Le quotidien dans la presse de 1900
L'EST REPUBLICAIN du dimanche 7 janvier 1900 :
Tribunal correctionnel de Nancy
...Audience du samedi 6 janvier
..J'en mangerais une douzaine ! ... - Lorsqu'il est ivre, Charles Simonin, de Pompey, est un jeune gars qui devient absolument féroce et n'envoie pas dire par un commissionnaire qu'il est capable de tout «avaler». Il n'est pas long, d'ailleurs, à joindre les actes à la parole. Ajoutons qu'il passe , bien qu'il ait à peine 18 ans, pour posséder de solides biceps.
..L'autre jour, en quelques secondes, il dégringola les deux frères Pierson. L'un, atteint d'un méchant coup au bas-ventre, a dû garder une semaine le lit. L'autre eut un poignet luxé. Le garde champêtre lui-même, accouru au tapage, reçut quelques horions. - Simonin est condamné, par défaut, à trois mois de prison.
L'EST REPUBLICAIN du dimanche 14 janvier 1900 :
Pompey
..Plainte a été déposée contre le sieur Brick, manoeuvre, pour mauvais traitements sur la personne de sa femme. Depuis qu'elle est mariée, celle-ci endure un long martyre. Brick vient de la quitter en lui emportant tout son argent et ses papiers de famille.
L'EST REPUBLICAIN du vendredi 19 janvier 1900 :
Pompey
..Un morceau de fonte-acier, du poids de 250 kilos environ, provenant d'un cylindre cassé, a été soustrait dans les chantiers des usines Fould. Le voleur s'est servi d'une cherrette dont les traces des roues ont été relevées. Une piste sérieuse est suivie.
L'EST REPUBLICAIN du dimanche 4 février 1900 :
Pompey
..A la suite d'une dispute avec le nommé Jules Lamontagne, de Pompey, M. Pierre Bonhomme a reçu au visage un coup d'un instrument contondant qui lui a fait une assez sérieuse blessure. M. le docteur Wilhem, immédiatement mandé, a déclaré que l'incapacité de travail serait d'environ 8 jours.
L'EST REPUBLICAIN du lundi 5 février 1900 :
Tamponnement à Pompey
..Dimanche, dans l'après-midi, le bruit se répandait dans Nancy que deux trains de marchandises s'étaient rencontrés sur la ligne de Metz, entre les stations de Pompey et de Marbache. Les esprits étaient cependant tranquillisés, lorsqu'on eut appris qu'il n'y avait aucune victime, les mécaniciens et les chauffeurs ayant pu sauter à bas de leur machine avant que l'accident se soit produit.
..Voici dans quelles circonstances ce tamponnement a eu lieu : Dimanche, vers midi et demie, la locomotive 0,619 faisant machine arrière tirait une rame de wagons vides servant au transport du minerai et appartenant à la société des fonderies de Pont-à-Mousson.
..Cette rame se trouvait sur une voie de garage de la gare de Pompey et s'engageait sur la voie normale, à l'aiguille qui se trouve à la hauteur du crassier des usines Fould, vers la direction de Marbache.
..Au même moment, se dirigeant vers Nancy, arrivait le train 12-76, remorqué par la machine 0723. Par suite d'une courbe assez prononcée qui se trouve à cet endroit, le mécanicien de cette dernière locomotive n'aperçut pas assez à temps le train de minerai. Cependant il employa tous les moyens possibles pour éviter un tamponnement. Malheureusement il ne put réussir et le devant de la locomotive 0723 vint heurter l'arrière du numéro 0619.
..Par suite du choc, le devant de la première machine fut complètement abîmé, les tampons brisés et détruits. Les rails ayant été arrachés des traverses, quatre wagons chargés de billettes d'acier, faisant partie du train 12-76 furent démolis, leur chargement et leurs débris jetés sur les voies. Le train de minerai fut également atteint ; deux wagons, projetés hors de rails, furent démolis, les tampons étant entrés dans les parois.
..La gare de Nancy, avertie de cet accident, envoya aussitôt un train de secours avec le matériel et le personnel nécessaire pour déblayer les voies et rétablir la circulation des trains, sous la direction de MM. Messey, inspecteur principal et Mathieu, inspecteur.
..Après une heure et demie de travail une voie était devenue libre et deux trains se dirigeant sur Nancy pouvaient continuer leur route avec un retard considérable. Les trains dans la direction de Pagny ont pu circuler sans difficultés.
..Dans la soirée, le service était rétabli sur les deux voies et les trains circulaient comme auparavant.
..Cet accident qui est dû à un défaut d'aiguillage a causé des dégâts matériels assez considérables. Une enquête a été ouverte par l'autorité administrative.
L'EST REPUBLICAIN du dimanche 11 février 1900 :
Tribunal correctionnel de Nancy
...Audience du samedi 10 février
..Pensions pas chères. - Henri, dit Michel, 20 ans, ajusteur à Pompey, est doué, assure-t-on, d'un appétit tel qu'une tête de veau ne lui ferait pas peur. Aussi, avait-il pris pension chez Mme Constant, une des meilleures « boîte » de la localité au point de vue de l'abondance des plats et des sauces appétissantes.
..Or, figurez-vous que l'ingrat Michel, non seulement est parti sans payer son mois, mais encore après avoir dérobé 65 fr. par dessus le marché ! Et l'on ose encore parler de la reconnaissance du ventre ! ...
..Les parents se sont engagés à indemniser Mme Constant. - Deux mois de prison, avec sursis.
L'EST REPUBLICAIN du jeudi 15 février 1900 :
Pompey
..Le sieur François Marciaux, âgé de 51 ans, ouvrier de forges demeurant à Champigneulles, a été surpris aux usines Fould au moment où il venait de dérober deux coussinets de bronze.
..Marciaux a été arrêté par la gendarmerie.
L'EST REPUBLICAIN du vendredi 16 février 1900 :
Pompey
..Nous trouvons mentionnée dans le Bulletin départemental de l'enseignement primaire, une charmante petite fête de charité qui remonte déjà à quelque temps, mais qui a laissé la meilleurs impression dans l'esprit de nombreux habitants de Pompey :
..<< Grâce à leur généreuse initiative, les dames composant le comité de patronage de l'Ecole maternelle de Pompey ont pu donner aux enfants de cette école une petite fête à l'occasion de la Saint-Nicolas.
..La municipalité, les bienfaiteurs de l'école et les parents des élèves y ont été admis. Chaque enfants a reçu des oranges et des bonbons. La fête s'est terminée par la distribution des objets suivants achetés avec le produit d'une quête.
..54 tabliers, 48 pantalons, 48 chemises de filles, 12 chemises de garçons, 24 pélerines, 36 bérets, 48 paires de bas, 36 caleçons, 48 jupons et 36 paires de chaussures. >>
..D'autre part, nous apprenons que les dames du comité de patronage de Pompey, se propose d'offrir quelque chose aux enfants de l'école maternelle à l'occasion de Pâques.
La ligne Pompey-Nomeny
..Les voyageurs de la ligne de Pompey à Nomeny apprendront avec plaisir que grâce à l'importance du trafic de cette ligne et aux démarches des principaux intéressés la Compagnie de l'Est se propose de supprimer les trains mixtes entre Pompey et Nomeny pour le service d'été et de mettre en marche un cinquième train dans les deux sens qui ne transportera que les marchandises. Les autres trains ne transportant plus que les voyageurs iront ainsi à une vitesse qui réduira d'environ 40 minutes le trajet de Nancy à Nomeny et vice-versa. Nos félicitations à la Compagnie de l'Est.
L'EST REPUBLICAIN du dimanche 18 février 1900 :
Tribunal correctionnel de Nancy
...Audience du samedi 17 février
..Mouchard ! - M. Bonhomme, de Pompey, affubla, l'autre jour, Jules Lamontagne, habitant la même commune, de l'épithète peu louengeuse de « mouchard », et Jules Lamontagne de faire rentrer l'injure dans la gorge du pauvre Bonhomme... en lui portant plusieurs coups de poing au visage qui le forcèrent à rester alité une longue huitaine. - Quinze jours avec sursis.
L'EST REPUBLICAIN du mercredi 21 février 1900 :
Pompey
..La gendarmerie de Frouard a arrêté les sieurs Sébastien Auffrey, âgé de 29 ans, serrurier, sous l'inculpation d'outrages publics à la pudeur, et Paul Chalimont, âgé de 20 ans, ouvrier de forges, pour outrage aux agents.
L'EST REPUBLICAIN du vendredi 23 février 1900 :
Tribunal correctionnel de Nancy
...Audience du jeudi 22 février
..Outrages publics à la pudeur. - Sébastien-Louis Auffret, 29 ans, serrurier à Pompey, étant ivre, a montré les ta medea photos, du vieil Homère, ou, en termes moins poétiques, a commis un outrage public à la pudeur. - Quinze jours pour le délit, 5 fr. d'amende pour la contravention d'ivresse.
..Outrages à agents. - Etant ivre comme Auguste et la Pologne entière, Barthelemy Côte, 38 ans, ouvrier d'usine à Pompey, a outragé le garde de la commune. - Quinze jours de prison, 5 fr. d'amende par défaut.
.....*** Paul Chalimant, 20 ans, ouvrier de forges, également à Pompey, s'en est pris à un gendarme qui l'engageait à rentrer chez lui en raison de son état « chancelant ». - Dix jours avec sursis.
L'EST REPUBLICAIN du jeudi 1er mars 1900 :
Pompey
..La gendarmerie a arrêté le sieur Joseph Leinden, âgé de 49 ans, ouvrier poseur, demeurant à Custines, qui a été surpris aux usines de Pompey, au moment où il se disposait à enlever de la houille détournée par lui dans une sorte de cachette.
L'EST REPUBLICAIN du vendredi 2 mars 1900 :
Pompey
..Lundi, vers neuf heures du soir, M. Charles Esselin, âgé de 19 ans, manoeuvre, se trouvait devant l'auberge Mougenot. Un inconnu l'appela par son nom et tous deux se rendirent ensemble sur le pont de la Moselle. Tout à coup, un deuxième individu s'avança derrière Esselin, le saisit à la gorge, le coucha sur le parapet du pont, puis aidé du premier, le poussa dans la rivière.
..M. Esselin put sortir de l'eau après avoir été entraîné par le courant pendant près de cent mètres.
..La gendarmerie de Frouard a ouvert une enquête.
L'EST REPUBLICAIN du mardi 20 mars 1900 :
Pompey
..Le sieur Kirsch, de Pompey, âgé de 44 ans, ouvrier aux forges, vient d'être mis en état d'arrestation pour avoir tenté de mettre le feu à un immeuble lui appartenant.
..La femme de Kirsch, qui est âgée de 47 ans, est, il y a quelque temps, partie avec un de ses pensionnaires, jeune homme de 27 ans. Kirsch ayant appris que les deux tourteraux s'étaient réfugiés à Mont-Saint-Martin, partit le 11 de ce mois avec un autre pensionnaire qu'il avait gardé chez lui et se rendit à Mont, où il fit constater légalement le délit d'adultère.
..En revenant à Pompey, dévoyé par l'acte de sa femme, il lui prit l'idée de mettre le feu chez lui. des voisins le surprirent en train d'arroser ses planchers de pétrole, l'empoignèrent solidement et le remirent entre les mains du garde, puis des gendarmes, avant qu'il eut pu faire, comme il disait, «flamber la boîte !»
L'EST REPUBLICAIN du mercredi 21 mars 1900 :
Pompey
..Un accident est arrivé aux hauts-fourneaux de Pompey. Une des énormes poches servant au transport de l'acier en fusion et pouvant contenir environ 12,000 kilogrammes de métal, venait d'arriver à la ligne des lingotières. Soudain, on ne sait par suite de quelle circonstance, une partie de l'acier en fusion déborda du récipient et se répendit sur les hommes qui se trouvaient à proximité.
..Leurs camarades, sans calculer le danger, se précipitèrent à leur secours. Ils leur arrachèrent leurs vêtements et les éloignèrent du danger. Les blessés furent conduits à demi-défaillants et souffrant horriblement dans le bureau du contremaître, où le directeur, - qui, entre parenthèses, a son diplôme de pharmacien, - était venu en toute hâte. Il ordonna les premiers pansements.
Voici les noms des blessés :
..Arnould Wagnem, nombreuses et grièves brûlures aux bras, à une épaule et à une main.
..Nicolas Schneider, de Maxéville, grâves brûlures très étendues et couvrant toute la région dorsale des épaules aux reins ; autres atteintes au cou et à la tête. La voiture d'ambulance a dû le conduire chez lui.
..Schneider, frère du précédent. Plusieurs brûlures sans gravité.
..Wagnem, qui habite les casernes du bas, à Pompey, a pu, après son pansement, rejoindre pédestrement son domicile.
..Schneider a 34 ans ; il est célibataire. Wagnem, qui est marié, n'est âgé que de 29 ans.
L'EST REPUBLICAIN du samedi 24 mars 1900 :
Pompey
..La gendarmerie de Frouard a ouvert une enquête au sujet d'une rixe qui a éclaté à Pompey entre les sieurs Victor Vernet et Alexis Junger, ouvriers d'usines. Au cours de cette rixe, Vernet a été frappé sérieusement ; il porte plusieurs contusions.
L'EST REPUBLICAIN du mardi 27 mars 1900 :
Pompey
..Une certaine effervescence vient de se produire parmi les ouvriers des aciéries de Pompey, où, depuis l'assassinat du président Carnot, aucun italien n'avait été jusqu'ici embauché.
..L'autre jour on apprit qu'une équipe d'Italiens, venant d'Alsace-Lorraine, devait débarquer. En effet, un logement leur avait été préparé ; on y avait mis vingt-cinq bottes de paille, un fourneau et un tombereau d'escarbilles.
..Le lendemain, à l'heure de l'arrivée du train qui devait amener les Italiens à Pompey, une centaine d'ouvriers se tenaient sur le pont qui conduit du chemin de la gare à l'usine. Trente ou quarante Italiens sortirent, en effet, de la gare.
..Ce fut une huée générale : - A bas les Pattes d'ours ! Enlevez les ! Sales macaronis, vous venez manger notre pain et faire baisser nos salaires ! F...-nous le camp dans votre pays, tas de Crispi !
..C'est entourés d'une foule menaçante, qu'après avoir un instant hésité, ils se dirigèrent vers leur logement, situé aux « casernes du Haut » ; mais, le soir, des discussions ne tardèrent pas à s'élever dans les établissements où ils étaient entrés, et plusieurs Italiens reçurent des coups de pierres, de moos, de chopes ; l'un deux fut même blessé à la tête d'un coup de brique.
..En raison de cet accueil, les nouveau-venus durent se replier et promettre de repartir sans retard. En effet, dans le premier train qui se dirigeait sur Metz, on les entassa dans des fourgons, et : « Bon voyage ! leur cria-t-on, au plaisir de ne plus vous revoir ! »
L'EST REPUBLICAIN du jeudi 29 mars 1900 :
Pompey
..Le garde Saint-Joire a remis à la gendarmerie les sieurs Justin Grandieux, âgé de 36 ans, et Charles Gillot, âgé de 28 ans, manoeuvres, arrêtés pour violences envers une femme de la localité et violation de domicile.
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..Le sieur Kirsch, de Pompey, arrêté sous l'inculpation de tentative d'incendie, a été mis en liberté.
..C'est sous l'influence de l'ivresse qu'il aurait tenu les propos menaçants rapportés par les témoins et, s'il est monté au premier étage avec du pétrole, c'est, dit-il, pour remplir une lampe qui se trouvait dans une chambre et non pour répandre le liquide inflammable dans le grenier.
L'EST REPUBLICAIN du vendredi 30 mars 1900 :
Tribunal correctionnel de Nancy
...Audience du jeudi 29 mars
..Les dangers de l'ivresse. - N'ayant plus conscience de ses actes, après de trop nombreuses stations dans les cabarets, Nicolas-Camille Lhote, 30 ans, ouvrier de forges à Pompey, entra dans le magasin de Mme Carabin, épicière, et y déroba une certaine quantité d'objets disparates. - Quinze jours de prisons, avec sursis, et 5 fr. d'amende.
L'EST REPUBLICAIN du samedi 31 mars 1900 :
Pompey
..Le sieur Nicolas Sonnet, âgé de 32 ans, manoeuvre, sans domicile fixe, a été arrêté dans l'intérieur des chantiers de l'usine en flagrand délit de vol de vêtements.
L'EST REPUBLICAIN du dimanche 1er avril 1900:
Tribunal correctionnel de Nancy
...Audience du samedi 31 mars
..Idée d'ivrogne. - Etienne Grandieu, 36 ans,manoeuvre à Montenoy ; Charles-Gustave Gillot, 28 ans ; louis-Benjamin Bernard, 47 ans, manoeuvres à Frouard, se trouvant fortement excités par de multiples stations dans « moult » auberges et cabarets, eurent, le 25 mars dernier, se trouvant à Pompey, une bien lumineuse idée.
..Il entrèrent dans la maison Hilaire, après en avoir brisé la porte, saisirent la malheureuse dame Hilaire qui reposait bien tranquille dans son lit et s'en furent la loger au beau milieu du «cassis» de la route.
..La plaignante, fort peu satisfaite, se défendit comme elle put et nos trois gaillards, d'une rudimentaire galanterie, la frappèrent à qui mieux mieux.
..Le garde Saint-Joire, étant survenu, fut outragé de la belle manière.
..Grandieu et Gillot sont seuls présents à l'audience. - Grandieu, quatre mois de prison, avec sursis, 25 f. d'amende ; Gillot et Bernard, chacun 16 fr. d'amende.
L'EST REPUBLICAIN du vendredi 6 avril 1900 :
Tribunal correctionnel de Nancy
...Audience du jeudi 5 avril
..Vols - Toute une série de voleurs défile à la barre :
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..*** Jean-Pierre Sonnet, 39 ans, journalier, sans domicile fixe, le 27 mars, s'étant introduit sur les chantiers de l'usine de Pompey, y a dérobé un veston, une paire de souliers, un pied à coulisse et un niveau d'eau.
..Ces objets furent rendus aux ouvriers à qui ils appartenaient. Sonnet fait, en outre, opposition à un arrêté d'expulsion et, en raison des nombreuses condamnations qu'il a subies, il est passible de la relégation. - Trois mois de prison.
L'EST REPUBLICAIN du samedi 7 avril 1900 :
Mort de Villebois-Mareuil
..Londres. - Lord Roberts télégraphie, à la date du 5 avril :
..« Lord Methuen me télégraphie de Boshof ( à l'Est de Kimberley ) qu'il a entouré aujourd'hui le colonel de Villebois-Mareuil avec un détachement boër. Aucun n'a échappé.
..« Le colonel de Villebois-Mareuil a été tué, ainsi que 7 Boërs. Il y a eu en outre 8 Boërs blessés et 54 faits prisonniers. » - Havas.
..( La dépêche montre que le colonel a succombé dans une simple escarmouche sans grande importance. Il est mort au champ d'honneur, pour la cause des opprimés : c'est une mort digne d'un soldat français.
..Les coeurs sont en deuil tant en France qu'au Transvaal. Nous pensons que les Anglais, servis par une chance imméritée (après Joubert, Villebois-Mareuil), commenteront avec décence la mort de notre glorieux compatriote. - Note de la rédaction.)
L'EST REPUBLICAIN du dimanche 8 avril 1900 :
La guerre anglo-transvaalienne
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..La mort de Villebois-Mareuil
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..On n'a pas encore de détails sur la rencontre dans laquelle a péri le colonel de Villebois-Mareuil. Une dépêche de Kimberley confirme cependant qu'il avait avec lui deux canons que les Anglais ont pris. Parmi les tués sont plusieurs Français.
..Kimberley, 6 avril. - Le colonel de Villebois-Mareuil a résisté avec la dernière énergie. La plupart des prisonniers sont d'origine étrangère.
..Kronstadt. - Le Colonel de Villebois-Mareuil, en prenant le commandement de la légion étrangère au Transvall, avait adressé à ses soldats une proclamation dans laquelle il disait notamment :
..« Je compte sur vous pour défendre un peuple qui a du sang français dans les veines et que l'on veut dépouiller de ses libertés pour satisfaire les intérêts de quelques financiers. »
..Londres, 7 avril. - Le Times de ce jour reçoit la dépêche suivante, qui complète sur plusieurs points le télégramme officiel de lord Methuen. On remarquera notamment que le nom de lord Methuen n'y est pas trop prononcé, alors que dans la dépêche officielle lord Methuen s'attribue tout le succès de l'opération.
