directeur.
..cette grève était prévue, paraît-il, depuis quelque temps; aussi des dispositions avaient-elles été prises pour empêcher les troubles.
..Le capitaine de gendarmerie de Nancy s'est rendu sur les lieux avec une brigade.
Nouveaux détails
..Voici les motifs qui ont poussé les ouvriers de la mine Steinbach à se mettre en grève : il y a quelque temps le filon de minerai en exploitation étant terminé la compagnie faisait commencer l'extraction d'une nouvelle couche d'une épaisseur plus grande et d'un travail plus facile que l'ancien.
..Par suite de ces circonstances, les mineurs qui sont payés à la tonne de minerai extrait, purent augmenter leur salaire. La compagnie trouvant que le travail exécuté ne justifiait pas cette augmentation, décida alors qu'une diminution de 10 à 30 centimes serait faite par tonne. Cette mesure fut d'abord appliquée à trente-quatre ouvriers, mais peu à peu elle devait s'étendre sans exception à tous leurs camarades.
..Par suite de ce nouveau tarif, une diminution de 0 fr. 70 en moyenne, se fit sentir sur la nouvelle journée des mineurs, qui résolurent de se mettre en grève afin de travailler aux prix obtenus.
..Jeudi matin, vers huit heures, les mineurs envoyèrent trois délégués près de M. Blanc, ingénieur, pour exposer leurs revendications.
..M. Blanc, ingénieur, pour exposer leurs revendications.
..M. Blanc répondit qu'il allait transmettre leur demande à M. Mager de Leval, directeur de la mine, qui habite Jarville, mais qu'il ne croyait pas que satisfaction leur serait donnée.
..A onze heures du matin, M. Mager, arrivé à Ludres, entendît les délégués au bureau de la mine ; il leur déclara que les nouveaux prix serait maintenus, mais que des gratifications seraient accordés chaque mois aux meilleurs ouvriers, qui n'auraient pas obtenu leur ancienne moyenne de salaire.
..Les délégués se rendirent près de leurs camarades à qui ils firent part de la réponse du directeur.
..Les mineurs qui étaient restés aux environs de l'entrée de la mine, gardée par la gendarmerie, descendirent vers le village où ils gagnèrent dans le plus grand calme leur domicile.
..A une heure, les autres ouvriers qui le matin n'avaient pas suivi les grévistes ne sont pas rentrés à la mine dont le travail a été complètement interrompu.
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..Les ouvriers se plaignent également que maintenant on veut leur imposer huit heures de travail, dans la mine ; jusqu'à ce jour ils travaillaient le nombre d'heures qu'ils voulaient, ce qui fait que d'après les livres de la mine, à certains jours de la semaine le travail est peu productif. C'est M. Blanc qui leur a imposé huit heures de présence ; c'est un des graves reproches qu'ils lui font.
..Le 1er de chaque mois, bon nombre d'ouvriers ne vont pas travailler et se rendent habituellement à l'économat, situé à Jarville, pour y faire leurs emplettes, ce qui explique déjà que le nombre de grévistes est moins grand que ne l'a annoncé hier un de nos confrères, qui en fixe le chiffre à 400, alors qu'il n'y a que 230 mineurs, qui ont cessé le travail.
..La journée s'est passée dans le calme le plus absolu et le village de Ludres n'avait pas perdu sa tranquillité accoutumée. C'est à peine si on remarquait quelques mineurs se promenant dans les rues.
..M. le colonel Loyer, commandant la 6e légion bis de la gendarmerie, est venu à Ludres ; après avoir conféré avec M. le maire et M. Gerber, commissaire de police, il a donné l'ordre à la brigade envoyée de Nancy de rentrer. Deux gendarmes ont été laissés dans la commune jusqu'à la fermeture des établissements publics.
..Tout fait espérer que, vendredi matin, le travail sera repris dans les galeries.
..Cette mines est la plus ancienne concession exploitée dans le département, elle possède deux entrées : celle de Ludres, par laquelle passe le minerai qui est conduit dans les wagons sur la ligne de Nancy à Mirecourt, entre les stations de Ludres et de Messein ; la seconde (qui fut la première galerie), se trouve au tournant de la côte de Chavigny, route de nancy à Neuf-Château ; elle ne sert que pour le passage des ouvriers qui habitent Chavigny.
..D'après les renseignements recueillis par M. Baffrey, commissaire de police à Pont-Saint-Vincent, on croit que la grève sera localisée à la mine Steinbach et qu'elle ne gagnera pas les autres mines de Messein, Neuves-Maisons, Pont-Saint-Vincent et Maron.
L'EST REPUBLICAIN du samedi 3 août 1895:
Grève à Ludres
.Fin de la grève
..Ainsi que nous l'avions prévu, la grève est terminée, vendredi matin la majeure partie des ouvriers sont rentrés dans les galeries. Plusieurs ouvriers avaient bien essayé de faire continuer la grève en engageant leurs camarades à ne pas reprendre le travail, mais leurs paroles restèrent sans résultat. Voyant qu'ils ne pouvaient réussir, ceux-ci prirent eux-mêmes la résolution de rentrer à la mine et de travailler.
..A dix heures du matin, quinze ouvriers sur deux cent quarante n'avaient pas repris leur travail.
..La brigade de gendarmerie qui avait été envoyée à Ludres vendredi matin pour garder l'entrée de la mine est revenue à Nancy à dix heures, laissant à Ludres deux gendarmes pour ouvrir une enquête sur des menaces qui auraient été proférées contre M. Blanc, ingénieur.
L'EST REPUBLICAIN du vendredi 9 août 1895:
Pompey
..Le nommé Albert Mahy, âgé de 4 ans, maçon, sans domicile fixe, a commis deux escroqueries à l'égard d'un épicier et d'un boulanger de Pompey en faisant usage d'une fausse qualité.
..Le prévenu ayant été condamné à quatre mois de prison par le tribunal correctionnel de nancy, a appelé de ce jugement.
..La Cour a confirmé le jugement dans son audience du 7 août.
L'EST REPUBLICAIN du mercredi 4 septembre 1895:
Pompey
..Le jeune Auguste Blaisius , âgé de 15 ans, forgeron, travaillant aux forges de Pompey, était occupé à ouvrir la porte d'un four pour y faire entrer un wagonnet de ferraille. Une plaque de tôle, du poids de 25 kilogrammes, glissa du wagonnet et lui tomba sur le pied gauche dont les deux doigts furent écrasés.
..Transporté à l'hôpital, l'amputation de l'orteil a été jugées nécessaire.
L'EST REPUBLICAIN du dimanche 8 septembre 1895:
Tribunal correctionnel de Nancy
.Audience du 6 septembre (suite)
..- Jean-Baptiste françois, 16 ans ; Charles Simonin, 14 ans, à Pompey, chacun 1 fr. d'amende pour pêche dans une partie réservée.
L'EST REPUBLICAIN du mardi 10 septembre 1895:
Pompey
..M. Graff, restaurateur à frouard, a porté plainte à la gendarmerie contre plusieurs enfants, demeurant à Pompey, qui sont entrés dans une île de la Moselle dont il est locataire et ont brisé un abri de pêcheurs, ainsi que de nombreuses branches aux arbres fruitiers. Le tout est évalué à 40 fr.
L'EST REPUBLICAIN du mercredi 11 septembre 1895:
Marbache
..Mme veuve Bour, âgée de 81 ans, allait chaque jour ramasser des chutes de bois, provenant des boiseurs, sur le chantier de la mine « Patin-Chêne ».
..Le 6 septembre, vers cinq heures du soir, M. Drouin, mineur, poussait un wagon chargé de minerai, lorsque à quelques mètres de la sortie de la galerie, il s'aperçut que son wagon était calé. s'étant approcher pour constater ce qui l'empêchait de marcher, il aperçut Mme Bour étendue sur le côté de la voie, le bras gauche presque coupé par la roue.
..Mme Bour fut dégagée et transportée à l'hospice de Pompey, où M. le docteur Wilhem lui a fait l'amputation du bras.
L'EST REPUBLICAIN du samedi 14 septembre 1895:
Tribunal correctionnel de Nancy
..Audience du 13 septembre
..- Jean Premm, 25 ans; Nicolas Thull, 24 ans, mariniers à Pompey, ont tendu des engins prohibés.-chacun 150 fr. d'amende.
L'EST REPUBLICAIN du mardi 17 septembre 1895:
Pompey
..Le jeune Jean-Baptiste Schveitzer, âgé de quatorze ans, travaillant aux aciéries, s'était assis, pour manger, sur une planche recouvrant un coffre, lorsque celle-ci fit bascule ; il tomba d'une hauteur de trois mètres. Dans sa chute, ce jeune garçon s'est fracturé les deux bras. M. le docteur Wilhem a déclaré que l'incapacité de travail serait d'environ six mois.
L'EST REPUBLICAIN du jeudi 19 septembre 1895:
Rentrée des classes
..La rentrée des classes pour l'année scolaire 1895-1896 aura lieu dans les écoles primaires élémantaires de garçons et de filles, le mardi 1er octobre, à huit heures du matin.