..« Boshof. - Le combat, couronné de succès, qui a eu lieu le 5 avril, a été livré à neuf milles à l'est de Boshof.
..Soixante-huit Boërs se sont trouvés environnés à l'improviste sur un kopje par un corps de yeomanry impériale sous les ordres de lord Chesham, et l'infanterie montée de Kimberley, sous les ordres de Peakman.
..Les Boërs ont perdu huit tués et six blessés. Le colonel français de Villebois-Mareuil était parmi les morts. Un fourgon écossais rempli de dynamite a été capturé. »
L'EST REPUBLICAIN du mardi 10 avril 1900 :
La guerre anglo-transvaalienne
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..La mort de Villebois-Mareuil
.................(Suite)
..Les honneurs militaires ont été rendus à la dépouille du colonel français par le corps de Yeomanry impériale (volontaires anglais).
..Tous les officiers anglais de la colonne assistaient aux funérailles.
..C'est par un éclat d'obus qui l'a frappé en pleine poitrine que le colonel Villebois-Mareuil a été tué.
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..La souscription patriotique organisée par le journal La liberté, pour élever un monument à la mémoire du colonel de Villebois-Mareuil, s'élevait déjà hier à 3,216 fr. 15.
Une lettre du colonel de Villebois-Mareuil
..Le lieutenant-colonel Monteil a communiqué à la Liberté une lettre de M. de Villebois-Mareuil, arrivée par le dernier courrier, et dont voici quelques passages :
............................................« Sous Kimberley, 10 février.
.....................« Mon cher ami,
..Je vous écris debout sur le derrière d'une voiture, ma table servant aux apprêts de la popote. Cela vous expliquera que je ne m'étende pas, comme j'aimerais le faire, avec vous. Aussi bien je suis sous le coup d'un conseil de guerre, non pour y être jugé, mais pour y exposer mes vues sur une attaque de Kimberley pour laquelle je bataille depuis cinq jours sans pouvoir passer de l'acceptation en principe à l'exécution.
..Les Boërs sont les meilleurs gens du monde, leur tir est exceptionnel, ils ont une conception remarquable de l'attitude défensive, mais ils sont d'une tranquillité inébranlable ! Cependant leur indolance se dégourdit devant l'imminence de la situation et, comme leur sens est droit, leur foi vive et leur patriotisme indomptable, ils réalisent de grandes choses.
..Ces improvisations rentrent peu malheureusement dans le service d'état-major et laissent mon intervention souvent très platonique. Il n'en reste pas moins qu'ils me traitent avec une déférence et une sympathie qui me touchent profondément en ce qu'elles remontent vers la France, pour laquelle mon passage ici laissera certainement un profit ultérieur.
..J'espère assurer le sort des jeunes gens que vous m'avez envoyés. Il sont gentils et pleins d'entrain, mais ils sont venus dans ce désert nus comme de petits saint Jean, au point de vue de la vie dans les camps boërs, et, après avoir épuisé ma popote déjà modeste, nous touchons à la disette. Je m'occupe de leur trouver tentes, moyens de transport, moyens de popote, provisions, mais tout cela eû été plus commode à Prétoria qu'à huit jours de distance !...
..J'ignore quand je vous rejoindrai ; tout ici prend la tournure de s'éterniser ; c'est le climat qui veut cela !
..Cordiale poignée de main, mon cher ami, et mes plus affectueux souvenirs.
............................................................................................Villebois-Mareuil. »
L'EST REPUBLICAIN du mercredi 11 avril 1900 :
Pompey
..Nous avons le regret d'apprendre la mort à Pompey, dans sa 82e année, de M. Joseph Paulin, ancien négociant.
..Les obsèques de défunt ont été célébrées mardi, en l'église de cette localité, devant une nombreuse assistance.
..Nous présentons nos sincères sentiments de condoléance à la famille, notamment aux fils du défunt, MM. Louis Paulin, de Frouard, et Joseph Paulin, de Pompey, si honorablement connus dans la région, et qui ont succédé à leur père dans le commerce des bois.
L'EST REPUBLICAIN du jeudi 12 avril 1900 :
Découverte de dynamite
..Ces jours derniers, MM. Poteau, propriétaire à Custine, et Jules Donot, pêcheur à Marbache, étaient en train de pêcher dans le 47e lot de la Moselle, lorsqu'ayant débarqué dans une île située à dix mètres en aval du pont de Custines, ils y découvrir dix-neuf cartouches de dynamite. Une partie de ces cartouches était recouverte de gravier, les autres se trouvaient dans les herbes et les saules de la rive. Tout fait supposer que ces dangereux explosifs ont été jetés, depuis le haut du pont, au moment des dernières crues d'eau.
Le papier qui enveloppe les cartouches, porte la marque : « Société française des explosifs, fabrique à Cugny (Seine-et-Marne) », plus un cachet portant la date : 19 déc. 99.
..La gendarmerie a ouvert une enquête pour retrouver l'ancien détenteur de cette dynamite qui est semblable à celle dont on sert à l'usine de Pompey pour briser les cylindres. Les cartouches ramassées par les soins de la gendarmerie ont été déposées à la mairie de Custines.
La guerre anglo-tansvaalienne
.................(suite)
......Le combat de Boshof
..Lord Methuen télégraphie, à propos du combat du 5 avril, à Boshof (dans lequel est tombé le colonel de Villebois-Mareuil) :
..« Les Boërs qui ont été battus le 5 avril ont opposé pendant quatre heures une grande résistance.
..Ils ne se sont rendus que lorsque les troupes anglaises, baïonnette au canon, n'ont plus été qu'à une quinzaine de mètres d'eux.
..Les pertes des Boërs sont de 7 tués, 11 blessés et 54 prisonniers. Celles des Anglais sont de 5 tués, dont 2 lieutenants, et de 10 blessés. »
..(On doit remarquer que les Boërs n'ont pas jusqu'ici de baïonnette à leur fusil, car c'est à peine si on commence à en faire l'essai. Il en était très probablement de même de la troupe commandée à Boshof par le colonel de Villebois-Mareuil. Il ne lui était donc plus possible de répondre, à 15 mètres, à des ennemis en force, arrivant à l'arme blanche.)
L'EST REPUBLICAIN du vendredi 13 avril 1900 :
Pompey
..Les sieurs Claude Rochette, Jean Guillaud et Jean Pierre, ouvriers de forges, travaillant aux usines de Pompey, menaçaient un ingénieur qui leur faisait des observations.
..M. Semnard, garde de l'usine, étant intervenu, ces trois individus se saisirent de sa canne et de son képi, en le menaçant.
..Le garde dut armer son revolver pour tenir en respect ces énergumènes, qui prirent la fuite.
L'EST REPUBLICAIN du samedi 21 avril 1900 :
Frouard
..Terrible accident. - Un terrible accident vient d'arriver aux hauts-fourneaux de Frouard (Société de Montataire).
..On ne sait par suite de quelle fausse manoeuvre, l'acier en fusion contenu dans le récipient d'un convertisseur coula sur le sol, probablement humide ; cela provoqua une formidable explosion, suivie d'un véritable feu d'artifice de métal en ignition projeté dans tous les sens.
..Deux ouvriers furent grièvement atteints.
..Noyés, pour ainsi dire, sous la pluie de feu, les malheureux poussaient des cris horribles. Leurs camarades de travail se portèrent à leur secours et les aspergèrent de jets d'eau.
..L'un deux, M. François, de Maxéville, qui était protégé en partie par un tablier de cuir est le moins grièvement atteint ; néanmoins, il est dangereusement brûlé à la tête, aux bras et aux flancs. Les cheveux, les sourcils, la barbe, tout est disparu ; il est soigné à domicile.
..Le second blessé, nommé Sadoute, avait le corps presque entièrement couvert de brûlures profondes. Il fut transporté en voiture à la pharmacie. Le patient, dont l'état paraît être des plus graves, avait à peine la force de proférer des plaintes. Il a été transporté à Pompey. Le pauvre garçon n'est âgé que de 19 ans.
..Une enquête judiciaire est ouverte.
Pompey
..M. Frion, manoeuvre, en entrant dans sa chambre, a constaté que sa malle avait été fracturée et que 25 fr. en pièces de 5 fr. lui avaient été dérobés. L'auteur soupçonné de ce vol est un individu qui couchait dans la chambre de Frion et qui a pris la fuite.
L'EST REPUBLICAIN du lundi 23 avril 1900 :
Vol de métaux
..Le sieur Jules Bragard, âgé de dix-sept ans, forgeron, demeurant place des Dames, inculpé de vol de métaux à Pompey, a été conduit au parquet en vertu d'un mandat d'amener.
L'EST REPUBLICAIN du mardi 24 avril 1900 :
Frouard
..Le malheureux Sarloute, qui a été la principale victime de l'horrible accident de jeudi dernier, aux aciéries de Frouard, a succombé dimanche.
..La mort a été relativement douce. La presque totalité du corps ayant été brûlée et la respiration cutanée ne pouvant se faire, il y a eu asphyxie lente.
..Triste coïncidence : la soeur de Sarloute devait se marier mardi. Ce sont, hélas ! les tristes obsèques de son frère qui remplaceront la cérémonie nuptiale.
L'EST REPUBLICAIN du dimanche 29 avril 1900 :
Pompey
..Le sieur Feidt, âgé de 58 ans, portait avec sept autres ouvriers de l'usine un rail d'acier pesant environ 250 kilos. Ses compagnons ayant lâché le rail sans lui, celui-ci s'abattit sur son pied et lui fit une blessure qui entraînera une très longue incapacité de travail.
..Un autre ouvrier est tombé du haut d'une estacade élevée de cinq mètres environ. Il s'est fait aussi des blessures d'une certaine gravité.
..- Ces jours derniers, le charretier du batelier Jean Chartier suivait le chemin de Custines aux environs de l'usine de Pompey ; il était monté sur son cheval. Des chiens, qui se chamaillaient sur le chemin, se jetèrent dans les jambes de l'animal. Celui-ci lança une ruade et atteignit en plein corps le sieur Prosper Racadot, âgé de 54 ans, ouvrier aux usines de Pompey, qui passait accompagné du jeune Haffener.
..Racadot tomba comme une masse. Des passants le relevèrent et le firent transporter dans un tombereau à Frouard, où il demeure dans la famille de son frère.
..Il est, depuis, dans un état complet de prostation ; il porte des blessures à la tête, et dans les moments rares où il parle, il se plaint de vives douleurs dans les côtes et dans les reins. Son état est des plus graves.
L'EST REPUBLICAIN du mercredi 2 mai 1900 :
Frouard
..Le nommé Houillon, une des victimes de l'accident arrivé il y a quelques jours aux forges de Montataire, vient de mourir à l'hôpital de Nancy, où il avait été transporté. Ses obsèques ont eu lieu mardi. Une partie du haut personnel de l'usine et une délégation des ouvriers des forges y assistaient. De nombreuse couronnes recouvraient le cercueil.
..Houillon, âgé de 32 ans, était marié, mais n'avait pas d'enfants.
L'EST REPUBLICAIN du samedi 5 mai 1900 :
Frouard
..M. Lucien Nemery, serrurier, a déclaré à la gendarmerie qu'en se rendant à Pompey il avait été assailli et frappé par les sieurs Emile Thouvenin et Emile Filliatre, manoeuvres. Une enquête est ouverte.
L'EST REPUBLICAIN du mardi 8 mai 1900 :
Nous avons la douleur de recevoir, du comité présidé par le colonel Monteil, la lettre suivante :
.......COMITÉ FRANCAIS.........................................Paris, le 5 mai 1900.
................des
REPUBLIQUES SUD-AFRICAINES
.................___
........44, rue Taitbout.......................Monsieur le directeur,
...............PARIS
..J'ai la profonde douleur de vous anoncer que le lieutenant Legille a été tué à l'affaire de Boshof, le 6 avril dernier.
..Le comité n'oublie pas que l'Est républicain a contribué pour une grande part au départ de M. Legille et j'ai tenu, monsieur le directeur, à vous informer, en même temps que sa famille, de la pénible nouvelle.
..Legille est tombé en héros, au champ d'honneur, entre son chef, le colonel de Villebois-Mareuil, et son camarade Robriquet, ancien sous-officier de chasseurs, tués en même temps que lui.
..Le lieutenant Legille, du 4e d'infanterie de marine, était né à Nancy le 29 avril 1869, il avait donné sa démission pour aller combattre avec les Boërs et s'était embarqué le 25 janvier 1900 à bord du Yang-Tsé, des Messageries maritimes.
..Son nom restera cher à tous les Français qui gardent vivace au coeur le souvenir des héros qui se sont sacrifiés pour une cause sainte entre toutes.
..Veuillez agréer, monsieur le directeur, l'assurance de mes sentiments distingués et dévoués.
.............................................................................Le secrétaire général,
...............................................................................JULES COCHERIS.
...........................................................*
..........................................................*.*
..Le lieutenant Alphonse Legille était né à Pompey le 10 mars 1873.
..Orphelin de très bonne heure, il entra au lycée comme interne dans l'enseignement moderne en octobre 1887.
..Son tuteur était M. Knoepl, receveur buraliste à Pagny-sur-Meuse, et son correspondant à Nancy M. Belner.
..Nous avons pu voir plusieurs professeurs et répétiteurs du lycée de Nancy qui se rappellent parfaitement Alphonse Legille.
..Tous sont unanimes sur son compte.
..C'était un garçon très doux, très affable, très travailleur. Son nom figure à maintes reprises sur les palmarès, en des places, fort honorables.
..Entre à Saint-Cyr en 1892, il en sortit dans un bon rang et choisit l'infanterie de marine. Il fut envoyé au Tonkin, chargé de travaux topographiques importants dans la haute région de ce pays.
..Revenu en France, il était en congé de convalescence, quand éclata la guerre anglo-boër. Ses péripéties l'émurent extrêment. C'est à ce moment qu'un de ses amis le mit en relations avec l'Est républicain. Peu de jours après, le lieutenant Legille, dont le congé n'était pas encore terminé, envoyait sa démission et se disposait à partir pour le Transvaal.
..Au physique, Alphonse Legille était un grand jeune homme , brun, au teint bistré par le séjour dans les pays chauds, aux longues moustaches tombantes.
..Il nous a laissé l'impression et le souvenir d'un homme doux, à l'énergie concentrée. Il paraissait assez méditatif.
..Le nom du lieutenant Legille, tombé au champ d'honneur près du colonel Villebois-Mareuil, figurera dignement sur les plaques de marbre apposées au lycée de Nancy - à côté de ceux de ses camarades morts pour la patrie.
L'EST REPUBLICAIN du jeudi 17 mai 1900 :
Pompey
..On nous écrit :
..« Samedi dernier, à trois heures de l'après-midi, se réunissait à l'usine de Pompey : le conseil d'administration de l'usine et le conseil municipal de la commune pour se rendre dans les divers chantiers et remettre aux ouvriers, en plein travail, les décorations accordées aux anciens travailleurs.
..Au moment de décorer le premier ouvrier, M. le maire a prononcé ces quelques paroles:
..............« Messieurs,
..Au nom du gouvernement de la République, je vous remets les médailles d'honneur qui vous ont été décernées par M. le ministre de l'industrie.
..Vous pouvez être fiers de porter ce ruban, tricolor à votre boutonnière, car il atteste pour vous tous de nombreux et loyaux services aux forges de Pompey.
..C'est en partie grâce à vous, messieurs les vétérans du travail, que la maison de Pompey, sous la haute direction de son infatigable chef, a acquis un renom si justifié dans le monde entier, et qu'actuellement elle figure encore avec tant d'honneur et d'éclat à l'Exposition universelle de 1900.
..Honneur donc aux travailleurs laborieux et dite avec moi :
..Vive l'usine de Pompey ! Vive la France ! Vive la République ! »
..M. Jean Thillot, nouvellement décoré, a répondu en ces termes :
..« Au nom de mes camarades et au mien, je tiens à vous remercier, monsieur Fould, d'avoir sollicité et obtenu cette médaille que la République accorde aux anciens serviteurs.
..Cette décoration que nous sommes heureux et fiers de porter, montre à tous que les usines de Pompey comptent beaucoup d'anciens ouvriers aussi dévoués à leurs patrons qu'à la patrie.
..Merci aussi à vous, messieurs les membres du conseil municipal, qui, en accompagnant nos chefs, avez tenu à nous prouver une fois de plus tout l'intérêt que vous portez aux ouvriers ; soyez persuadés que nous n'oublirons jamais cette marque de sympathie et c'est de grand coeur que nous crions tous :
..Vive nos patrons ! Vive le conseil municipal ! Vive la France ! »
..Cette cérémonie s'est terminée dans le contentement général et a resserré le lien d'amitié et d'intérêt entre tous. »
L'EST REPUBLICAIN du dimanche 20 mai 1900 :
Pompey
..Un manoeuvre frisant la cinquantaine, s'il ne l'a pas déjà dépassée, offrit l'autre nuit l'hospitalité à une jeune personne de dix-huit printemps, dans la chambre qu'il habite aux Jardins-Fleuris, nom prédestiné. L'aube appela trop tôt notre galant à l'usine. Il partit en laissant la belle endormie. Jugez de sa surprise quand, au retour, il aperçut que la demoiselle était partie, en lui emportant 25 francs !..
..- Deux accidents à signaler. M. Eugène Moriot, 50 ans, de Frouard, a eu les jambes écrasées sous un bloc de crasse tombé d'un coucou. On dut le transporter d'urgence sur une civière à l'hospice de la Salle.
..- Trois ouvriers maçons, occupés à recrépir l'ancienne chapelle Saint-Eucaire, sont tombés de l'échafaudage, une traverse qui la soutenait s'étant rompue. L'un d'eux put s'accrocher à une corde, le second tomba sur un bac à mortier, qui amortit le choc. Quant au troisième, M. Lucien Collin, 40 ans, de Frouard, il tomba, assis sur une pile de lingots. On craint pour lui de graves lésions internes.
L'EST REPUBLICAIN du lundi 21 mai 1900 :
A la mémoire du lieutenant Legille
..Ainsi qu'il avait été annoncé, un service funèbre a eu lieu dimanche matin, en l'église de Pompey, à la mémoire M. Alph. Legille, lieutenant démissionnaire de l'infanterie de marine, officier au Transvaal, tué au combat de Boshof, aux côtés de son chef, le colonel de Villebois-Mareuil.
..Le cortège s'est formé, à onze heures, à la mairie de Pompey. En tête, venait l'excellente musique des usines Munier, de Frouard ; puis, encadrés par la compagnie des sapeurs-pompiers de Pompey, plusieurs officiers de la garnison de Nancy, les membres de la municipalité de la commune et du comité d'organisation.
..On remarquait également la présence des vétérans de Pompey-Frouard, conduits par leur président, M. Hentz et de trois classes de jeunes gens de Pompey avec leurs drapeaux.
..Au milieu d'une foule considérable, alors que la musique jouait des airs funèbres et que les cloches sonnaient le glas, le cortège s'est lentement dirigé vers l'église.
..Les pompiers de Frouard formaient la haie.
..Celle-ci trop petite pour contenir la foule des assistants, était pavoisée de drapeaux, d'écussons tricolores.
..Dans l'avant choeur se dressait un catafalque orné aux couleurs nationales.
..Pendant l'office, la musique des usines Munier a exécuté plusieurs morceaux. A l'élévation, la sonnerie « aux champs » s'est faite entendre au prône, M. le curé de Pompey a prononcé un émouvant discours patriotique.
..Après avoir loué la pieuse pensée des organisateurs, il a exalté le noble esprit de sacrifice et d'héroïsme qui a poussé le lieutenant Legille à aller combattre pour la cause des opprimés ; en termes élevés, il a dit tous les regrets causés par une fin si brusque, fauchant en pleine vigueur une existence si pleine de promesses.
..Pour clore la solennité, à laquelle se pressaient deux mille personnes, la musique des usines Munier a exécuté la Marseillaise.
..Tous les assistants se sont retirés très émus par cette belle cérémonie, juste hommage rendu à un de leurs meilleurs enfants par les patriotes communes de Pompey et de Frouard.
L'EST REPUBLICAIN du mardi 22 mai 1900 :
Pompey
..L'élection municipale. - M. Jullien a été réélu maire, M. Lefèvre, premier adjoint, M. Pailler a été élu second adjoint.
L'EST REPUBLICAIN du mercredi 23 mai 1900 :
Pompey
..Ce n'est pas M. Pailler qui a été élu 2e adjoint, c'est M. Maillet, employé à l'usine.
L'EST REPUBLICAIN du jeudi 24 mai 1900 :
Pompey
..M. Eugène Mater, dit Colon, venait de conduire à la gare dans son break des personnes qui avaient sollicité ce service.
..En revenant de la gare, le cheval, qui est plein de sang, s'emballa à la hauteur de la mine de Pompey et partit à fond de train à travers le faubourg. En arrivant devant le café de M. Pelte, le break accrocha un camion de la brasserie Betting, qui était arrêté sur le bord du chemin.
..Un choc épouvantable se produisit. M. Mater fut projeté sur le sol, où il se fit de graves blessures. On se précipita à son secours et on le releva pour le transporter inanimé à son domicile.
L'EST REPUBLICAIN du samedi 26 mai 1900 :
Pompey
..Jeudi, dans l'après-midi, six ouvriers portaient à la cisaille une plaque de fer pesant 1,500 kilos. Ces hommes, n'ayant pu résister au choc produit par la machine, lâchèrent la lourde pièce qui, en tombant, écrasa les pieds de M. Ferry, âgé de 28 ans, qui a dû être transporté à l'hôpital, où il a subi l'amputation, les parties broyées étant presque détachées des membres.
..Un autre ouvrier, M. Louis Sobler, a été légèrement blessé au pied gauche, à la cuisse et à la main.
L'EST REPUBLICAIN du mardi 29 mai 1900 :
L'éclipse de soleil
..Hier lundi, 28 mai, à 3 heures 5 minutes de l'après-midi, le disque noir de la lune, arrivé en contact avec le disque éclatant du soleil, s'est avancé lentement devant lui et en a couvert une partie. La plus grande phase pour notre région atteint les 69 centièmes du diamètre solaire et s'est produite à 4 h. 12m. Le ciel s'est fortement assombri.
..Puis l'éclipse, suivant son cours, décroît graduellement et la lune se détache entièrement du soleil à 5 h. 12.
L'EST REPUBLICAIN du mercredi 30 mai 1900 :
Pompey
..On vient de retirer du canal près du pont de la Duchesse, le corps de M. Gilles, vieillard de 78 ans, habitant Pompey.
..L'enquête a établi que le malheureux vieillard avait été victime d'un accident. Le corps a été réclamé par la famille.
L'EST REPUBLICAIN du vendredi 1er juin 1900 :
Tribunal correctionnel de Nancy
.....Audience du jeudi 31 mai
..Une fête qui finit mal. - Jules Cornu, 24 ans, ouvrier de forges à Pompey, s'était enivré le 20 mai, en compagnie de plusieurs camarades. Toujours en leur compagnie, il se rendit dans une baraque installée sur le champ de fête. En sortant, il se prit de querelle avec ses amis. Le garde Saint-Joire intervint et voulut mettre Cornu à la raison.
..Celui-ci outragea le garde. - M. Saint-Joire mit au aussitôt le prévenu en état d'arrestation. - 10 jours de prison.
L'EST REPUBLICAIN du samedi 2 juin 1900 :
Les vignes et la gelée en Lorraine
..D'après les renseignements qui nous parviennent sur l'état des vignobles, les conséquences de la gelée du 20 mai ont été, sur un certain nombre de points, moins désastreuses qu'on ne l'avait cru tout d'abord.
..Certes, les dégâts sont énormes, mais si d'autres fléaux ne surviennet point, on pourra encore compter sur une certaine récolte.
..Dans les communes où l'on a lutté contre le rayonnement au moyen des nuages artificiels on s'en est généralement bien trouvé.
..Le lendemain, il est vrai que les vignerons ont éprouvé un vif découragement en voyant qu'en dépit des fumées, un grand nombre de jeunes pousses avaient été roussies par la gelée. Mais ils ont pu constater, en comparant leurs vignes avec celles des communes voisines, où rien n'avait été fait, qu'ils avaient été relativement favorisés et que leurs efforts n'avaient pas été inutiles.
..Du reste, pour se rendre compte de l'effet salutaire produit par les nuages artificiels sur une partie de la récolte, il suffit de comparer les nouvelles provenant des communes ravagées.
..Voici ce qu'on écrivait de diverses localités où la gelée est combattue par ce moyen :
..« ... Malgré les fumigations, la moitié de la récolte est détruite. »
..« ..On a eu beau allumer les feux et produire quantité de fumée, les deux tiers de nos vignes sont abîmés ... »
..« ... Les vignes étaient magnifiques, mais les espérances de nos vignerons sont encore une fois détruites. On peut évaluer aux trois quarts de la récolte les dégâts subis dans la nuit du 19 au 20 mai. Les fumigations n'y ont rien fait ...»
..« ... Les nuages artificiels n'ont pas protégé nos vignobles ; plus de la moitié de la vendange est dès à présent perdue. »
..Il résulte de ces évaluations que dans ces localités, on a pu sauver la moitié, le tiers, ou tout au moins le quart de la récolte. Voyons maintenant ce que disent les correspondances des localités où rien n'a été fait :
..« ...De la récolte qui s'annonçait, il ne reste rien, absolument rien. »
..« ...Tout a été détruit en une nuit. Il ne restera pas un panier de raisin dans tout le ban... »
..« ...Les vignes ne donneront rien cette année ; tout est ravagé. »
..Etc..., etc...
..Nos lecteurs voient immédiatement la différence. Dans les communes où l'on a produit les nuages artificiels, on a accusé ceux-ci d'inéfficacité parce que, malgré cela, une grande partie des vignes ont été gelées ; c'est à la suite de déceptions semblables que l'on a cessé, sur certains points, d'employer ce procédé et c'est regrettable puisque là où il n'a pas été employé, c'est généralement la totalité de la récolte qui a été perdue.
..Au lieu d'abandonner un moyen de défense qui a fait ses preuves, nos vignerons devraient s'efforcer de le perfectionner, de multiplier les foyers, de produire des fumées plus épaisses, etc.
..S'il ne peuvent parvenir à s'entendre, pourquoi le département, avec le concours de l'Etat, n'allouerait-il pas quelques subventions aux communes qui prendraient l'initiative de l'opération ?
..Mieux vaut essayer de prévenir le désastre qu'avoir à soulager les misères qui en résultent. On donne souvent des primes moins utiles que celles-là.
..Nous disions récemment que dans certaines parties de l'Alsace, les foyers préparés à l'avance sont mis en communication avec un poste central au moyen d'un fil électrique et que, dès que la température devenait critique, ils s'allumaient tous instantanément. Voilà un système à étudier et une amélioration à réaliser. Le succès d'une fumigation dépend beaucoup de la façon dont l'opération est conduite. Si des foyers sont allumés trop tard ou s'ils s'éteignent trop tôt, il est évident que le résultat est compromis. Les procédés automatiques permettent d'arriver bien plus sûrement au but et d'atteindre le maximum d'intensité. Celui que nous venons d'indiquer se recommande à nos viticulteurs et mériterait d'être expérimenté en grand dans le vignoble lorrain.
L'EST REPUBLICAIN du dimanche 10 juin 1900 :
Pompey
..En se baignant dans le canal latéral de la Moselle, le sieur Kempt, sujet allemand, gérant d'un bateau en chargement aux usines de Pompey, a été pris sans doute d'une crampe et à coulé à pic. L'inhumation a eu lieu au cimetière de Pompey.
L'EST REPUBLICAIN du mercredi 13 juin 1900 :
Pompey
..Un reproche injuste. - Nous recevons d'un habitant de Pompey, Mr J. Mougenot, coiffeur, une lettre relative à un incident que nous relatons volontiers, parce qu'il s'en produit quelquefois de semblables, et qu'un peu de réflexion en évitera le retour.
..M. Mougenot est né à Metz. Ayant atteint l'âge d'être soldat, il a été naturellement incorporé dans l'armée allemande, mais ne voulant pas porter l'uniforme prussien, il a déserté et a passé la frontière : « J'ai fait immédiatement mon devoir de français » - Nous écrit-il.
..Cependant M. Mougenot, ayant une discussion un peu vive, dans laquelle il soutient énergiquement son point, il eut à subir cette observation, qui aurait été faite en public : « Vous avez la tête dure ; on voit bien de quel pays vous sortez. »
..La phrase serait insignifiante si elle s'adressait à un Breton ou à un Auvergnat, ou à un habitant de n'importe quelle province demeurée française. Peut-être M. le maire de Pompey ne lui attachait-il pas autrement d'importance. Mais adressée à un de nos compatriotes du pays annexé, elle prenait une signification plus pénible. M. Mougenot a pris cela pour une façon détournée de le traiter de Prussien et il s'en plaint amèrement dans la lettre qu'il nous adresse.
..M. Julien, maire de Pompey, le comprendra d'autant mieux - dit M. Mougenot - qu'il est lui-même originaire du pays annexé.
L'EST REPUBLICAIN du jeudi 14 juin 1900 :
Pompey
..En se baignant dans la Moselle, non loin du barrage, un jeune homme de Pompey a coulé à fond et a été emporté sans doute au loin par le courant. Le corps n'a pas été retrouvé.
L'EST REPUBLICAIN du 15 juin 1900 :
Pompey
..- En réponse à la lettre de M. Mougenot, coiffeur, dont nous avons publié quelques extraits dans notre numéro de mercredi, M. Jullien, maire de Pompey, nous adresse la rectification suivante touchant le mot : « On voit bien de quel pays vous sortez » pris par M. Mougenot comme une façon détournée de le qualifier de Prussien :
..« Cette affirmation est absolument erronée, attendu que, en voulant le convaincre du mal fondé de ses réclamations, je lui dis simplement ces paroles : « De quel pays sortez-vous donc pour avoir la tête si dure ? »
..Je ne vois pas comment le sieur Mougenot donne à cette phrase une signification pénible. »
..Il y a, en effet, une différence, et la rectification de M. le maire de Pompey nous semble clore l'incident.
L'EST REPUBLICAIN du samedi 16 juin 1900 :
Pompey
..La gendarmerie a dressé procès-verbal contre les jeunes Etienne Kinzelin et Firmin Donfils, âgés de 16 ans, demeurant à Nancy, qui ont été surpris par le barragiste Dussaulx commettant des actes obscènes sur le bord de la Moselle.
L'EST REPUBLICAIN du dimanche 17 juin 1900 :
Pompey
..C'est le jeune Claude Pelletier, âgé de 18 ans, ouvrier de forges à Pompey, qui s'est noyé en se baignant seul, sur la rive gauche de la Moselle, à environ 100 mètres des vannes de Pompey.
..Le corps n'a été retiré que le lendemain par le sieur Ernest Burg, qui l'avait aperçu flottant sur l'eau.
L'EST REPUBLICAIN du lundi 18 juin 1900 :
Etat des récoltes
..Le Bulletin du ministère de l'agriculture publie les renseignements suivants, qui vont jusqu'au 9 juin :
..« Meurthe-et-Moselle. - Les blés restent clairs surtout en terres froides. Les seigles sont en fleurs ; mais plusieurs d'entre eux ont été atteints par les gelées du 20 mai. Les avoines et orges ont bien levé, mais le froid les a également éprouvés ; ils sont en outre envahis par le séné. La vigne a été gelée et les principaux vignobles ont été atteints. Il en est de même des pommes de terre ; cependant celles de grande culture, non encore sorties de terre à la fin mai ont été épargnées. Les betteraves lèvent normalement. Les prairies naturelles sont très en retard et médiocres ; l'aspect des prairies artificielles est plus satisfaisant. Les arbres fruitiers à noyaux, situés en terrain découvert ont été atteints ; les cultures potagères sont en retard. »
L'EST REPUBLICAIN du mercredi 27 juin 1900 :
Pompey
..Dans le but de se venger du patron du bateau Frédérick, en stationnement à Pompey, plusieurs mariniers et charretiers de bateaux dont quelques-uns sont connus, btrisèrent les écoutilles et les vitres du sabord.
..Le lendemain matin, en faisant fondre de la graisse dans une poêle, la fille aînée du patron du Frédérick a été si grièvement brûlée par la graisse en feu qu'on a dû la transporter à l'hôpital de Nancy dans un état désespéré.
L'EST REPUBLICAIN du dimanche 1er juillet 1900 :
Etude de Me LARMOYER, notaire à A vendre à l'amiableen totalité ou par lots UNE PROPRIÉTÉsise à Pompey Route de Liverdun, n°1 ..1° Une Maison d'habitation avec terrasse, citerne et jardin derrière, d'une contenance de 20 ares. |
L'EST REPUBLICAIN du vendredi 6 juillet 1900 :
Tribunal correctionnel de Nancy
....Audience du jeudi 5 juillet..Défilé de pochards. - Claude Salhorque, 54 ans, ouvrier de forges à Pompey, étant ivre, plus qu'Auguste et la Pologne entière, a outragé le garde Saint-Joire dans l'exercice de ses fonctions. - 21 fr. d'amende.
..*** Victor Paquin, 44 ans, jardinier à Nancy, le 9 mai dernier se trouvant à Pompey et ayant perdu conscience de ses actes par suite de libations répétées, urinait en présence d'enfants. Le garde lui ayant fait une observation, Paquin l'outragea. - Un mois de prison et 5 fr. d'amende par défaut.
L'EST REPUBLICAIN du dimanche 8 juillet 1900 :
Vente sur saisie immobilière
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L'EST REPUBLICAIN du lundi 9 juillet 1900 :
BULLETIN FINANCIER
Revue des Valeurs régionales de la Banque RENAULD et Cie, à Nancy. Capital social : 4 millions______________________
..Pompey obtenable à 590, dernier prix fait.
..Les actions seront vraisemblablement libérées dans le courant de l'année.
..Le procès que soutenait la société contre un marchand de coke de Glascow s'est terminé transactionnellement par un versement de ce dernier de 25,000 fr. à Pompey.
L'EST REPUBLICAIN du mardi 10 juillet 1900 :
Modification au service des trains
..A partir du 9 juillet , les modifications ci-après sont apportées au service des trains :
..Ligne de Nancy à Longuyon. - Le train omnibus n°50, partant de Pagny-sur-Moselle pour Nancy à midi 06, aura sa marche retardée comme il est indiqué ci après :
..Pagny-sur-Moselle, départ, midi 43 ; Vandières, midi 48 ; Pont-à-Mousson, 1 h. ; Dieulouard, 1 09 ; Belleville, 1 14 ; Marbache 1 21 ; Pompey, 1 28 ; Frouard, 1 36 ; Champigneulles, 1 42 ; Nancy, arr., 1 50 soir.
..Embranchement de Pompey à Nomeny. - Le train omnibus n°350, partant actuellement de Nomeny pour Pompey à 11 h. 56 du matin, aura sa marche retardée comme il est indiqué ci dessous :
..Nomeny, départ, midi 34 ; Jeandelaincourt (halte), midi 44 ; Moivron, midi 49 ; Leyr, midi 54 ; Montenoy (halte), 1 h. 02 ; Faulx, 1 09 ; Malleloy (halte), 1 h. 02 ; Faulx, 1 09 ; Malleloy (halte), 1 14; Custines, 1 19 ; Pompey, arr., 1 23 soir.
L'EST REPUBLICAIN du mercredi 18 juillet 1900 :
Etat des récoltes
..L'Officiel du 16 juillet publie des extraits d'un certain nombre de rapports des professeurs départementaux d'agriculture sur la situation des récoltes, à la date du 4 juillet ; nous y relevons, pour notre département :
..« La floraison des blés se termine ; elle s'est faite par un temps favorable. Malheureusement, la sécheresse a gêné le développement de la paille et des épis.
..Les seigles ne paraissent pas devoir donner beaucoup de grains.
..Les avoines et les orges souffrent beaucoup de la sécheresse et l'épiage se fait difficilement. Elle ne donneront que peu de paille et probablement peu de grains.
..La sécheresse a nui également aux betteraves et aux pommes de terre.
..Le fenaison se termine dans d'excellentes conditions et, s'il y a peu de foin, il sera toutefois de bonne qualité.
..La récolte de la vigne sera faible. Les cerises ont été assez abondantes. Il y aura assez de prunes et de poires, mais peu de pommes.
L'EST REPUBLICAIN du jeudi 19 juillet 1900 :
Vandoeuvre
..M. Fould, propriétaire du château du Montet, avait porté plainte contre les frères Renard, âgés respectivement de 19 et 16 ans, domestiques à Villers, pour avoir dégradé de jeunes arbres fruitiers lui appartenant, ainsi que pour insultes et menaces graves proférées à son encontre et à celle de ses domestiques.
..Après une assez longue poursuite, M. Vincent, garde-champêtre, arrêta les inculpés qui, conduits devant M. Fould, ont eu une attitude fort piteuse et ont promis de ne plus recommencer - moyennant quoi ils ont été relaxés.
L'EST REPUBLICAIN du vendredi 20 juillet 1900 :
Tribunal correctionnel de Nancy
....Audience du jeudi 19 juillet..Brutale agression. - Joseph-Gaston Olivier, 18 ans ; François-Augustin Olivier, 19 ans, manoeuvres à Leyr, le 16 juillet, se trouvant à Pompey, ont assailli, à coups de poing et de pelle, M. Ferry, qui a dû s'aliter à la suite de cette brutale agression. - Gaston Olivier, 25 fr. ; Augustin Olivier, 16 fr. d'amende.
L'EST REPUBLICAIN du lundi 23 juillet 1900 :
Frouard-Pompey
..Voici le programme de la fête qui sera donnée le dimanche 29 courant par les vétérans par les vétérans de 655e section de Frouard-Pompey :
..A 10 heures précises du matin, prise du drapeau à l'établissement Bussière, à Frouard : départ pour Pompey. - A 10 h. 1/2, réception à la mairie de Pompey. - A 11 h., service solennel à l'église de Pompey pour les défenseurs de la patrie et les sociétaires défunts. - A midi, banquet par souscription à l'hôtel des Aciéries de Pompey.
..P.S. - Le prix du banquet est fixé à 3 fr. 50 pour les sociétaires et 3 fr. 60 pour les personnes étrangères ( 10 c. pour une carte ).
..Les souscriptions seront reçues jusqu'au jeudi 26 juillet au plus tard, à Pompey, par M. Masson ; à Frouard, par MM. Gayer et Bonnet.
..Tous les combattants de 1870, les familles des vétérans de la guerre de 1870, les anciens militaires, sont invités à assister à la cérémonie. Demander des cartes au secrétaire.
..La musique des établissements Munier, à Frouard, prêtera son concours à la cérémonie.
L'EST REPUBLICAIN du lundi 30 juillet 1900 :
BULLETIN FINANCIER
Revue des Valeurs régionales de la Banque RENAULD et Cie, à Nancy. Capital social : 4 millions______________________
..Métallurgie. - Le marché reste indécis : les producteurs ne se décident que très difficilement à abaisser leurs conditions, et les consommateurs attendent toujours, pour faire leurs commandes, qu'un mouvement se dessine dans le sens conforme à leurs voeux.
..Entre temps, l'étranger tâte le terrain : un agent anglais aurait offert dans la Haute Marne des fontes anglaises et américaines, et ce sont les usines belges et allemandes qui ont emporté la presque totalité de la dernière adjudication pour la compagnie de l'Est. Nous enregistrons sans commentaires les résultats de cette adjudication : ils sont assez instructifs par eux mêmes.
..Il s'agissait de la fourniture de 7,500 bandages, 7,500 corps de roue, 4,000 essieux, 7,600 dessus de boîtes et 7,600 dessous de boîtes.
..Le Nord et l'Est et les Aciéries de la Marine ont pris les bandages à des prix variants de 23,95 à 25,86. Les prix pratiqués en mars dernier pour une fourniture semblable avaient été de 24,85 à 26,45.
..Les 7,500 corps de roue ont échu à des maisons belges et allemandes à l'exclusion de maisons françaises aux prix de 93 à 123 70 contre 123 70 à 130 en mars.
..Deux usines belges ont pris la totalité des essieux aux prix de 31 90 à 33 25, conte 37 45 à 39 45 en mars.
..C'est encore une maison belge qui a obtenu les dessous des boîtes; et des usines françaises, dont Pompey, se sont partagé les 7,600 dessus de boîtes.
..Dans ses savantes études, publiées par le journal le Temps sous le titre « Enquêtes économiques », M. G. Villain émet l'avis que l'Angleterre ayant été, l'an dernier moins atteinte par la crise du combustible que l'Allemagne, c'est d'elle que pourra nous venir la baisse, par répercussion immédiate du marché américain.
..Le succès des usines belges à l'adjudication de l'Est, mentionnée plus haut, a rendu courage au marché ; mais la situation reste tendue par suite de l'intransigeance des charbonniers. On ne s'est pas encore mis d'accord sur les marchés de coke pour 1901, d'où incertitude très préjudiciable aux producteurs.