..Une affiche miniciplae indique les programmes d'enseignement. Rappelons qu'à Nancy, chaque jour, les familles sont prévenues à domicile et sans frais des absences faites par leurs enfants, et à la fin de chaque trimestre, elles reçoivent un bulletin sur la conduite, le travail et les progrè des éléves.
L'EST REPUBLICAIN du mardi 24 septembre 1895:
Pompey
..La jeune Marie Lelou, âgée de dix ans, s'étant arrêtée avec plusieurs de ses camarades devant les balançoires installées sur la place de la mairie, à l'occasion de la fête patronale, a été atteinte par l'une d'elles qui lui a fait une blessure assez grave à l'oeil gauche.
L'EST REPUBLICAIN du jeudi 3 octobre 1895:
Pompey
..Dans la soirée de lundi, le nommé Jean-Baptiste Barthelemé, âgé de 44 ans, magasinier à l'usine de Pompey, se trouvant au café Graff, avec deux de ses camarades, a été provoqué, puis frappé de deux coups de bâton par le sieur Auguste Nicolas, âgé de 27 ans, chaudronnier, demeurant à Pompey.
..Ce dernier avait déjà cherché querelle dans la soirée aux consommateurs qui se trouvaient dans l'établissement.
..Les coups qu'il a portés au sieur Barthelemé ont occasionné à celui-ci une blessure assez profonde.
..Procès-verbal a été dressé.
L'EST REPUBLICAIN du vendredi 11 octobre 1895:
Frouard
..Mardi dernier, 8 du courant, vers huit heures du matin, le sieur François Mourot, âgé de 44 ans, s'est endormi, étant ivre, sur le parapet du pont de la Moselle, entre Frouard et Pompey. Ayant fait un mouvement, il est tombé d'une hauteur de six mètres environ dans la rivière.
..Les témoins de cet accident se sont portés aussitôt à son secours, mais quand on l'a retiré il avait cessé de vivre.
L'EST REPUBLICAIN du mardi 22 octobre 1895:
Pompey
..Exposion aux forges. - Un accident, qui aurait pu avoir les conséquences les plus terribles, est arrivé aux forges de Pompey, dans la nuit de dimanche à lundi.
..Vers trois heures et demie du matin, une explosion formidable se faisait entendre et l'écho s'en répercutait jusque dans le village, à plus de trois cents mètres. Les habitants, que la détonation avait brusquement tirés du sommeil, avaient cru d'abord à l'explosion de quelque fourneau et redoutaient une catastrophe. Le bruit avait même couru, quelques instants après, qu'il y avait plusieurs morts et plus de trente blessés.
..Il n'en était heureusement rien. Voici ce qui venait de se produire : Une grosse « tuyère », conduite par où le métal en fusion s'échappe du fourneau, obstruée par les crasses, paraît-il, avait cédé sous la pression et éclaté avec une détonation comparable à celle d'un coup de canon. Le contact du métal avec le sol produisait en outre, un sifflement continu et sempbalble à celui qui dénonce un échappement de vapeur.
..Les débris de la conduite, lancés avec une force inouïe, avaient été projetés dans tous les sens et retombaient ça et là emportant avec eux, comme une poix ardente, le métal adhérent.
..Aucun ouvrier ne se trouvait à ce moment dans ces parages. Mais l'émoi fut grand parmi les diverses équipes lorsque l'on entendit et que l'on se vit couvert d'une pluis de feu.
..Les vêtements des hommes présents, seuls ont été détériorés. Tout se borne donc à des dégâts purement matériels.
..Une fois passée la première et bien compréhensible frayeur, les ouvriers se sont occupés d'arrêter la fuite du métal. Les réparations n'ont nécessité qu'une partie de la matinée, et l'on a pu rallumer le fourneau dans l'après-midi.
L'EST REPUBLICAIN du samedi 26 octobre 1895:
Tribunal correctionnel de Nancy
..- Le jeune Schmitt, de Pompey, n'a pas jugé une seule ligne suffisante pour une pêche fructueuse. Il en a pris deux. - 5 francs d'amende.
..- Trente-deux jeunes gens festoyaient gaiement, l'autre dimanche, à une heure indue, au restaurant Baguès à Pompey. Survinrent les gardes. Cinq des consommateurs répondirent à leurs menaces de procès-verbal par des injures et même des bousculades. - L'un d'eux, Joseph Clément, est acquitté. Les quatre autres : Léon-Justin Didion, Jean-Joseph Bollot, François Bèlery et Charles-joseph Masson, sont condamnés à 25 fr. d'amende.
L'EST REPUBLICAIN du vendredi 22 novembre 1895:
Tribunal correctionnel de Nancy
...Audience du 21 novembre
..Le défilé des voleurs. - .../...