..Une nouvelle réunion a encore eu lieu en vue de la formation d'un comptoir unique de vente, mais l'accord est loin d'être fait.
L'EST REPUBLICAIN du mardi 31 juillet 1900 :
Frouard
..Dimanche a eu lieu la fête annuelle de la section des vétérans de Frouard-Pompey.
..A dix heures du matin, un service solennel a été célébré à l'église de Pompey pour les défenseurs de la patrie et les sociétaires défunts.
..A midi, un grand banquet par souscription a été servi aux aciéries. La vaillante musique des établissement Munier a prêté son concours à la cérémonie.
L'EST REPUBLICAIN du vendredi 3 août 1900 :
Tribunal correctionnel de Nancy
......Audience du jeudi 2 août..Une feuille de vigne, s.v.p. ? - M. Dussaut, garde barragiste à Pompey, fut très mal reçu par le marinier Cossard, à qui il eut à faire une observation.
..Lorsque le bateau eut filé à environ 400 mètres, notre marinier se reprit à narguer le garde, qui, justement furieux, braqua sur lui ses deux yeux, avec l'air de dire : « On te fera payer ça ! »
..Cossard ne trouva rien de mieux alors que de déboutonner son indispensable et de montrer ... la lune au barragiste, encore tout émotionné en racontant cette affreuse histoire à la barre ! - 25 fr. d'amende.
L'EST REPUBLICAIN du dimanche 5 août 1900 :
Tribunal correctionnel de Nancy
.....Audience du samedi 4 août..Affaire de pêche. - Léon-François Renaudin, 42 ans, propriétaire à Pompey, est accusé d'avoir lancé l'épervier, le 13 juillet, à 2 h. du matin, dans un lot de la Moselle qui ne lui appartient pas.
..M. Renaudin assure qu'il n'a pêché que dans un lot dont il est adjudicataire.
..Mais le garde Gaillard, qui a dressé le procès-verbal, s'il ne l'a pas surpris en flagrant délit, a du moins entendu son fils, Jean-Léopold Renaudin, assis sur le parapet du pont, donner un coup de sifflet indicateur pour prévenir son père de l'arrivée du garde. - Renaudin père est condamné à 80 fr. d'amende ; son fils à 20 fr.
L'EST REPUBLICAIN du mardi 7 août 1900 :
Pour la Chine
..Les sieurs Claude Feignier, ancien tambour au 153e d'infanterie, et Jean Hub, ex-légionnaire, tous deux ouvriers d'usine à Frouard, et le sieur Collignon, de Pompey, ont signé leur engagement pour le corps expéditionnaire de Chine. Après avoir touché la prime de 200 francs, ils ont reçu leur feuille de route.
..Ils sont partis pour Toul, d'où ils se rendront à Nîmes pour être versés au 18e régiment d'infanterie de marine en formation.
L'EST REPUBLICAIN du vendredi 10 août 1900 :
Tribunal correctionnel de Nancy
......Audience du jeudi 9 août..Voleur de bicyclettes. - Paul-Henri Grandjean, 20 ans, marcaire à Faulx, est un spécialiste dans l'art de voler les bicyclettes. Le 27 juillet dernier, passant près du mur du parc de M. Marin, notaire à Faulx, il s'empara d'une bicyclette que M. Grandjean, étudiant en droit, avait déposée en cet endroit, depuis quelques instants. Grandjean vendit la machine dérobée, à Pompey, pour une somme de 64 fr.
..Quelques jours après, notre homme, alléché, volait encore une autre machine, appartenant à un militaire. Il alla l'offrir en vente à un négociant de la rue Gambetta qui, pris de soupçon le fit arrêter. - Six mois de prison.
L'EST REPUBLICAIN du samedi 11 août 1900 :
Congrès des greffiers de paix du département
..On nous communique ce compte rendu avec prière d'insérer : « A la réunion générale tenue à Nancy, le 5 août 1900, MM. les greffiers de paix du département se sont constitués en « Compagnie des greffiers du département de Meurthe-et-Moselle».
..Ont été nommés : Président, M. Decisy, greffier de paix Nancy-Nord ; Vice-président, M. Perrin, greffier de paix de Pont-à-Mousson ; trésorier et secrétaire, M. Mathieu, greffier de paix Nancy-Ouest.
..Il a été décidé qu'une assemblée générale aurait lieu le premier dimanche d'août de chaque année.
..M. Ferrette, député de la Meuse, qui s'occupe spécialement des questions d'accidents de travail, a bien voulu assister à la réunion, de sorte que le Congrès s'est ouvert sous les meilleurs auspices pour la solution toujours attendue des questions de paiement de frais d'enquête en cas d'accident du travail, ce qui est pour eux une question importante dans nos centres industriels. Il n'est pas de sociétés industrielles importantes ou de municipalités également qui n'ait un employé spécial pour l'application de la loi, ce qui donne une idée du travail écrasant du greffier qui a tout un canton. A l'hospice de Pompey, il y a une salle réservée aux blessés à la suite d'accidents. Le greffier de paix de Longwy a en moyenne 25 enquêtes par mois et en conséquence 25 accidents graves dans son canton, ce qui l'oblige à consacrer 25 jours de son travail par mois pour les accidents.
..MM. Gervaize et Ferrette ont assuré les greffiers de paix de les soutenir dans leurs revendications et projets de loi à déposer.
..M. Ferrette, qui avait déposé le projet de loi pour le paiement aux greffiers des frais de l'enquête faite d'office sitôt la déclaration d'accident arrivé, a déclaré que son projet comportait le paiement par le Trésor des frais de l'enquête imposée aux greffiers de paix, paiement qui devait être fait à titre d'avance comme les frais des témoins et de l'expert pour que la loi puisse recevoir son application ; il a ajouté avoir été surpris qu'il en ait été décidé autrement dans la loi de finances votée récemment, et être prêt à déposer une nouvelle loi dans ce sens.
Il a été décidé de déposer une pétition à la Chambre pour qu'une loi additionnelle déclare :
..1° Qu'en cas de jugement, le tribunal statuera en tous cas spécialement sur les frais de l'enquête ;
..2° Que, dans tous les cas où il n'y aura ni procès-verbal de conciliation, ni procès-verbal d'inconciliation, le greffier de paix du tribunal civil délivrera l'exécutoire des dépens dans les deux mois de l'accident ;
..3° Qu'en cas de procès-verbal d'inconciliation non suivi de jugement, ledit greffier devra délivrer l'exécutoire dans le mois qui suivra l'année de l'accident.
..A la fin de la réunion; MM. les greffiers de paix de Nancy ont signé une pétition à déposer à la Chambre pour qu'une loi (ce qui existe déjà pour les notaires et le tribunal civil de Nancy) élève la ville de Nancy au rang de 1re classe, rang qui lui est assigné par sa population, d'autant plus que des villes de moindre importance, comme Nice et Versailles, sont classées de 1re classe.
..De plus, les greffiers ont décidé de demander, à la prochaine session du conseil général, l'allocation qui leur est due pour leurs déboursés d'imprimés en matière d'accidents. Le département paie les déboursés d'imprimés faits en assistance judiciaire et doit payer nécessairement les frais d'accidents régis par les mêmes principes de l'assistance judiciaire.
..Les greffiers de paix ont tenu à remercier MM. les députés de leur sollicitude à leur égard et se sont séparés après un dîner empreint de la plus franche cordialité chez M. Walter, dans l'espoir de voir aboutir bientôt leurs efforts, pour mettre fin à une situation intolérable résultant de la loi sur les accidents. »
L'EST REPUBLICAIN du dimanche 12 août 1900 :
EN CHINE
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Les volontaires français
..Brest. - Un détachement de volontaire des 2e et 6e régiment d'infanterie de marine sont partis ce matin pour Toulon. La foule leur a fait une ovation.
L'EST REPUBLICAIN du lundi 13 août 1900 :
BULLETIN FINANCIER
Revue des Valeurs régionales de la Banque RENAULD et Cie, à Nancy. Capital social : 4 millions______________________
..Pompey à 590 en dernier lieu.
..La société se propose d'établir prochainement des machines à gaz pauvre pour l'utilisation des gaz des haut-fourneaux. Des laveurs perfectionnés débarrassant ces gaz des poussières sont déjà installés.
L'EST REPUBLICAIN du vendredi 17 août 1900 :
Pompey
..Le sieur Henry Bailly, âgé de 29 ans, manoeuvre, sans domicile fixe, a été arrêté sous l'inculpation de vol de pommes de terre dans un terrain cultivé par M. Dussaulx, barragiste.
L'EST REPUBLICAIN du samedi 18 août 1900 :
Tribunal correctionnel de Nancy
..Audience du vendredi 17 août..Vols. - Henry Bailly, 29 ans, journalier, sans domicile fixe, a dérobé une certaine quantité de pommes de terre dans le jardin du barragiste de Pompey. - Huits jours de prison.
L'EST REPUBLICAIN du dimanche 19 août 1900 :
Pompey
..Procès-verbal a été dressé contre les sieurs Emile Pitois, Victor Bonaventure, chauffeurs, et Léon Evrard, forgeron, qui à la suite d'une légère discussion sur la voie publique, se sont portés des coups de poing et se sont frappés à coup de gaule, dont ils étaient porteurs.
L'EST REPUBLICAIN du mardi 21 août 1900 :
Les récompenses de l'Exposition
..............(Suite)..Aciéries de Pompey (suite). - Collaborateurs. - Médaille d'or, M. Bouillard, ingénieur.
..Médailles d'argent, MM. Mouton, Bouthillier, A. Collinet, A. Robert.
..Médailles de bronze, MM. Mayer, J.-B. Collinet.
..Mentions honorables, MM. J. Choquert, Macours, A. Dolveck, Dilgard, A. Mater, Guérin, ouvriers.
L'EST REPUBLICAIN du samedi 25 août 1900 :
Tribunal correctionnel de Nancy
..Pêche. - Nicolas Wagner, 11 ans, de Pompey, a été surpris pêchant dans la réserve. Il est acquitté comme ayant agi sans discernement.
L'EST REPUBLICAIN du jeudi 30 août 1900 :
Pompey
..M. François Godillot, âgé de 37 ans, travaillant aux laminoirs, a été atteint par une barre de fer rouge, sortant d'un cylindre. Cet ouvrier, qui a été grièvement brûlé sur le corps et à la jambe droite, a été conduit à l'hospice.
L'EST REPUBLICAIN du dimanche 2 septembre 1900 :
La durée du travail dans les ateliers
..Un certain nombre de procès-verbaux ayant été dressés, ces jours derniers, contre plusieurs industriels, pour infraction à la loi du 2 novembre 1892, relative à la durée de la journée de travail, on nous demande de reproduire le texte de cette loi, qui a été promulguée le 30 mars dernier et affichée en son temps.
..Nous nous empressons de déférer à ce désir. Voici le texte dont il s'agit :
..Article 1er. - Les articles 3, 4 et 11 de la loi du 2 novembre 1892 sur le travail des enfants, des filles mineures et des femmes dans les établissements industriels sont modifiés ainsi qu'il suit :
..Art. 3. - Les jeunes ouvriers et ouvrières, jusqu'à l'âge de 18 ans, et les femmes ne peuvent être employés à un travail effectif de plus de 11 heures par jour, coupées par un ou plusieurs repos, dont la durée totale ne pourra être inférieure à une heure et pendant lesquels le travail sera interdit.
..Au bout de deux ans à partir de la promulgation de la présente loi, la durée du travail sera réduite à 10 heures et demie et, au bout d'une nouvelle période de deux années, à 10 heures.
..Dans chaque établissement, sauf les usines à feu continu et les mines, minières ou carrières, les repos auront lieu aux mêmes heures pour toutes les personnes protégées par la présente loi.
..Art. 4, § additionnel. - A l'expiration d'un délai de deux ans à partir de la promulgation de la présente loi, les dispositions concernant le travail de nuit prévues aux paragraphes 2 et 3 du présent article cesseront d'être en vigueur, sauf pour les travaux des mines, minières et carrières.
..Art. 11, § 3. - Dans les établissements visés par la présente loi autres que les usines à feu continu et les établissements qui seront déterminés par un règlement d'administration publique, l'organisation du travail par relais, sauf ce qui est prévu aux paragraphes 2 et 3 de l'article 4, sera interdit pour les personnes protégées par les articles précédents, dans un délai de trois mois à partir de la promulgation de la présente loi.
..En cas d'organisation du travail par postes en équipes successives, le travail de chaque équipe sera continu, sauf l'interruption pour le repos.
..Art. 2. - Il est ajouté à l'article 1er du décret-loi des 9-14 septembre 1848, la disposition suivante : Toutefois, dans les établissements énumérés dans l'article 1er de la loi du 2 novembre 1892 qui emploient dans les mêmes locaux des hommes adultes et des personnes visées par ladite loi, la journée de ces ouvriers ne pourra excéder 11 heures de travail effectif.
..Dans le cas du paragraphe précédent, au bout de deux ans à partir de la promulgation de la présente loi, la journée sera réduite à 10 heures et demie et, au bout d'une nouvelle période de 2 ans, à 10 heures.
L'EST REPUBLICAIN du mercredi 5 septembre 1900 :
Pompey
..Dimanche, 26 août, une nombreuse assistance accompagnait à sa dernière demeure M. Théophile Toussaint, ancien chef de comptabilité aux usines de Pompey, décédé en son domicile, 15, rue Saint-Lambert, à Nancy, où il avait pris sa retraite le 1er mai 1899.
..Au cimetière de Préville, à Nancy, où a eu lieu l'inhumation, M. Fould, maître de Forges de Pompey, et M. Prègre, directeur de la succursale à Paris, ont prononcé les discours d'adieu.
..« Elevé dans notre maison, a dit notamment M. Fould, où son père avait longtemps travaillé, Toussaint, entré à l'âge de 16 ans dans les bureaux, avait, par son travail et son intelligence, gravi rapidement tous les échelons et était devenu l'un des chefs et l'un des doyens de ce personnel d'élite, qui, toujours d'accord avec ses chefs, a su mettre successivement les usines d'Ars, puis celles de Pompey au premier rang de la métallurgie française Quittant le pays de Metz, au lendemain des désastres de 1870, il avait immédiatement contribué à rendre à la France une grande industrie qu'elle avait perdue. »
..Voici la péroraison du discours de M. Prègre :
...................« Messieurs,
..Il faut honorer de telles existences. J'ai connu Toussaint à Ars-sur-Moselle. Il était déjà chef de la comptabilité lorsque je débutais dans les affaires et j'atteste ici que tous les chefs de la maison depuis ces temps lointains ont eu pour lui l'estime et l'affection qu'il avait su conquérir par toutes ses qualités personnelles, mais surtout par la sûreté de sa collaboration.
..Messieurs, je m'incline respectueusement devant ce cercueil, et je dis à celui qui s'en va à jamais, qu'il est mort au champ d'honneur du travail.
..Adieu, Théophile Toussaint, adieu : »
L'EST REPUBLICAIN du dimanche 16 septembre 1900 :
Pompey
..Voici le programme de la première audition musicale qui sera donnée par l'excellente Harmonie des forges de Pompey, dimanche 16 septembre, de trois à quatre heures du soir, faubourg de Pompey :
..1. Le Bienheureux, allegro militaire. - 2. La croix d'honneur, ouverture. - 3. Coquette, polka. - 4. Les chevau-légers, quadrille. - 5. Osman-Pacha, pas redoublé.
L'EST REPUBLICAIN du jeudi 20 septembre 1900 :
Pompey
..Une rixe a éclaté entre les nommés Chambard et Larche, tous deux manoeuvres. Chambard a reçu un coup de marteau sur la tête, mais la blessure est peu grave.
L'EST REPUBLICAIN du samedi 22 septembre 1900 :
.Tribunal correctionnel de Nancy
Audience du vendredi 21 septembre..*** Paul Faivre, 29 ans, mineur à Pompey, le 24 août, étant pris de boisson, alla chez son contremaître, M. Tilly, demander son compte. M. Tilly lui ayant répondu qu'il serait réglé dans la soirée, Faivre le saisit à la gorge, le frappa et lui brisa une dent. M. Tilly dut appeler au secours pour se débarrasser de son agresseur. - Vingt jours de prison.
L'EST REPUBLICAIN du dimanche 23 septembre 1900 :
Custines
..L'autre soir, les sieurs Gomberville et Schumaker regagnaient Custines après leur journée faite aux aciéries de Pompey, et longeaient la voie de chemin de fer de Nomeny.
..A un kilomètre environ de la gare de Pompey, ils entendirent des plaintes sur la voie.
..Ils se portèrent vers l'endroit d'où partaient les gémissements et aperçurent, dans l'ombre déjà épaisse de la nuit, un homme étendu sur les rails, se tordant dans d'affreuses douleurs et perdant son sang en abondance. Ils reconnurent un jeune garçon de Custines, âgé de 19 ans, le sieur Jean Houper, qui, entre autres blessures graves, avait l'avant-bras droit presque détaché.
..Ils le soulevèrent et le déposèrent hors de la voie, le plus doucement possible, mais non sans arracher des cris horribles au malheureux qui clamait éperduement :
..- Je vous en supplie, achevez-moi ou jetez-moi au canal ! ...
..Les deux jeunes gens l'encouragèrent de leur mieux à prendre patience et coururent à Custines prévenir qui de droit et ramener du secours. Ils revinrent en compagnie aussi vite que possible sur le lieux de l'accident, mais à leur grande stupéfaction, ils n'y retrouvèrent pas Houpert. Toutes les recherches et les appels furent vains ; chose étrange, le blessé avait disparu ! ...
..On ne tarda pas, d'ailleurs, à retrouver ses traces, indiquées par une traînée de sang, jusqu'au canal, où le malheureux avait dû se traîner et se jeter. Toutes les recherches pour retrouver son corps sont demeurées inutiles.
..Houpert avait eu , le jour même, une sérieuse discussion avec son père.
L'EST REPUBLICAIN du mardi 25 septembre 1900 :
Les vendanges
..Lundi matin, les vendangeurs se sont mis à l'oeuvre dans une bonne partie de la banlieue de Nancy; à Malzéville, Maxéville, Vandoeuvre, Houdemont, on ne rencontrait que travailleurs ployant sous le poids du lourd « tendelin ». L'impression générale, comme nous l'avons déjà dit, est loin d'être mauvaise et aux environs de Nancy comme dans beaucoup d'endroits, la récolte de 1900 pourra compter parmi les meilleurs.
Custines
..Nous avons dit qu'après avoir tenté vainement de se tuer en se jetant sous un train, le jeune Jean Houpert, les membres fracassés, s'était traîné jusqu'au canal et s'y était précipité.
..Des ouvriers, qui travaillaient dans ces parages, ont aperçu son corps émergeant de l'eau. Houpert avait un bras presque détaché du corps, et l'autre main coupée au poignet.
..Tout s'était donc passé comme nous l'avions conjoncturé. Houpert s'était mis debout sur la voie et avait été jeté de travers, les bras seuls portant sur les rails.
..Se voyant mutilé et souffrant horriblement, il était descendu sur la berge du canal et s'y était noyé.
..Après les constatations légales, le corps a été transporté au domicile de ses parents, à Custines.
L'EST REPUBLICAIN du jeudi 27 septembre 1900 :
Pompey
..Un accident est arrivé aux usines de Pompey, au moment où l'on enlevait à la grue mobile de l'aciérie une lingotière de 1,500 kilos. La grue, qui pèse elle-même quatre à cinq tonnes, s'inclina, puis s'abattit sur le flanc, entraînant avec elle le wagon qui lui sert de plate-forme et les hommes qui la manoeuvrent.
..L'un d'eux, dans un bond prodigieux, put franchir la plate-forme et sauter à terre; mais ses compagnons glissèrent et furent pris sous la masse abattue. Ce sont les sieurs Michel Feidt et Holweck.
..Comme les ouvriers, armés de pinces, se précipitaient au secours de ce dernier, il eut un mot véritablement stoïque : «Dégagez d'abord Michel, dit-il, il est plus en danger que moi !»
..En effet, Michel Feidt a la jambe broyée au-dessous du genou et a dû être transporté d'urgence à l'hospice de Pompey. Quant à Holweck, qui en est quitte pour une blessure moins grave au mollet, il a pu regagner son domicile, au faubourg de Frouard, simplement soutenu par des camarades.
..Par bonheur, la tête de la grue s'est abattue sur une pile de lingots qui l'ont maintenue en l'air ; sans cela, plusieurs autres ouvriers eussent été certainement atteints.
L'EST REPUBLICAIN du lundi 29 septembre 1900 :
Tribunal correctionnel de Nancy
..Chambardement. - Le sieur Chambard, de Pompey, est bien l'homme de son nom, il a frappé son pensionnaire, nommé Larcher, et l'a traîné par la barbe. Le prévenu se défend avec une volubilité extraordinaire, soulevant l'hilarité de l'auditoire, il déclare que c'est Larcher au contraire, qui est le coupable et qui l'a frappé de telle sorte « qu'il saignait comme un petit cochon ».
..A un moment donné, Chambard « déballe » un gigantesque couteau et voulant mimer la bagarre dont il a été le principal auteur, le lève sur M. le président.
..Finalement notre homme est condamné à six jours de prison, qui lui apprendront, dit M. le président, « à ne plus tirer, à l'avenir, la barbe d'autrui ».
L'EST REPUBLICAIN du vendredi 12 octobre 1900 :
La destruction des loups
..Le bulletin du ministère de l'agriculture vient de publier la nomenclature des loups tués en 1899, et des primes payées en vertu de la loi sur la destruction des animaux. Le nombre des loups tués au cours de l'année dernière a été de 207 dans 19 départements au lieu de 197 dans 21 départements en 1898.
..Les départements dans lesquels on a détruit le plus grand nombre de loups en 1899, sont les suivants : Charente, 42 ; Dordogne, 27 ; Meuse, 24 ; Haute-Vienne, 24 ; Haute-Saône, 16 ; Vosges, 16 ; Meurthe-et-Moselle, 12 ; Marne, 10. Le montant des primes payées pour leur destruction s'est élevé à 13,040 fr.
L'EST REPUBLICAIN du dimanche 21 octobre 1899 :
Pompey
..Dans l'après-midi des malfaiteurs inconnus ont pénétré, à l'aide d'effraction, dans les logements de MM. Colin et Chiry, rue des Ecoles, et ont dérobé une somme de 60 fr. et une montre en or. Les malfaiteurs devaient être au courant des habitudes des habitants, car ils ont profité de l'absence des locataires pour enfoncer à coup de genoux la porte des logements.
L'EST REPUBLICAIN du samedi 3 novembre 1900 :
Frouard-Pompey
..Comme chaque année, la fête de la Toussaint a donné lieu à une touchante cérémonie, à Frouard, comme à Pompey.
..A Frouard, le matin avait été célébré un service funèbre à la mémoire des enfants de la commune morts pour la patrie. Le cortège s'est ensuite formé pour se rendre au cimetière. On y remarquait la section des vétérans de Frouard-Pompey, la compagnie des sapeurs-pompiers et les jeunes gens de la classe 1900, - qui tireront au sort l'an prochain, - auxquels s'étaient joints ceux de Pompey. Plusieurs délégués portaient de superbes couronnes.
..La musique de l'établissement Munier, qui s'était fait entendre déjà durant la messe, a joué la Marseillaise devant le monument.
..Puis un délégué des vétérans, après un discours animé du plus pur souffle patriotique, a déposé une palme.
..Enfin, un des conscrits de l'an prochain, M. Jules Grosjean, après avoir salué les anciens tombés au champ d'honneur, a terminé en ces termes son vibrant discours :
..« Aux camarades morts, comme aux amis qui combattent, nous disons : « Vous nous avez montré la voie, nous la suivrons. La classe 1900 fera comme ses aînés simplement, mais fermement son devoir... » C'est à dire qu'elle est prête à tous les sacrifices pour accomplir les tâches que lui imposera la patrie !
..Conscrits de 1900, tout pour le drapeau ! tout pour la France et pour la République ! »
..M. Baquet, un glorieux vétéran à la poitrine constellée de décorations, a fait ensuite l'apologie du drapeau au milieu d'une émotion intense.
..- Une cérémonie semblable a eu lieu l'après-midi au cimetière de Pompey, en présence des vétérans, des sapeurs-pompiers et des conscrits de 1899 et 1900, auxquels s'étaient joints les jeunes gens de la classe 1901 et une délégation des conscrits de Frouard.
..Trois chaleureux discours ont été prononcés : par M. Pierron fils, instituteur, qui a parlé au nom des vétérans et qui a annoncé qu'une souscription allait être provoquée à Pompey pour l'érection d'un monument à la mémoire des soldats morts au champ d'honneur ; par M. Pierson, au nom des conscrits; enfin, par M. Mayet, qui a rappelé le souvenir d'un jeune homme de la classe, le jeune Hamer, mort au travail, - autre champ d'honneur !
..Ajoutons que l'excellente musique des usines et aciéries de Pompey prêtait son précieux concours à cette patriotique manifestation.
L'EST REPUBLICAIN du vendredi 23 novembre 1900 :
A la mine de Ludres
..Une certaine effervescence règne parmi les ouvriers des mines de la Société Dupont et Fould, à Ludres.
..Ils réclament : 1° la suppression des amendes de 5 fr., qui leur sont appliquées quand ils manquent le travail le lundi ; des amendes de 3 fr., quand ils manquent le mardi, et en général de toutes les autres amendes, qui sont de 1 fr. et de 0 fr. 50 ; 2° la pays par quinzaine ; 3° une augmentation de 10 centimes par tonne.
..Ils demandent aussi qu'un homme soit affecté spécialement au pesage des wagons, et ils offrent de payer cet homme eux-même.
..On espère qu'un arrangement amiable interviendra aujourd'hui même.
L'EST REPUBLICAIN du samedi 24 novembre 1900 :
La grève à Ludres
..La grève des mineurs de Ludres continue. Il a été procédé à la formation d'un bureau de cinq membres qui aura pour mission de faire les démarches nécessaires auprès de M. le préfet, afin d'arriver à une prompte conciliation entre patrons et ouvriers.
..*
*...*..Un de nos collaborateurs s'est rendu vendredi après-midi à Ludres ; voici son récit :
..« Midi et demi. - Descendent du train de Nancy une quarantaine d'ouvriers mineurs habitant dans cette ville et aux environs, travaillant aux mines Fould-Dupont à Ludres et allant prendre part à la réunion des grévistes qui doit se tenir, à une heure, à la mairie.
..Devant celle-ci quelques groupes, à l'intérieur une affiche déclarant que les acomptes peuvent être payés de suite aux ouvriers.
..La veille, en effet, le paiement des acomptes avait été suspendu et même l'économat fermé. Sur les instances de la préfecture, représentée depuis deux jours à Ludres par M. Gerber, commissaire spécial, le paiement des acomptes a été ordonné et l'économat ouvert de nouveau.
..Dans la mairie, des gendarmes, au nombre d'une quinzaine, sous le commandement du capitaine Jessel, de Nancy.
..Tout est calme, les groupes sont plus nombreux devant l'édifice municipal.
..Les ouvriers discutent et en reviennent à cette question des amendes, cause initiale de la grève. 5fr. pour manquement au travail le lundi, 3 fr. pour le mardi, 1 fr. pour les autres jours.
..Les mineurs, dont certains sont fort bien payés, puisqu'ils gagnent de 250 à 300 fr. par mois, émettent aussi d'autres revendications. Rappelons-les :
..Ils voudraient que les salaires leur soient payés par quinzaine, ils désireraient soldés avec leurs deniers un surveillant pour les bascules. - Une augmentation de dix centimes par tonne de minerai extraite, l'entrée et la sortie de la mine à volonté.
..Le temps se passe. La réunion ne doit plus commencer qu'après l'arrivée de M. Lacaille, délégué de la fédération des syndicats, et de MM. Fould et Heilbronner, son gendre.
..A deux heures et demie, les mineurs vont chercher à la gare M. Lacaille, et une réunion qui comprend à peu près 175 mineurs se tient ensuite dans une salle de la mairie, sous la présidence de M. Steinmetz dit Janvier.
..M. Lacaille résume la situation, il dit les revendications énumérées plus haut et qui vont être soumises à MM. Fould et Heilbronner, il exhorte les ouvriers à soutenir leurs propositions et les engage vivement à se syndiquer.
..Puis cinq délégués sont nommés par acclamations. Tout à coup, on entend des cris de : «Voilà M. Fould !». En effet, M. Fould et M. Heilbronner viennent d'arriver.
..Devant la mairie, M. Fould parle aux ouvriers. Il commence par reprocher sur un ton amical aux grévistes de l'avoir dérangé au milieu du mariage de son fils.
..Mais la discussion prend un tour bientôt acerbe. Des mineurs réclament contre les amendes, d'autres entreprennent M. Fould au sujet des pensions de retraite.
..De certains groupes partent même des injures. M. Fould s'emporte peu à peu. Il proteste et dit qu'il a fait pour son personnel tout ce qu'il était en son pouvoir de faire.
..M. Fould a une altercation très vive avec le mineur Janvier, président de la grève.
..M. Fould se refuse à traiter avec les délégués nommés par les grévistes, il veut bien le faire mais avec trois délégués désignés par lui et trois délégués pris parmi les ouvriers le plus nouvellement venus à la mine.
..Les mineurs dont l'excitation croit sans être dangereuse et nécessiter l'intervention de la gendarmerie, s'y refusent.
..M. Fould, accompagné de quelques personnes dont M. Vinot, maire de Ludres et M. Gerber, est, sur ces entrefaites, entré dans la salle de la mairie évacuée par les grévistes.
..Il propose aux ouvriers diverses combinaisons annoncées par M. Lacaille du haut du perron et toutes énergiquement refusée. C'est, de traiter d'abord avec trois ouvriers à la mine depuis 1890 et trois ouvriers depuis 1895 - avec deux ouvriers employés depuis dix ans, deux depuis cinq ans, deux depuis deux ans, etc., etc.
..Finalement, les premiers délégués, dont les grévistes veulent l'audition, sont reçu à l'exception de M. Janvier que M. Fould se refuse à recevoir et qui demande à être remplacé par un camarade.
..Peu après, M. Janvier est admis également à discuter avec M. Fould.
..Il fait nuit noire. Dans l'étroit boyau du couloir de la mairie, se presse une foule compacte, s'échauffant, s'excitant, mais cependant sans que son attitude ne nécessite le moins du monde l'intervention des gendarmes en réserve dans le logement de l'instituteur.
..( Sur ces entrefaites, les enfants de l'école, qui ne font pas grève, eux, sortent de l'étude deux par deux, bien en ordre.)
..Cette situation peu agréable, attendu qu'on attrape rudement froid aux pieds dans ce satané couloir, se prolonge pendant deux bonnes heures ; enfin MM. Fould et Heilbronner sortent. On fait connaître aux ouvriers les résultats de l'entrevue.
..Il sont négatifs. M. Fould n'a pas cru devoir tomber d'accord avec les délégués mineurs, pas plus sur la question de la paye bi mensuelle que la question de l'augmentation de dix centimes par tonne, la question des amendes n'a pu être exactement réglée, ni celle des bascules.
..Finalement, après quelques mots de MM. Lacaille et Janvier, la continuation de la grève a été votée d'acclamation.
..Il y aura une nouvelle réunion aujourd'hui, samedi, à une heure. Les ouvriers semblent fermement décidés à continuer le chômage.
..Un grand nombre d'entre eux sont repartis soit par le train de 7 h. 20, soit à pied, dans la nuit noire, par la route affreusement boueuse. La gare est toute bruissante, voilà les gendarmes, le fusil à la main, le ceinturon aux cartouchières vernies.
..Le train est pris d'assaut et s'en va par la campagne, noyée de pluie, emportant de vagues refrains de chansons révolutionnaires.
L'EST REPUBLICAIN du dimanche 25 novembre 1900 :
La grève à Ludres
.......( suite )..La situation reste stationnaire. Les mineurs conservent toujours une attitude calme et raisonnable. Samedi, le train de midi et demi a amené, à Ludres, comme la veille, un certain nombre d'ouvriers de Nancy et des environs.
..La réunion qui avait été décidée pour une heure à la mairie a eu lieu sans incident. M. Fould n'y était pas représenté.
..Plus de 80 ouvriers ont pris rang parmi les syndiqués. Il ont été inscrits immédiatement et des livrets leur ont été remis en séance.
..Un certain nombre de grévistes sont repartis à trois heures à Nancy.
..L'impression qui se dégage de la journée est que les ouvriers sont résolus à faire valoir jusqu'au bout leurs réclamations.
..On assure que M. Fould aurait consenti à abaisser le chiffre des amendes, dont l'élévation excessive a été la principale cause de la grève. De leur côté les ouvriers n'auraient fait aucune difficulté, il y a quelques jours, pour le maintien des amendes de 1 fr., en usage jusqu'ici, les jours d'absence.
..Mais, l'effervescence aidant, ils paraissent d'accord pour réclamer maintenant la suppression de toute amende.
..En résumé, en dehors de cette question des amendes, les réclamations des grévistes se réduisent à peu près à la demande d'augmentation de 0 f. 10 par tonne de minerai.
..En échange de cette augmentation ils renonceraient à la prime de 0 fr. 10, également par tonne, qui leur était allouée lorsqu'ils arrivaient à extraire 300 tonnes par jour.
..Comme il est à peu près impossible à un homme, disent-ils, d'atteindre ce chiffre, l'avantage qui leur était fait devenait illusoire.
..Nous avons dit, d'après des renseignements recueillis en passant, que le salaire de quelques-uns d'entre les mineurs atteignait parfois 250 à 300 fr. par mois.
..Des renseignements plus précis nous font un devoir d'ajouter que ces cas ont toujours été excessivement rares et que de ces chiffres exceptionnels il faut distraire les sommes payées aux manoeuvres, ainsi que plusieurs frais accessoires.
..En réalité, le salaire varie selon l'extraction et la difficulté d'atteindre la quantité nécessaire pour obtenir la prime de 0,10, rend ce salaire très variable.
..Il varie, pour la moyenne des ouvriers, entre 100 et 120 fr. par mois, et c'est pour lui donner un peu plus de fixité qu'ils demandent le remplacement de la prime par l'augmentation uniforme de 0 fr. 10 par tonne.
..Nous apprenons d'autre part qu'une entrevue a eu lieu entre M. Fould et le préfet. M. Fould ne semble pas prêt à transiger.
..On lui prête même - mais ce n'est là qu'un bruit qui court à Ludres - l'intention de fermer la mine, lundi matin, si le travail ne reprend pas.
..Il estime que ses ouvriers sont victimes d'influences malsaines et il assure que la grande majorité ne désire pas véritablement la grève.
..En attendant la fin de celle-ci, les usines de Pompey seraient alimentées par du minerai provenant du grand-duché de Luxembourg.
..Telle est la situation. Au demeurant, elle n'offre rien d'alarmant, et aucun désordre ne s'est produit.
..Néanmoins, plusieurs brigades de gendarmerie de Nancy et de Pont-Saint-Vincent restent en permanence à Ludres, gardant tant la mairie que les abord de la mine.
..Dimanche, réunion à dix heures du matin.
L'EST REPUBLICAIN du lundi 26 novembre 1900 :
La grève à Ludres
.......( suite )..Au nom du comité de la grève, M. Honoré Stainmette, président, nous prie d'insérer un «appel aux ouvriers mineurs» les priant de ne pas accepter de travail à Ludres. Cet appel se termine par ses mots :
..« Au nom de la solidarité qui doit tous nous unir, vous répondrez aux émissaires de MM. Fould et Dupont par le refus, et, si vos compagnies cherchaient à avoir recours à la surproduction pour venir en aide à ces patrons entransigeants, vous répondrez, nous en sommes certains, ainsi que le devoir vous l'indique, par une fin de non recevoir.
..Vive la solidarité ouvrière !
..............................Le comité de la grève.»
..*
*...*..Ainsi que nous l'avons annoncé, une nouvelle réunion de mineurs grévistes a eu lieu dimanche.
..Comme la veille, lamajeur partie des mineurs arrivent de Nancy et sous une pluie battante, on gagne la salle de la mairie. Lorsque tout le monde a réussi à se caser dans cette salle exiguë, la séance est ouverte. M. Stainmette, président du comité de la grève, donne la parole à M. Goudet, vice-président du syndicat des mineurs, de Meurthe-et-Moselle, résidant à Neuves-Maisons, qui déclare que le bureau du syndicat, après examen, a reconnu justes les revendications des mineurs en grève. C'est pourquoi, ajoute-t-il, le syndicat a décidé que des secours seraient accordés aux ouvriers grévistes de Ludres.
..M. Gaudet, constate ensuite que cette grève est la première que les mineurs soutiennent ici. Aussi, il faut espérer, dit-il, que le résultat sera satisfaisant, ce qui permettra de montrer la force et la puissance du syndicat.
..L'orateur déclare en outre que les mineurs travaillant dans les autres concessions n'oublieront pas leurs camarades en grève et qu'ils mettront chaque jour une petite somme de côté, qui sera donnée aux mineurs de la mine Fould.
..Les assistants, satisfaits des paroles de M. Goudet, crient : « Vive le président ! » lorsqu'il cède la parole à M. Stainmette.
..Celui-ci rend compte de l'entrevue qu'il a eue samedi dans l'après-midi avec M. le préfet.
..M. Joucia-Peloux, dit-il en résumé, l'a engagé fortement à conseiller la reprise du travail, en disant que l'augmentation du prix de la tonne, réclamée par les grévistes, serait difficile à obtenir, et que, en ce qui concerne les autres réclamations, M. Fould donnerait ultérieurement sa réponse.
..M. Stainmette dit aux ouvriers que l'on va passer au vote pour décider si la grève doit continuer ou non. Dans le cas de l'affirmative, fait-il remarquer, il faudra se « serrer le ventre. »
..Une voix dans la salle : - On achétera une ceinture neuve !
..D'autres lazzis semblables partent de divers côtés, puis le président continue:
..Il demande si samedi des ouvriers sont allés se faire régler ?
..Un assistant répond : - Un seul ouvrier, blessé, a demandé un bon pour l'économat, mais il a refusé son compte.
..Cette réponse attire l'intervention d'un ouvrier qui s'exprime ainsi :
..« Le patron, en descendant de la mine, a dit : C'est malheureux, il faudra bientôt aller chercher les ouvriers au café pour leur donner de l'argent »
..Comme on peut le penser, les assistants éclatent de rire.
..M. Steinmette continue en donnant lecture de la lettre du juge de paix du canton Ouest de Nancy, ordonnant aux ouvriers de désigner cinq délégués qui devront venir, conformément à la loi sur l'arbitrage, lui exposer leurs revendications.
..Puis il déclare qu'il a envoyé un appel aux mineurs du département pour qu'ils refusent « de produire en plus », afin que les usines de Pompey ne puissent être approvisionnées ainsi de minerai.
..Le président déclare enfin que M. Fould refuse de délivrer les cartes d'abonnement qui permettent aux ouvriers de voyager à prix réduits. Aussi fera t-il une démarche auprès de M. le commissaire spécial de la gare pour que ces cartes soient distribuées comme précédemment aux ouvriers.
..Cette question mécontente fortement les mineurs. L'un d'eux cependant en prend gaiement son parti et il s'écrie :
..- Eh bien ! nous nommerons les cantonniers chefs de gare, nous prendrons le train onze et les stations seront les bornes kilométriques !
Le vote de la grève
..Après cette boutade, on passe gaiement au vote pour la continuation de la grève. Le scrutin a lieu à bulletin secret. Cette opération dure un temps assez long. Chaque mineur se présente devant le bureau auquel il donne son nom et dépose dans l'urne le bulletin.
..Pendant le scrutin, les groupes se forment devant la mairie et dans les cours de l'école. L'attitude des mineurs est des plus calmes. Sous la pluie battante ils discutent tranquillement, et rien ne ferait supposer qu'il existe une agitation ouvrière.
..Les habitants sortent de l'église et passent indifférents. Seule, la présence des gendarmes, enveloppés dans leurs amples pélerines, indique qu'il se passe à Ludres quelque chose d'anormal.
..Pour appeler au vote les rares ouvriers qui ont gagné les débits ou qui sont aller chercher un refuge dans des maisons amies, on entend un rappel de tambour. Cela éveille à un moment la curiosité des habitants qui, croyant à une annonce, viennent écouter quelques secondes l'appariteur, puis regagnent leurs demeures lorsqu'ils voient qu'il s'agit simplement de la grève.
..A onze heures et demie, les grévistes sont de nouveau réunis pour entendre le résultat de scrutin.
..M. Roumestan, directeur de la mine, entre dans la salle. Il présente à M. Stainmette une lettre envoyée par M. Fould à M. le préfet.