..Célestin Grandhomme, 43 ans, est, ou du moins était tailleur à Pompey. Aujourd'hui il est ailleurs, ce qui n'est pas la même chose. Or, voici pourquoi il a filé : sa propriétaire lui avait confié un épais tricot de laine qu'il devait lui rendre tout neuf après quelques coups d'aiguille. Grandhomme, qui allait être arrêté pour infraction à un arrêté d'expulsion, a jugé prudent de mettre la frontière entre son tricot, sa propriétaire et la justice. - Six mois de prison par défaut.
..Pêche. - Eugène-Jean-Baptiste Chenal, 42 ans, forgeron à Pompey, a pêché à la ligne de fond dans un lot appartenant à la société des pêcheurs à la ligne. - 200 fr. d'amende par défaut.
L'EST REPUBLICAIN du dimanche 24 novembre 1895:
Tribunal correctionnel de Nancy
..Outrages. - Marie-Eugénie Spodart, femme Hamert, 41 ans, sans profession à Pompey, a outragé le garde-champêtre dans l'exercice de ses fonctions. - 25 fr. d'amende, avec sursis.
L'EST REPUBLICAIN du vendredi 29 novembre 1895:
Tribunal correctionnel de Nancy
..Coups. - Charles-Joseph Masson, 21 ans, mineur à Pompey, a frappé de plusieurs coups de poing, et cela sans aucune provocation, M. Munier, qui avait déposé contre lui dans une affaire correctionnelle.- Dix jours de prison, par défaut.
L'EST REPUBLICAIN du dimanche 1er décembre 1895:
Tribunal correctionnel de Nancy
..Pêche. - Nicolas Arnould, 39 ans, manoeuvre à Pompey, a pêché à la ligne dans une réserve de la Moselle. - 10 fr. d'amende.
L'EST REPUBLICAIN du vendredi 6 décembre 1895:
Ars-sur-Moselle
On écrit à la Gazette de Lorraine :
..« Le bruit court avec persistance que M. le baron de Stumm, le richissime industriel de Halberg, a entamé, pour l'acquisition des forges d'Ars, des négociations qui ne tarderont pas à aboutir. Or lorsque le « roi Stumm » sera propriétaire de ces forges, nous pouvons compter que la canalisation de la Moselle ne se fera pas attendre, et dès que cette oeuvre d'une égale importance pour la Lorraine et pour la province du Rhin sera un fait accompli, la ville d'Ars ne pourra manquer de recouvrer son ancienne prospérité. En attendant, les spéculateurs s'occupent déjà de l'achat de maisons à bon marché, et celui qui dès maintenant fait l'acquisition d'un immeuble n'aura certes pas à s'en repentir.»
L'EST REPUBLICAIN du samedi 7 décembre 1895:
La Sainte-Barbe au Val-de-Fer
..La Sainte-Barbe a été brillamment fêtée aux mines de la haute Moselle.
..Tous les mineurs du Val-de-Fer s'étaient réunis à Neuves-Maisons, devant la maison du directeur, d'où la statue de la sainte, patrone des mineurs, a été portée à l'église.
..La musique de la Haute-Moselle marchait en tête, suivie de la bannière de la corporation. Les ouvriers étaient environ cinq cents. Une messe en musique a eu lieu ensuite.
..Un banquet a réuni à midi l'administration des mines, les employés et les mineurs les plus anciens. Tout s'est passé très cordialement.
..Des cérémonies semblables ont eu lieu à Ludres, à Chavigny et à Messein.
..Des bals pleins d'entrain ont terminé la fête qui s'est prolongée durant une partie de la nuit.
L'EST REPUBLICAIN du dimanche 29 décembre 1895:
Pompey
..M. Emile Ligeret, âgé de vingt-neuf ans, lamineur, était occupé à passer sous les cylindres un lingot de fer, chauffé à blanc. Une poche de laitier, qui se trouvait dans ce lingot, éclata subitement et M. Ligeret fut grièvement brûlé au bras droit. M. le docteur Wihlem a déclaré que l'incapacité de travail serait d'environ un mois.
..- M. François Gely, âgé de trente-trois ans, forgeron, travaillait au train tôle à l'usine de Pompey. Par suite de la rupture d'un cylindre, il fallut décharger le four. Gely et d'autres ouvriers emmenèrent sur un chariot un bloc de fer rouge, du poids d'environ 500 kilogrammes. Ses camarades, trouvant que la charge était trop lourde, abandonnèrent la flèche du chariot, de telle sorte que Gely fut enlevé et retomba juste au-dessous du bloc de fer rouge. Gely a reçu des blessures graves aux jambes et au ventre. Il a été admis à l'hôpital.