..M. Fould y dit en substance que par déférence pour l'intervention personnelle de M. le préfet dans le conflit qui s'est élevé entre lui et ses ouvriers, il fait la réponse suivante : « Pour les amendes il sera possible, dit M. Fould, d'arriver à un système comportant la progression de l'avertissement, de l'amende et du renvoi. »
..« La question des accomptes peut être réglée par un réglement. »
..M. Fould refuse d'entrer en pourparlers sur :
..« 1° L'institution d'un basculeur qui serait, dit-il, une atteinte à l'autorité nécessaire et aux responsabilités du patron ;
..« 2° Sur l'entrée et la sortie de la mine dans l'intérêt des mesures de sécurité ;
..« 3° Sur la suppression de la prime établie comme encouragement aux bons ouvriers pour qu'elle représente en réalité un intérêt dans l'entreprise. Il ne veut renoncer à un privilège pour y substituer un traitement qui serait le même pour les bons ouvriers que pour les mauvais. »
..La lecture de cette lettre ne satisfait nullement les ouvriers qui attendent les résultats du scrutin.
..Voici ces résultats :
..Cent vingt-neuf votants dont cent vingt-cinq pour la grève et quatre contre.
..Trois délégués de la Fédération des syndicats de Nancy font connaître qu'à la suite d'un vote du comité un premier secours de 100 fr. a été accordé aux grévistes de Ludres.
..M. Steinmette demande ensuite qu'un trésorier de la grève soit nommé. De nouveau, il engage les ouvriers au calme et recommande surtout de ne pas faire d'entraves à la liberté du travail.
..La séance est levée. Nouvelle réunion lundi après-midi à 1 h. et demie.
Pompey
..L'autre soir, en rentrant chez lui plus tôt que de coutume - on assure qu'il l'avait fait exprès - certain mari aperçut un galant jeune homme auprès de sa volage ménagère. Ah ! certes, il aurait voulu sévérement le punir, mais pendant qu'il courait à la recherche de son fusil, notre gars prenait la poudre d'escampette.
..Or il arriva ceci : le pauvre mari, son arme à la main, s'arrangea de telle façon dans un café où il espérait retrouver le misérable don Juan, que la gachette céda à une pression quelconque, et qu'une balle s'en alla se loger dans le plafond, à la grande terreur des consommateurs.
..On parle d'une contravention qu'aura à payer... le mari.
L'EST REPUBLICAIN du mardi 27 novembre 1900 :
La grève à Ludres
.......( suite )..Le mauvais temps et aussi le plaisir de passer la journée en famille, avaient été la cause, dimanche, qu'un certain nombre de mineurs ne s'étaient pas rendus à la réunion. En revanche, lundi, les grévistes étaient presques tous présents. Ceux qui habitent Nancy, ne bénéficiant plus du voyage à prix réduits, avaient résolu de faire la route à pied. Les uns s'étaient donné rendez-vous place du Marché, les autres à la porte Saint-Nicolas ; d'autres enfin, sous le tunnel de la route de Mirecourt.
..Puis, gravement, fredonnant des chansons de marche, le long des routes boueuses, les mineurs gagnent Ludres, où ils s'assemblent devant la mairie.
..Le train partant de Nancy à midi 18 n'amène qu'une dizaine de mineurs. Aussitôt, la salle de la mairie est envahie. Les mineurs sont tous en vêtements de travail. Il sont obligés de rester sous le porche et dans la cour.
..A une heure et demie, la réunion est ouverte, M. Steinmette préside. Il donne aussitôt connaissance des nouvelles propositions que M. Fould a envoyées et qu'il a affichées, dimanche à six heures du soir, à la porte de la mairie et à la place habituelle des affiches de la commune.
..Voici ces propositions :
..1° Les amendes seraient réglées progressivement comme suit : a, un avertissement la première fois; b, une amende de 1 fr. la 2e fois ; c, le renvoi la 3e fois.
..Par acclamation, les ouvriers repoussent cet article. On passe au second.
..2° En ce qui concerne les avances, les acomptes limités entre le 3/4 et les 4/5 du montant des salaires nets acquis seront payés aux ouvriers qui en feront la demande.
..(Les ouvriers acceptent les 4/5 d'avances.)
..Toutes les réclamations relatives au basculement seront toujours accueillies par la direction et leur bien fondé examiné sans délai.
..Une voix. - Cela veut dire qu'il ne veut pas de basculeur, mais il nous en faut un !
..Cet article est également rejeté.
..Les ouvriers rejettent ensuite, par acclamations, les propositions suivantes :
..Les entrée à la mine auraient lieu, le matin, de 5 heures et demie jusqu'à sept heures moins le quart; les sorties, de 4 heures à 5 heures et demie.
..Les primes seront réglée comme suit :
..Les primes de 0 fr. 05 et 0 fr.10 sont maintenues. Une prime intermédiaire sera créée dont le chiffre sera de 0 fr. 07 1/2 et qui s'appliquera pour une quantité extraite correspondante à la moyenne entre les quantités qui donnent droit aux primes à 0 fr. 05 et 0 fr. 10.
..M. Stainmesse dit ensuite que M. le préfet avait particulièrement insisté auprès de lui dimanche soir pour qu'il conseillât à ses camarades la reprise du travail. Mais, dit-il, davant la gentillesse de M. Fould, qui nous refuse les cartes d'abonnement, je ne puis que vous encourager à tenir bon.
..C'est au cris unanimes de : -Vive la grève ! Vive la grève ! que les ouvriers ont répondu à leur président.
..M. Steinmesse déclare ensuite que le bureau du syndicat a décidé qu'un secours journalier de 2 fr. serait donné à chaque gréviste syndiqué avant la grève. Il sera de 1 fr. 50 pour les mineurs qui ont seulement adhéré au syndicat depuis la grève.
..Il ajoute qu'en outre les secours, venant du dehors et recueillis par souscription, seront distribués aux plus nécessiteux et particulièrement aux pères de famille.
..Le président ajoute : J'ai reçu une lettre « d'un monsieur » qui nous demande si nous avons besoin d'un orateur pour nous soutenir, il viendrait gratis.
..A cette nouvelle de l'arrivée d'un « Monsieur » qui viendrait sans doute de Paris pour répandre ici les théories socialistes, diverses voix crient : - Faites-le venir. Cela ne peut faire de mal !
..Le président recommande aux assistants d'avoir une conduite correcte et convenable dans les locaux de la mairie qui sont gracieusement mis à la disposition des grévistes par la municipalité de Ludres.
..Il annonce encore que deux généreux anonymes donnent chacun deux kilogrammes de pain par jour aux ouvriers les plus nécessiteux. Ce don est accueilli par des murmures de contentement.
..M. Vinot, maire de Ludres, entre à ce moment dans la salle. Il donne connaissance d'une lettre de M. Fould disant qu'aucun ouvrier ne sera renvoyé pour fait de grève. Il fournit ensuite d'utiles conseils sur la façon dont les mineurs devraient procéder au vote pour la fin ou la continuation de la grève.
..M. Stainmesse déclare s'y conformer. Aussitôt les ouvriers quittent la salle de la mairie, se massent dans la cour du bâtiment communal ou de la rue.
..Le bureau de vote constitue. Chaque ouvrier se présente isolément. Il choisit un bulletin pour ou contre la grève, qu'il va déposer dans l'urne, lorsqu'il est constaté qu'il fait bien parte de la mine de M. Fould. Un scrutateur biffe son nom de la liste afin qu'il n'y ai aucun double emploi.
..M. le maire de Ludres surveille les opérations du scrutin qui n'est terminé qu'à trois heures de l'après-midi. Voici les résultats : Votants, 172 ; pour la grève 164 ; contre, 8. Ce résultat est acclamé par de nombreux cris de : Vive la grève !
..M. Vinot lit une dépêche de M. Fould déclarant qu'il a passé un marché pour recevoir, par jour, 1,400 tonnes de minerai provenant du Luxembourg.
..Ce télégramme ne provoque que quelques railleries des ouvriers. L'un déclare : _ Eh bien, on ira servir les maçons !
..Un autre dit : Il ya d'autres mines ! etc., etc.
..M. Steinmesse fait remarquer que maintenant l'on peut attendre, puisque l'on a des secours du syndicat.
..Un voix : Ceux qui ont beaucoup d'enfants les enverront mendier à la porte de M. Fould !
..M. le président recommande aux ouvriers de Ludres de surveiller l'entrée des galeries, afin que ceux qui vont travailler ne puissent toucher aucun secours.
..Puis il déclare que ne pouvant faire chaque jour le voyage de Ludres, il n'y aura pas de réunion mardi, qu'il y en aura une mercredi, à une heure de l'après-midi. On y entendra un membre du comité de Paris et M. Lacaille, de Nancy. La salle de bal sera demandée pour cette réunion.
..Après une nouvelle invitation au calme et au respect de la liberté du travail, la séance est levée.
..*
*...*..Les mineurs et aides-mineurs travaillant dans les galeries, sont au nombre de 260. En comptant les charretiers et manoeuvres employés au chargement des wagons, on compte 300 ouvriers qui souffrent de la grève.
..Lundi, une quarantaine seulement de mineurs et de manoeuvres ont travaillé. Un seul train de minerai a quitté la mine pour les usines de Pompey.
Pompey
..A la suite d'une explosion de gaz, aux aciéries, une dizaine d'ouvriers ont été blessés.
..Aucun d'eux ne serait en danger de mort.
L'EST REPUBLICAIN du mercredi 28 novembre 1900 :
Pompey
..Les victimes de l'explosion, dont nous avons parlé hier, aux hauts-fourneaux de pompey, sont au nombre de six. L'ouvrier le plus gravement atteint est un sieur Thomassin, qui vient tous les jours de Prény travailler à Pompey. Il a de très sérieuses blessures à la tête. Après avoir été pansé à l'infirmerie de l'usine, il a été ramené par le train à Pagny-sur-Moselle.
..La force de projection des parties démolies et des matières mises, pour la fonte, dans le haut-fourneau qui a sauté - le n° 3 - a été telle, que des morceaux de coke enflammés sont venus tomber sur le pont d'un bateau amarré aux docks. Un commencement d'incendie s'est même déclaré sur ce bateau.
..Les réparations nécessaires ont été faites sans retard, et lundi, à dix heures, la marche des hauts-fourneaux a pu être reprise...- M. Emile Michel, demeurant à Leyr, travaillant aux usines de Pompey, allait commencer son travail lorsqu'il s'adressa au sieur Nicolas-Edourd Jean, âgé de 32 ans, pour lui demander combien il avait gagné dans la matinée.
..Jean, qui était ivre, le saisit à la gorge et aussitôt lui porta à la tête cinq coups avec le manche de son couteau qu'il tenait fermé. La gendarmerie a ouvert une enquête.
L'EST REPUBLICAIN du jeudi 29 novembre 1900 :
La grève à Ludres
.......( suite )..La nouvelle réunion, annoncé pour mercredi après midi, n'avait aucunement modifié l'aspect habituel du village de Ludres. Dès une heure, les ouvriers venus à pied de Nancy attendaient tranquillement dans la rue principale de la commune que le moment officiel sonnât.
..Par le train de une heure, une trentaine d'ouvriers arrivent. Ils se joignent à leurs camarades. Puis, par petits groupes, l'on gagne la salle de bal.
..A une heure et demie de l'après-midi, la séance est ouverte par M. Stainmesse. Prés de lui, on remarque M. Goudet, vice-président du syndicat des mineurs.
..Le président commence l'appel des grévistes. Il interrompt bientôt pour citer les noms des ouvriers qui ont continué à travailler ces derniers jours.
..Le nombre en a l'air assez fort et un assistant croit utile de faire remarquer que cela ne peut-être vrai.
..« Il faudrait alors, dit-il, que l'on eût changé les heures d'entrée à la mine, car les sentinelles, en qui j'ai toute confiance, ne m'ont pas indiqué qu'il y en ait plus que d'habitude. »
..L'appel continue. Quelques mineurs grévistes sont absents. Leurs camarades répondent pour eux. Les uns sont partis à la pêche. Les autres travaillent dans les villages environnants.
..L'appel terminé, le président déclare que cette fois, il ne sera procédé à aucun vote.
..Cris unanimes : Non, non !
..Puis, il donne lecteure de la circulaire qu'il envoie à tous les syndicats de France, dans laquelle il expose les revendications des grévistes et qui se termine par une demande de secours, au nom de la solidarité ouvrière.
..M. Steinmesse fait part ensuite de l'entrevue qu'il a eue mardi avec M. le préfet.
..« Il m'a un peu grondé, dit-il, de ne pas vous avoir encouragés à reprendre le travail ! Mais, en raison des vexations de M. Fould, je ne pouvais vraiment pas vous y encourager ! »
..Les assistants crient : _ Nous voulons la guerre à outrance !
..Le président continue par la lecture d'une lettre qui lui a été adressée et signée « Un groupe d'ouvriers mineurs », où il est dit que les mineurs du bassin de Nancy seraient disposés à se mettre en grève si les sociétés minières fournissaient du minerai aux hauts-fourneaux de Pompey.
..M. Steinmesse annonce ensuite que le juge de paix du canton ouest de Nancy a convoqué les délégués mineurs et M. Fould pour vendredi neuf heures du matin, afin de s'entendre sur l'arbitrage.
..Le président fait savoir aussi qu'il a reçu une demande de secours de la femme d'un mineur malade. Les ouvriers du groupe de Pont-Saint-Vincent ont déclaré que cet ouvrier n'était alité que depuis le début de la grève et qu'il avait participé au mouvement. Le bureau décide que des secours lui seront donnés.
..Personne ne demandant plus la parole, la réunion est suspendue en attendant M. Lacaille, de Nancy, car on apprend que l'orateur qui devait venir de Paris ne vient pas.
..*
*...*..M. Lacaille arrive par le train de deux heures et demie et la réunion est reprise. Le secrétaire de la Fédération des syndicats déclare qu'à son avis les revendications des grévistes sont fondées.
..Puis il déclare que, d'après les renseignements qu'il a pu obtenir, la mine de M. Fould est la seule où les entrées d'ouvriers ne soient pas libres, et qu'à cette mine pourtant les salaires ne sont pas plus élevés que dans celles des autres sociétés.
..M. Lacaille rend ensuite hommage à M. le préfet, qui a fait , dit-il, tout son possible pour obtenir de M. Fould quelques concessions. Il examine en détail les propositions faites par M. Fould et qui sont celles que nous avons indiquées dans un de nos précédents numéros.
..Il cite les motifs que M. Fould donne pour ne pas accorder entière satisfaction aux grévistes.
..Lorsqu'il a fini cette énumération, M. Lacaille propose à l'assemblée de discuter ces propositions, article par article, et ajoute que, pour ne pas influencer les ouvriers, il va sortir de la salle.
..M. Lacaille a été chaleureusement applaudi par l'assistance.
..M. Stainmesse relit une fois encore les propositions de M. Fould, qui sont repoussées par de vives acclamations.
..Le vote terminé, M. Lacaille reprend la parole. Il donne le conseil de compléter le bureau par des jeunes qui seront pleins d'activité et seconderont le secrétaire et le trésorier. Il encourage tous les assistants à garder le plus grand calme, et leur recommande également de signaler les défections et de les indiquer au président du comité de la grève.
..- Tâchons, dit-il, que la grève ne s'étende pas dans tout le département, afin que nous puissions avoir des secours de tout le monde..
..M. Goudet parle ensuite. Il recommande de nouveau le calme aux mineurs et les invite à respecter la liberté du travail.
..Il espère que cette première grève de mineurs, dans le département de Meurthe-et-Moselle, aura de féconds résultats pour les ouvriers.
..M. Stainmesse prend de nouveau la parole pour déclarer que, s'il apprend que les hauts fourneaux de Pompey sont alimentés de minerai, il se rendra à la mine qui le fournit et y cherchera à décider les mineurs à cesser le travail.
..Personne ne demandant plus la parole, la séance est levée. Nouvelle réunion jeudi, à une heure et demie de l'après-midi.
..Pendant le reste de l'après-midi, on procéde à la distribution des secours votés par le syndicat aux 200 ouvriers présents. Une somme de 1,200 fr. a été distribuée.
..Les ouvriers, qui ont parcouru les communes environnantes, sont venus apporter le résultat de leur démarches. Une somme d'environ 200 fr. a pu être recueillie.
..Mercredi, cinquante-six ouvriers non grévistes ont pénêtré dans les galeries pour le travail.
Malleloy
..Diverses marchandises, estimées 60 fr., ont été dérobées dans la baraque foraine de M. Lucien Croissant, de Pompey, installée sur la voie publique à l'occasion de la fête patronale. Un individu qui a pris la fuite est soupçonné d'être l'auteur de ce vol.
L'EST REPUBLICAIN du vendredi 30 novembre 1900 :
La grève à Ludres
.......( suite )..Jeudi, la réunion des mineurs grévistes a eu lieu dans la salle de la mairie de Ludres, à une heure de l'après-midi. Dès le début de la séance, il est procédé à l'appel des grévistes. Cent quarante sont présents.
..M. Stainmesse, président du comité de la grève, donne ensuite lecture d'une lettre du juge de paix du canton ouest de Nancy disant que M. Fould a refusé l'arbitrage et donné pour motif qu'il était obligé de s'absenter en raison du mariage de son fils et qu'il ne serait à Nancy que pour le 10 décembre prochain.
..M. Stainmesse donne connaissance à l'assemblée d'une décision du comité du syndicat des ouvriers en limes qui a accordé aux grévistes un secours de 50 fr.; il ajoute qu'une souscription ouverte en leur faveur s'élève à 45 fr. 25. Il déclare qu'il ne sera pas versé de nouveaux secours avant mardi, mais que des bons de marchandises seront distribués aux plus nécessiteux. Il fait également l'éloge d'un grévise, qui, ayant trouvé un bracelet en or, s'est empressé d'en faire la déclaration au bureau de police.
..A la fin de la réunion, un ouvrier vient déclarer qu'il a lutté avec les camarades tant qu'il a pu, mais qu'étant père de famille, il est obligé de reprendre le travail, et il rembourse intégralement l'argent qu'il a touché du comité de la grève.
..*
*...*..Jeudi, soixante sept mineurs, manoeuvres et charretiers ont travaillé dans les galeries de la mine Fould. Parmi eux étaient deux ouvriers venant de Longwy. Vendredi nouvelle réunion.
L'EST REPUBLICAIN du dimanche 2 décembre 1900 :
La grève à Ludres
.......( suite )..Samedi matin, quatre-vingt trois mineurs ont repris le travail à la mine Fould.
..Une nouvelle réunion des ouvriers grévistes a eu lieu à la mairie de Ludres. Une centaine de grévistes y assistaient. Nous ignorons ce qui s'y est décidé, mais, visiblement, la résistance faiblit.
Pompey
..En voulant accrocher un wagon de la compagnie de l'Est à une locomotive de l'usine, le sieur Louis Tournier, 17 ans, a été serré entre les tampons et a eu l'estomac broyé. La mort fut à peu près instantanée.
..- Le sieur Rigo, ouvrier aux usines, a été frappé par un éclat de fer à l'oeil et a subi une telle perte de sang qu'il a dû être conduit à l'hospice.
La « Saint-Eloi »
..Samedi, les nombreux ouvriers des industries du fer habitant notre ville et les environs ont célébré de la meilleure et de la plus joyeuse manière du monde, leur bon patron Saint-Eloi, Elignius, disent les gens qui savent le latin.
..Dans la matinée, ont été célébrées plusieurs messes, notemment à Maxéville, comme on le sait, centre important de métallurgie.
..Dans la plupart des ateliers, les ouvriers, qui n'ont naturellement pas travaillé, ont eu leur journée payée et ont reçu en outre une gratification.
..Les disciples de Saint-Eloi à Nancy, deviennent légion.
..Les multiples industries se rattachant plus ou moins directement à l'industrie métallurgique grossissent leurs rangs d'années en années.
..Les derniers venus sont les électriciens. Quand même si le fidèle serviteur du roi Dagobert revenait ici bas, il serait quelque peu étonné devant les « rhéostats », les « dynamos » et autres appareils du même genre.
..Les modernes fils de Saint-Eloi ont conservé la bonne gaieté française de leurs aïeux, aussi après de fraternelles agapes, bals sur toute la ligne, bal du syndicat des métallurgistes, bal des ouvriers de la maison Schertzer, chez Tabary, etc., etc.
L'EST REPUBLICAIN du lundi 3 décembre 1900 :
BULLETIN FINANCIER
Revue des Valeurs régionales de la Banque RENAULD et Cie, à Nancy. Capital social : 4 millions______________________
..Pompey. - Voici ce que nous extrayons du rapport lu à l'assemblée du 27 novembre.
..Le prix des combustibles en augmentation sur l'exercice précédent de 23% pour la houille et de 26% pour le coke, alors que leur qualité diminuait, ont fortement pesé sur les résultats de l'exercice.
..Les bénéfices, pour un chiffre de ventes de 13,600,000 fr. atteignent seulement 1,071,494 fr. 45 qui ont été répartis comme suit:
Amortissements statutaires............... ...............Somme égale.................. |
192.517.30 |
..Résumons le bilan, à l'actif nous trouvons les immobilisations, avec 15,514,608 fr. 29, en augmentation sur les précédentes de 2,357,572 fr. 33, du fait des travaux nouveaux aux mines de Faulx et de Ludres, au train de 800 et à la Cimenterie, des recherches de houilles dans le Pas-de-Calais et notamment du fait de la construction des fourneaux 3 et 4 et de la subvention versée pour la concession de la Mourière, sur le plateau de Briey.
..Les produits fabriqués et approvisionnements figurent pour 3,909,380 79 en progression de 1,212,254 57 du chef surtout de l'augmentation des stocks.
..Les débiteurs divers et le disponible sont de 2,439,934 90, contre 5,792,525 22 précédemment. La différence en moins se trouve dans les immobilisations précitées.
..Le surplus de l'actif de 839,228 93 représente divers comptes d'ordre, entre autres les frais de constitution et la prime de remboursement des obligations, en diminution de 50,596 07 par suite des amortissements pratiqués.
..Au passif, les chiffres sont sans variation bien sensible d'une année à l'autre.
..Les comptes de dépôts s'élèvent à 2,513,432 15 contre 2,393,542 88 l'an dernier, et les créditeurs divers à 1,685,084 24 contre 1,674,120 16.
..En résumé, la différence entre l'actif réalisable et le passif exigible est de 2,150,799 30 correspondant au fonds de roulement.
..Le fourneau n°4 est achevé et n'était le retard apporté à la livraison des wagons destinés à l'alimenter de minerai, il aurait été déjà mis à feu.
..C'est à l'unanimité qu'ont été votées toutes les propositions, y compris l'élection comme administrateur, de M. Charles Fould, avocat, docteur en droit, et le rétablissement dans leurs fonctions de commissaires de MM. Bresson et Mees.
..La libération des 6,000 actions libérées jusqu'ici du quart s'effectuera à partir du 2 janvier 1901.
..Nous sommes chargés de payer dès maintenant le dividende vote de 20 fr., par 18 fr. 50 pour les actions libérées et par 4 fr. 50 pour les non libérées.
L'EST REPUBLICAIN du mardi 4 décembre 1900 :
Pompey
..M. Dolweck, âgé de 25 ans, occupé à la galerie supérieure du monte-charge d'un four à chaux, décrochait un wagonnet qui arrivait sur la plate-forme de l'ascenseur, lorsqu'il eut la main droite prise et broyée en partie entre la poulie et le câble métallique. Tout en poussant des cris désespérés, il eut la force d'arracher sa main mutilée à la terrible tenaille qui l'écrasait et menaçait de lui broyer tout le bras.
..Le pouce et une partie de la paume de la main étaient restés collés, en une pâte sanglante, sur le câble et la poulie.
..Après pansement, il a regagné son domicile, à Pompey.
Pompey
..Le sieur Constant-Ferdinand Luron, âgé de 33 ans, manoeuvre, inculpé de vol, a été arrêté par la gendarmerie en vertu d'un mandat d'arrêt du juge d'instruction de Saint-Dié.
L'EST REPUBLICAIN du mardi 5 décembre 1900 :
La grève à Ludres
.......( suite )..Mardi, à deux heures de l'après-midi, a eu lieu à Nancy, dans la galerie nord de la salle Poirel, la réunion annoncée des ouvriers grévistes de Ludres. En raison de la Sainte-Barbe, jour de repos dans les galeries minières, un grand nombre de mineurs habitant Nancy et les communes suburbaines, étaient venus à cette réunion, on comptait environ 400 assistants, dont une cinquantaine de femmes. M. Steinmesse, président du comité de la grève, préside. Il a à ses côtés MM. Goudet, vice-président du syndicat des mineurs de Meurthe-et-Moselle, Clauset, délégué mineur de Maxéville, et M. Lacaille, secrétaire permanent de la fédération des syndicats.
..M. Stainmesse, après avoir ouvert la séance, présente M. Lacaille à l'assemblée. Celui-ci prend aussitôt la parole. Il fait, avec une vivacitée émaillée de nombreux quolibets à l'égard de M. Fould, l'historique de la grève, retrace les revendications des grévistes et rappelle les négociations auxquelles il a assisté et qui ont amené M. Fould à accorder certaines concessions à ses ouvriers.
..Il examine ensuite une à une toutes ces concessions, donne chacune d'elle des explications et déclare que les ouvriers ne peuvent les accepter, car, dit-il, elles ne sont pas suffisantes.
..M. Lacaille continue en disant que le comité de la grève avait demandé à MM. Basly et Lamendin, députés socialistes du Pas-de-Calais, de venir à Nancy pour soutenir les revendications des grévistes. Mais ces deux députés, ajoute-t-il, lui ont répondu que, prévenus trop tard, ils ne pourraient, en tout état de cause, arriver que dans les derniers jours de la semaine.
..Il termine en disant que M. Fould reçoit depuis quelques jours du minerai de Homécourt-Joeuf. Ce minerai lui serait envoyé par M. Sépulchre, directeur des hauts-fourneaux de Maxéville, « son concurrent commercial, - explique M. Lacaille, - son ennemi politique et religieux ».
..- Puisque, dit-il, les patrons s'unissent contre nous, unissons-nous contre eux. Tout à l'heure, vous aurez à vous prononcer sur des questions sérieuses.
..M. Clauset, délégué mineur de Maxéville, déclare que le minerai envoyé aux usines de Pompey ne provient pas des mines de Maxéville ni de celles de Bouxières-aux-Dames, ni d'Amance.
..M. Stainmesse dit qu'il faut que les mineurs travaillant dans les galeries de M. Sépulchre envoient des délégués pour déclarer qu'ils ne travailleront plus si l'on continue à fournir du minerai aux hauts-fourneaux de Pompey.
..- J'irai, ajoute-t-il, à Homécourt-Joeuf, et là, je proposerai aux mineurs de faire cause commune avec nous et de déclarer la grève, et, malgré qu'il y ait beaucoup d'Italiens, j'espère que ceux-ci ne nous abandonneront pas !
..M. Lacaille prend de nouveau la parole pour déclarer qu'il n'a pas voulu froisser les mineurs de Maxéville en disant que du minerai était envoyé des mines de M. Sépulchre à celles de Pompey.
..M. Stainmesse tient à reprendre le récit des incidents qui amenèrent la grève. Il insiste particulièrement sur le refus de M. Fould de le recevoir comme délégué lors des négociations des premiers jours.
..- Ce qui n'a pas empêché M. Fould, dit-il, de vouloir m'acheter ! Mais je lui ai dit que je n'étais pas encore « assez gras » !
..M. Stainmesse continue :
..- Tous les syndicats de Nancy nous sont venus en aide ; le syndicat des mineurs nous a accordé des secours, et nous pouvons lutter contre ce potentat qui, en l'honneur du mariage de son fils, vient d'envoyer 50 fr. aux Alsaciens-Lorrains.
..Ce qu'il y a de regrettable, ajoute-t-il, ce sont les défections qui ont eu lieu parmi nous. Le découragement existe dans le groupe des ouvriers de Ludres, mais les autres groupes maintiennent ferme les revendications et aucun parmi eux n'a repris le travail.
..En terminant, il flétrit les ouvriers qui, après avoir voté la grève, sont rentrés dans les galeries, succombant, dit-il aux tentations des chefs de chantier et du commissaire spécial qui, à Ludres, va chaque jour de groupe en groupe dire que la grève est terminée et inciter les mineurs à reprendre le travail.
..M. Lacaille déclare à ce moment qu'une quête faite dans la salle, pendant que M. Stainmesse avait la parole, à produit 33 fr. 85. Une autre quête faite à la sortie d'une messe de Saint-Barbe a produit 15 fr. 45. Ces deux sommes seront remises au comité de la grève.
..M. Lacaille demande ensuite aux ouvriers si, oui ou non, ils veulent la continuation de la grève.
..Des cris pour ainsi dire unanimes de : Oui ! Oui ! Vive la grève ! lui répondent.
..M. Stainmesse, que cette manifestation ne satisfait pas, fait la proposition suivante :
..- Que ceux qui désirent la reprise du travail lèvent la main.
..Aucune main ne se lève et de nouveaux cris de : Vive la grève ! se font entendre.
..M. Lacaille a de nouveau la parole pour annoncer que le comité du syndicat des mineurs a décidé que chaque syndiqué devra verser 1 fr. par semaine pour la grève. Si l'un deux faillit à ce devoir, des mesures seront prises contre lui.
..Puis, il demande si l'assemblée veut faire venir un député ouvrier pour faire des conférences à Ludres, Neuves-Maisons, et dans les autres centres miniers du département ? Il voudrait aussi que le comité de la grève se rendit à Joeuf-Homécourt pour y faire de la propagande.
..M. Clauset, délégué de Maxéville, demande pourquoi on n'a pas fait appel aux députés du département, notemment à M. Chapuis, au lieu d'appeler des députés étrangers ?
..M. Lacaille explique que MM. Basly et Lamendin sont d'anciens mineurs. Ils pourront donc parler plus utilement aux ouvriers.
..Un assistant, malgré cette explication, s'écrie : « il est malheureux d'aller chercher des députés dans le Nord ! »
..M. Stainmesse sorti un instant de la salle, revient justement à sa place au moment où sont lancées ces paroles. Il s'écrit :
..- Je crois qu'on parle politique. Il ne faut pas de politique ici !
..M. Lacaille lui donne en quelques mots l'explication de l'incident. Puis M. Staimesse flétrit les procédés employés par les chefs de chantier pour faire certaines souscriptions dans les mines.
..Il cite notamment une retenue de 0 fr. 25 qui a été faite à tous les ouvriers pour offrir un cadeau à M. Fould fils, à l'occasion de son mariage.
..M. Stainmesse ajoute que les mineurs trouveront toujours en lui un camarade, prêt à les soutenir, bien que « M. le maire de Nancy m'ai dit que j'étais un anarchiste, lorsque j'ai été le trouver pour demander la salle où a lieu cette réunion ! »
..M. Stainmesse dit enfin que, s'il faut agir par la force, on agira, et il cède la parole à M. Lacaille qui demande de nouveau à l'assistance s'il faut faire venir un député mineur ?
..C'est par des cris unanimes de : Oui ! oui ! qu'on lui répond.
..Un assistant : - Il faut la grève générale ! à outrance !
..M. Stainmesse intervient une fois encore pour déclarer que toujours il a recommandé le calme, puis il s'écrie :
..« - Ceux qui veulent faire du potin (sic) peuvent en faire ! Je ne puis plus recommander le calme ! Qu'on fasse une révolution sociale, s'il le faut ! »
..Une voix : - Il faut empêcher que M. Fould reçoive du minerai !
..M. Stainmesse : - Je ne peux pas cependant me mettre sous le train pour l'arrêter !
..Puis le président donne la parole à M. Goudet, vice-président du syndicat des mineurs de Meurthe-et-Moselle.
..Celui ci combat l'idée d'une grève générale.
..- Unissons nos efforts, dit-il, pour sortir victorieux de cette première lutte entre les mineurs et les patrons de Meurthe-et-Moselle et nous verrons, par les résultats acquis, que tout le monde en bénéficiera. »
..Il est quatre heures. Déjà beaucoup d'assistants quittent la salle ; M. Staimesse déclare la séance levée.
..Ajoutons que MM. Lacaille et Stainmesse ont été maintes fois applaudis au cours de cette réunion.
L'EST REPUBLICAIN du jeudi 6 décembre 1900 :
La grève à Ludres
.......( suite )..Dans notre compte rendu de la réunion de mardi à la salle Poirel, nous n'avons fait aucune allusion aux accusations portées contre la presse. L'Impartial imprime sur ce point :
..« Cette pauvre presse est décidément bien malmenée par le citoyen Janvier (Stainmesse). Il l'accuse de rien moins que de mensonge et de partialité ; il blâme les comptes rendus. »
..D'autre part, le Progrès de l'Est imprime :
..« M. Lacaille passe à l'énumération des revendications des grévistes et procède à un éreintement complet de M. Fould, qu'il accuse de subventionner le Petit Journal et l'Impartial. »
..Quant à nous, nous n'attachons pas une grande importance à des griefs ou à des récriminations exprimés dans la chaleur et le brouhaha d'une réunion mouvementée. Disons seulement en ce qui concerne les chiffres des rentrées journalières au travail, que l'Est républicain s'est borné à les faire recueillir sur place et à les publier à simple titre d'information.
..Si les grévistes contestent l'authenticité des chiffres donnés aux galeries, nous publierons volontiers leur protestation.
Nécrologie
..Nous avons le regret d'apprendre la mort subite de M. Schnaebelé, ancien commissaire spécial de police à Pagny-sur-Moselle.
..M. Schaebelé qui était âgé de 69 ans a été frappé mercredi vers cinq heures du soir, d'une attaque d'apoplexie foudroyante. Le docteur Winstel, mandé sur le champ, ne put que constater le décès.
..On connaît l'incident qui donna une certaine célébrité au nom de M. Schnaebelé.
..D'origine alsacienne, ancien instituteur, M. Schaebelé était entré dans le service des renseignements. En 1887, il était commissaire spécial à Pagny-sur-Moselle.
..Tous ont encore à la mémoire les circonstances du guet-apens dans lequel, le 20 avril 1887, sous le ministère Goblet, le commissaire allemand Gautsch, d'Ars-sur-Moselle, attira M. Schnaebelé.
..Sous le prétexte d'une enquête à faire en commun, Gautsch convoqua M. Schnaebelé sur le territoire annexé.
..Là, il le fit assaillir et enlever par plusieurs individus vêtus de blouses. M. Schnaebelé fut conduit à la prison de Metz et mis au secret.
..Cette arrestation causa naturellement une émotion énorme des deux côtés de la frontière. Gautsch, soutenu par les autorité allemandes, prétendit que M. Schnaebelé avait été surpris, en territoire annexé, se livrant au contre-espionnage. Mais on retrouva dans le bureau de M. Schaebelé une lettre de Gautsch le convoquant pour le redressement d'un poteau-frontière arraché.
..Finalement, après plusieurs jours de mise au secret, M. Schnaebelé fut remis en liberté le 29 avril.
..La genèse de cet incident se trouve dans la situation politique d'alors.
..Les élections au Reichstag de février 1887 avaient été très mouvementées.
..Jamais en Alsace-Lorraine les députés protestataires n'avaient été élus avec une telle majorité.
..Les rapports étaient donc très tendus entre les deux pays. En France, le ministre de la guerre était le général Boulanger et il y avait tout un parti de la revanche. C'est dans cette période que furent construits les baraquements des cinq-tranchées et de l'Avant-Garde, en forêt de Haye ; ceux de Gérardmer, de Corcieux, etc., dans les Vosges.
..Une guerre eut présenté alors des chances assez sérieuses de succès, toutefois, une imprudence du général Boulanger avait troublé l'ordre de la mobilisation.
..Mais nous ne pouvons rappeler tous les détails. On a beaucoup discuté à l'époque sur la question de savoir si l'incident avait été provoqué directement par les autorités allemandes ou si le commissaire Gautsch avait agi de son chef et s'était laissé emporter par un excès de zèle.
..Cette dernière hypothèse paraît la meilleure d'autant plus que M. Schnaebelé, chargé par ses fonctions de la surveillance de la frontière, avait organisé activement ce service, ce qui exaspérait Gautsch.
..Cette affaire Schnaebelé fut, comme on se le rappelle, à deux doigts de causer la reprise des hostilités entre la France et l'Allemagne.
..Tout était prêt pour la mobilisation de part et d'autre lorsque l'Allemagne reconnut que les torts étaient du côté de Gautsch, qui fut mis en disgrâce. On a dit que le vieux Guillaume avait fait pression sur Bismarck.
..M. Schnaebelé, qui était chevalier de la Légion d'honneur, prit sa retraite peu après. Il vint se fixer à Nancy, où il occupa jusqu'à ces derniers temps une chaire de professeur d'allemand à l'école professionnelle de l'Est.
..De taille au-dessous de la moyenne, le visage complétement rasé, d'une grande bonhomie, éclairé d'yeux très vifs, très perspicaces. M. Schnaebelé était bien connu à Nancy où il avait de nombreuses relations et où il jouissait de réelles sympathies. C'était un véritable type d'Alsacien, fonctionnaire intelligent, énergique ; dans la vie privée le plus simple et le plus aimable des hommes.
..Nous présentons à la famille du défunt l'expression de nos sincères condoléances.
L'EST REPUBLICAIN du vendredi 7 décembre 1900 :
La grève de Ludres. - Incident
..Jeudi matin, plusieurs ouvriers qui se rendaient à la mine de Ludres ont rencontré sur leur route un groupe de grévistes qui les attendaient à l'angle du bois dit de Grève.
..Devant les menaces de ces derniers qui barraient le chemin, les travailleurs rebroussèrent route, d'où les manquements au travail signalés plus loin (page 2).
..En raison de troubles à craindre, M. le préfet et M. le procureur de la République ont décidé de se transporter vendredi à Ludres pour parer à tout événement.*
*...*..M. Lacaille, délégué de la fédération des syndicats ouvriers, nous adresse la lettre suivante :
...........« Monsieur le rédacteur,
..Je lis dans votre numéro de ce jour la reproduction, à titre documentaire, du passage suivant, -emprunté au Progrès de l'Est- et me concernant.
..« Il accuse M. Fould de subventionner le Petit Journal et l'Impartial. »
..C'est une erreur. Me basant sur le fait que M. Fould a déclaré faire des retraites à ses ouvriers, j'ai fait remarquer qu'en effet, de renseignements puisés à bonne source, il allouait cent francs par an à un vieux chef de poste, ce qui permettait à ce dernier d'acheter son tabac, le Petit Journal ou l'Impartial ; si j'ai cité ces deux journaux, c'est que je n'ignore pas qu'ils sont beaucoup plus lus à la campagne, mais je n'ai jamais dit qu'ils étaient subventionnés par M. Fould.
..Veuillez agréer, monsieur le rédacteur, l'assurance de ma considération distinguées.
...........................................................................................E. LACAILLE. »
La grève de Ludres (suite)
..La matinée de jeudi a été des plus calmes, il n'y a eu absolument aucun accident. Soixante-neuf mineurs et manoeuvres sont entrés dans les galeries.
L'EST REPUBLICAIN du samedi 8 décembre 1900 :
La grève de Ludres (suite)
..Vendredi, dès trois heures du matin, des patrouilles de gendarmes à cheval circulaient sur les chemins pour empêcher tous les rassemblements de grévistes qui auraient voulu empêcher leurs camarades de se rendre à la mine. Du village de Ludres à l'entrée des galeries, tous les cent mètres, des gendarmes à pied étaient postés pour protéger les mineurs qui se rendaient au travail.
..La rentrée s'est effectuée de cinq à sept heures du matin sans aucun incident. A sept heures et demie, quatre vingt-treize mineurs, sans compter les charretiers et les manoeuvres, avaient repris le travail. Plusieurs mineurs habitants Méréville et qui travaillent depuis plusieurs jours, n'ont pu se rendre à la mine en raison de la crue des eaux, les chemins conduisant à Ludres étant submergés.*
*...*..Le service d'ordre était assuré par trente deux gendarmes à cheval ou à pieds pris dans les diverses brigades de l'arrondissement.
..Le commandant Géry et le capitaine Jessel s'étaient rendus à Ludres.
..Aucun incident ne s'étant produit, M. le préfet et le parquet de Nancy, n'ont pas jugé utile de se rendre à Ludres, ainsi qu'il avait été primitivement décidé.
..Une nouvelle réunion a eu lieu vendredi après midi, mais cette fois à Messein, les grévistes n'ayant trouvé aucune salle à Ludres.*
*...*..Samedi, à huit heures et demie du soir, une réunion, organisée par le syndicat des mineurs de Meurthe-et-Moselle, aura lieu dans la galerie nord de la salle Poirel. M. Devéze, député socialiste du Gard, y prendra la parole.
L'EST REPUBLICAIN du 9 décembre 1900 :
La grève de Ludres
...........(suite)
La réunion de la Salle Poirel
..Comme nous l'avions annoncé, la réunion organisée par le Syndicat des mineurs de Meurthe-et-Moselle a eu lieu samedi soir, dans la galerie nord de la salle Poirel. A huit heures et demie, le public était clair semé, seuls les premiers bancs placés devant l'estrade sont occupés.
..Néanmoins, le public arrive peu à peu, à neuf heures moins dix, environ deux cents personnes sont présentes.
..L'assistance se compose en grande partie d'ouvriers de la ville, de jeunes gens, de quelques femmes. Les grévistes mineurs sont peu nombreux.
..A neuf heures, M. Stainmesse, président du comité de la grève, prend place, sur l'estrade, il est accompagné des membres de ce comité, de M. Lacaille, délégué des syndicats, et de M. Devèze, député socialiste du Midi.
..M. Stainmesse, ayant ouvert la séance, demande si le bureau qui est constitué provisoirement est accepté ; sur la réponse affirmative de l'assistance, il continue :
..« Camarades, citoyens, je vous présente le citoyen Devèze, secrétaire du comité socialiste de France, député du Gard. »
..Cette présentation faite, il énumère à nouveau les revendications des grévistes ; suppression des amendes, paie chaque quinzaine, entrée et sortie libres, suppression de la prime, et augmentation du prix de la tonne de minerai extrait, établissement d'un basculeur payé par les mineurs.
..Lorsqu'il a donné d'amples détails sur chaque article, il déclare que les grévistes ont des ennemis en « M. Fould qui est un juif fieffé, et M. Sépulchre, un catholique fieffé, qui se sont unis contre eux. Aussi, dit-il, sans prêcher la grève aux mineurs de Maxéville, il faut leur recommander d'aller trouver leur patron Sépulchre et de lui dire que si l'on fournit du minerai à M. Fould, ils ne voudront plus travailler. »
..Après les applaudissements de l'assistance, M. Lacaille prend la parole. Il refait une fois de plus l'historique de la grève, qui, jusqu'àlors n'a encore occasionné aucun trouble ; car dit-il, il faut savoir que dans ce mouvement ouvrier, on a cherché avant tout la conciliation. Nous avons agi en cela différemment de M. Fould qui, à toutes les démarches faites par l'intermédiaire du préfet, du maire de Nancy et du juge de paix, n'a répondu par aucun pas dans la voie de l'apaisement.
..Puis, à son tour, il entre dans des détails sur les revendications des mineurs de Ludres. Nos lecteurs les connaissent.
..Avant de quitter la tribune, M. Lacaille tient à flétrir la conduite de M. Gerber, commissaire spécial. Il reconnaît bien la correction de ce fonctionnaire pendant les premiers jours de la grève ; mais il déclare, que depuis, il a changé et qu'il a été de maison en maison, de ménage en ménage et que, par ses insinuations et ses menaces, il a pu faire reprendre le travail à plusieurs mineurs.
..M. Lacaille dit qu'il a signalé la conduite de cet agent subalterne à M. le préfet.
..Il termine en s'élevant contre les compte-rendus des journeaux qui indiquent un nombre supérieur de mineurs ayant repris leur travail.
..( A ce propos, nous ferons remarquer - car nous tenons à garder une absolue impartialité - que les chiffres que nous avons indiqués sont ceux fournis par le directeur de la mine, et que parmi les travailleurs actuels de la mine, la plupart sont, assure-t-on, des anciens employés à la mine longtemps avant le mouvement actuel. )
..M. Devèze a ensuite la parole. Le député du Gard est un jeune homme à la figure ronde, ayant, on le voit, l'habitude des réunions, s'exprimant avec facilité et un vif accent méridional.
..Dès le début, il demande l'indulgence de l'assistance, ayant déjà assisté à deux réunions dans l'après-midi, aux environs de la mine de Ludres.
..Ce n'est pas, déclare-t-il, en mon nom personnel que je suis ici, ce n'est pas non plus au nom des mineurs que je représente, c'est au nom du comité socialiste que je viens apporter mon concours aux grévistes de Ludres.
..L'orateur tient à dire que par les journeaux il a pu se convaincre que les revendications formulées étaient justes. Il a pu se rendre compte également, dans les conversations qu'il a eues cet après-midi à Messein et à Pont-Saint-Vincent, que la sympathie des habitants était entièrement acquise aux grévistes.
..Puis, à son tour, il fait un exposé de chaque revendication ; il constate que les amendes sont un tribut injuste pris sur le salaire de l'ouvrier. La Chambre l'a si bien compris que sous la pression de l'opinion publique elle a voté une loi interdisant les amendes. Mais le Sénat, forteresse de la réaction, a laissé dormir dans ses cartons cette loi démocratique.
..M. Devèze expose ensuite les théories socialistes, il ajoute que ces idées grandissent chaque jour malgré les efforts des patrons qui s'unissent entre eux pour combattre les ouvriers. Il pousse une pointe contre M. Fould et contre M. de Rotschild, prototypes du haut capitalisme.
..Il termine en priant les ouvriers de s'unir sous la forme de syndicats, de groupes politiques et de cercles d'études sociales.
M. Devèze a été plusieurs fois applaudi.
..A ce moment un jeune homme placé sur un des derniers bancs s'avance vers le bureau, voulant, déclare t-il, dire quelques mots sur la question des amendes.
..M. Lacaille dit à l'assemblée que cet inconnu est M. Julien Sacquet, dit Lavergne, candidat à la députation dans l'arrondissement de Briey. Peut il être entendu ?
..Cris : Oui ! oui !
..M. Sacquet monte à la tribune. Il tient à déclarer tout d'abord que, s'il est candidat, c'est un « truc » à lui pour pouvoir exposer plus facilement ses théories socialistes pendant la période électorale, grâce à la liberté de réunion et à l'affichage des professions de foi sans frais de timbre. Il ajoute que n'étant pas du pays et (se tournant vers M. Lacaille) « pas fonctionnaire », il dira tout ce qu'il a à dire.
..Il voudrait savoir où va l'argent des amendes ?
..M. Stainmesse se lève pour déclarer que M. Fould a toujours dit que les amendes étaient versées à la caisse de secours.
..M. Sacquet continue : On dit que M. Fould verse à la caisse de secours les amendes, mais comme aucune preuve de ce fait n'a été fournie, il ne peut supposer le contraire ; aussi s'élève t-il vigoureusement contre les amendes et les économats patronaux qui enlèvent tout l'argent des ouvriers.
..Ne partageant pas les idées sociales de M. Devèze, le citoyen Sacquet fait l'apologie de l'internationalisme anarchiste, mais il veut y arriver par les moyens légaux. Il demande aux ouvriers de lutter contre les syndicats aussi bien que contre les économats ; tout cela pompe l'argent des ouvriers. Ceux-ci doivent s'unir contre eux ; qu'ils soient de n'importe quel pays ! Car le patron qui accepte à bas prix le travail d'un étranger est le seul coupable.
..Il termine à peu près en ces termes. Travailleurs de tous les pays, unissons-nous contre nos ennemis communs les patrons, qui vous excitent les uns contre les autres pour vous exploiter.
..M. Steinmesse remercie M. Sacquet du concours qu'il apporte. « D'abord dit-il je n'étais pas partisan de vous accorder la parole, croyant que vous aviez été envoyé par un parti pour jeter le trouble dans la réunion. » Le président remercie ensuite M. Devèze et, au nom de toute l'assistance, lui serre la main. M. Devèze se lève une dernière fois pour féliciter les ouvriers de Meurthe-et-Moselle de leur esprit de solidarité et déclare qu'à son retour à Paris, il fera part au comité général socialiste de leurs revendications.
..Il ajoute qu'il tentera, dimanche matin, une nouvelle démarche près de M. le préfet de Meurthe-et-Moselle, et que s'il n'aboutit pas, il s'adressera à ses amis politiques et qu'il ira au besoin trouver M. Waldeck-Rousseau, président du conseil, pour qu'il intervienne.
..Il faut, dit-il ensuite, que les fonctionnaires restent dans plus complète neutralité et si des faits pareils à ceux qui se sont passés à Ludres recommencçaient, il interpellerait le gouvernement à ce sujet.
..Après les derniers applaudissements, qui ont couvert ces paroles, M. Stainmesse annonce que la quête faite pendant la réunion a produit 21 fr. 15, puis il déclare la séance levée. Il est dix heures.
..A la sortie, aucun incident.
La grève de Ludres (suite)
..Le comité des grévistes de Ludres doit se rendre dimanche à Frouard pour expliquer aux ouvriers de ce centre industriel les motifs et le but de la grève des mineurs de Ludres.
..Cette conférence aura lieu à deux heures de l'après-midi, salle Thirion, place Nationale, sous la présidence du député Devèze.
TRIBUNE PUBLIQUE
Le train Pompey-Nomeny
.........................................Nomeny, 7 décembre 1900.
...............Monsieur le rédacteur,
..Depuis un certain temps déjà, il existe un retard habituel dans les trains Pompey_Nomeny, surtout le train du soir,qui doit avoir son départ à 7 h. 05 et qui ne s'en va tous les jours qu'à 7 h. 25 ou 7 h. 30.
..Quel repos peuvent prendre, dans ces conditions, les ouvriers qui vont travailler aux usines ? Il en est qui, arrivés à Nomeny, ont encore 7 à 8 kilomètres à faire ; ils n'arrivent pas dans leurs foyers avant dix heures du soir et le matin il faut partir à trois heures.
..Ne pourrait-on pas changer l'heure et, au lieu de retarder jusqu'à 7 heures 1/2, avancer, au contraire, l'heure du départ à 6 heures 40.
..Combien de gens seraient heureux de voir réaliser ce projet !
......................................Un abonné de l' « express ».
L'EST REPUBLICAIN du lundi 10 décembre 1900 :
La réunion ouvrière de Frouard
..Nous ne consacrerons pas un long compte rendu à la réunion organisée dimanche, dans l'après-midi, salle Uriot, à Frouard, au profit des mineurs grévistes de Ludres. On y a refait les discours d'hier, ou à peu près, en daubant fortement M. Fould, « le richissime milliardaire juif » et en protestant avec insistance contre les bénéfices qu'il peut tirer de son économat.
..Au début, M. Lacaille recommença l'historique de la grève, mais rapidement, car le principal orateur, M. Devèze, professeur de sociologie à Marseille et député socialiste du Gard, était pressé. M. Devèze devait prendre au passage l'express de Paris à 3 h. 54, et sa présence étant nécessaire demain à la Chambre pour la discussion du budget des beaux-arts. » - M. Devèze a négligé de confier à son auditoire quels amendements si essentiels il compte déposer, soutenir ou combattre sur le budget des beaux arts, mais il a affirmé avec une chaleur toute méridionale que la France entière allait désormais fixer ses yeux sur les grévistes de Ludres et que le parti socialiste tout entier prenait fait et cause en leur faveur.
..En attendant, M. Devèze n'a pu rien obtenir de M. Fould à qui il a rendu visite dimanche matin, après avoir été reçu par M. le préfet.
..Ce que M. le préfet pense de la grève, M. Devèze ne nous a pas soufflé un traître mot. Il a été plus communicatif sur son entrevue avec M. Fould. Ce dernier prétend qu'il n'y a pas de grève ; il reste intransigeant. Aussi M. Devèze ne déguise-t-il pas aux mineurs que l'heure des résolutions viriles a sonné. Les mineurs luttent pour tous les prolétaires du monde. Cette pensée doit exalter leur courage. L'orateur termine par le cri de Karl Marx : Prolétaires de tous pays, unissez-vous !
..Au même instant, une voix demande la parole. C'est le compagnon Sacquet dit Lavergne :
..Un pur trouve toujours un plus pur qui l'épure.
..M. Sacquet-Lavergne devient décidément l'inséparable de ces messieurs, contre leur gré, d'ailleurs. Il est alors 3 h. 1/4, M. Stainmesse, qui présidait, fait remarquer qu'il importe de reconduire le député à la gare (la salle Uriot est loin, tout au bout de Frouard) et, avec un certain dépit il s'écrie en se levant: « Je donne la parole à Monsieur que je ne connais pas » (comme s'il ne l'avait pas déjà vu et entendu la veille au soir).
..Mais M. Sacquet dit Lavergne n'est pas embarrassé pour si peu. M. Devèze, accompagné de MM. Stainmesse et Lacaille, s'éloigne sans qu'on fasse grande attention à eux, car Sacquet a déjà accaparé l'attention. Il s'impose à l'assemblée par quelques phrases nettes et sifflantes comme le couteau de la guillotine. Il se proclame anarchiste, partisan de procédés expéditifs, il s'écrie que l'armée tire sur le peuple...
..Réapparition du président Stainmesse. Pris d'inquiétude, il a lâché son député pour revenir surveiller cet encombrant Sacquet et, payant d'audace il essaye de le rappeler à l'ordre, en insinuant qu'on ne doit pas faire de politique à cette réunion uniquement ouvrière.
..Comment - s'écrie Sacquet - vous dites que je fais de la politique parce que je rappelle que les soldats ont tiré sur le peuple à Fourmies ? Mais à Fourmies, n'étaient-ce pas des ouvriers gréviste comme à Ludres ? Je suis en plein dans mon sujet. Le président a donc tort de m'interrompre. »
..M. Stainmesse courbe la tête sous cette mercuriale impérieuse et vengeresse, il pousse même l'esprit de conciliation jusqu'à féliciter M. Sacquet, quand un quart d'heure après, ce dernier se décide à terminer, en glorifiant à grands cris la révolution sociale.
..Ce M. Sacquet est moins grandiloquent que M. Devèze, mais plus réellement orateur. Sa silhouette rappelle de façon frappante celle de M. Raymond Poincaré - mais Sacquet est de taille exigüe.
..A 3 h. 45, M. Stainmesse déclarait la séance levée, après avoir invité les métallurgistes de Frouard à former un syndicat.
..Dehors, les quatre gendarmes de la brigade stationnent placidement. Une brume intense couvre tout le pays. Il fait déjà nuit.
..P.S. - Une quête a rapporté 20 fr. 75 qui seront distribués aux gévistes. Ceux-ci pensent peut-être que toute l'éloquence qu'on prodigue en leur faveur ne résoud pas le question ?*
*...*..Dimanche, un grand nombre d'affiches bleues, de petit format, signées : « Un groupe de femmes de mineurs » ont été apposées sur les murs de Nancy.
..Ces affiches reproduisent les revendications des grévistes, incriminent MM. Fould et Sépulchre et font appel au public, particulièrement aux femmes, pour obtenir des secours et pouvoir continuer la grève.
L'EST REPUBLICAIN du mercredi 12 décembre 1900 :
Fin de la grève de Ludres
..Mardi matin, cent vingt ouvriers avaient repris leur travail.
..A une heure de l'après-midi, a eu lieu, à la mairie, une réunion des grévistes. Une centaine d'ouvriers environ y assistaient.
..Après une assez longue discussion, les grévistes ont décidé la reprise du travail, à la condition toutefois que M. Fould ne renvoie aucun ouvrier pour fait de grève.
L'EST REPUBLICAIN du jeudi 13 décembre 1900 :
La grève de Ludres
..La direction de la mine n'a pas donné une réponse satisfaisante aux grévistes sur la question de non-congédiement.
..Mardi, M. Fould a bien fait afficher et a fait tambouriner à son de caisse que les ouvriers mineurs qui n'auraient pas repris le travail le lendemain, mercredi, ne serait plus repris ultérieurement. M. Fould a fait, d'ailleurs, quelques concessions, assure-t-on. C'est ainsi qu'il a supprimé les amendes pour les retards, qu'il a consenti à une légère augmentation de salaire, et que, sans autoriser le basculeur demandé par les ouvriers, il dit que ceux-ci pourront être mis en situation de vérifier le pesage.
..Mais la question de savoir si l'on ne congédierait aucun gréviste n'a pas été nettement vidée, aussi la grève se prolonge-t-elle. Cependant, mercredi, les ouvriers ayant rentré étaient au nombre de cent quarante.
..Mercredi, à dix heures du matin, a eu lieu, à la mairie de Ludres, une nouvelle réunion. Une centaine d'ouvriers étaient présents.
..Il a été donné lecture d'un télégramme de M. Lacaille disant que M. Fould ne voulait accorder aucune nouvelle concession.
..Les grévistes décident aussitôt de se rendre à Nancy, au local des syndicats. Le cortège se forme. Un mineur prend un drapeau. Il en déploie seulement le rouge, puis on se met en marche. Une brigade de gendarmes à cheval suit les grévistes.
..A l'auberge du Dernier-Sou, les mineurs font halte, on procède à une sorte d'appel, puis on continue la route vers Nancy, dont la police avait été prévenue ; aussi, à l'extrémité de la rue de Strasbourg, au croisement de la rue de Mirecourt, des agents attendaient les mineurs.
..En voyant arriver les premiers groupes de mineurs, M. Gabillet, commissaire de police, qui commande les agents, invite les grévistes au calme.
..L'ouvrier qui porte le drapeau le remet alors entièrement roulé sous le bras droit.
..La plupart des grévistes portent un bâton. Ils suivent les trottoirs de la rue de Strasbourg sans un cri, sans faire la moindre manifestation. Leur attitude est calme. Ils causent entre eux sans un éclat de voix. Bien qu'ils parraissent marcher sans aucun ordre, on voit qu'il règne parmi eux une certaine discipline. Quelques mineurs, en effet, faisant fonctions de commissaires, vont de groupe en groupe, pressant les retardataires.
..M. Stainmesse, président du comité de la grève, marche en tête. Il donne de temps à autre des instructions aux grévistes commissaires.
..Les agents et les gendarmes suivent.
..L'arrivée à midi et demi d'un groupe aussi important d'hommes, avait attiré particulièrement la curiosité des habitants de la rue de Strasbourg qui s'étaient mis aussitôt à leurs fenêtres et s'enquéraient de ce qu'étaient ces voyageurs, en marche par ce sale et mauvais temps, le bâton à la main.
..A la hauteur de la rue de la Prairie, M. Buzzini, commissaire central, qui s'est rendu rue de Strasbourg, fait passer les agents devant les grévistes et prie ceux-ci de s'arrêter.
..Les grévistes s'arrêtent, encadrés par une vingtaine d'agents. Pendant que M. Buzzini emmène au bureau de police du canton Sud M. Stainmesse, les mineurs causent avec les agents et leur disent qu'ils ne veulent faire aucune démonstration. « Vous voyez bien, leur disent-ils, que nous ne sommes pas armés. Nous voulon simplement nous rendre à la salle de la rue Clodion, pour une réunion. »
..M. Stainmesse, après avoir conféré quelques minutes avec M. Buzzini, sort du bureau de police. D'une voix forte, il recommande à ses camarades de se disperser, et, par petits groupes de quatre ou six, de gagner isolément la rue Clodion.
..Les ouvriers obtempèrent à cet avis.
..Quelques curieux, grossis à la porte Saint-Nicolas, par de nombreux gamins, suivent les manifestants.
..Rue Saint-Thiébaut, à l'entrée de la rue Clodion, la foule était des plus compactes. Mais elle a été facilement maintenue par les agents qui, aidés par plusieurs mineurs, ne laissaient pénétrer dans le bâtiment des syndicats que des grévistes.*
*...*..La réunion s'est ouverte à une heure de l'après-midi. Il a été aussitôt procédé à l'appel des grévistes présents qui ont reçu ensuite des secours.
..A trois heures, M. le préfet a reçu à son cabinet M. Stainmesse, accompagné de quatre autres délégués des grévistes.
..M. le préfet, dans l'entretien qu'il eut avec les délégués des grévistes, déclara que son intervention était terminée ; cependant, il leur remit une lettre en les priant de la porter à M. Fould.
..Les délégués se rendirent chez M. Fould, à qui ils firent parvenir la lettre du premier magistrat du département. Celui-ci leur fit savoir qu'il ne voulait pas entrer en pourparler avec eux et qu'il donnerait sa réponse à M. le préfet.
..Pendant ces pourparlers, les ouvriers grévistes restaient d'un calme parfait à la salle de la rue Clodion, recevant les secours fournis par le syndicat des mineurs de Meurthe-et-Moselle.
..A quatre heures M. Stainmesse vint annoncer le résultat de ses démarches. Patiemment on attendit la réponse de M. Fould.
..A cinq heures et demie une nouvelle délégation fut envoyée à la préfecture, les grévistes attendant le retour de cette seconde délégation.
..A sept heures et quart, M. Stainmesse revient enfin de la préfecture et fait son entrée dans la salle où sont réunis les grévistes. Il prend place au bureau et prie MM. les journalistes de se retirer. Les reporters qui, depuis une heure de l'après-midi stationnaient là sans aucun intérêt, ne demandaient pas mieux que d'aller dîner. Ils se retirèrent avec empressement. Mais (soit dit entre parenthèses) que les mineurs sont donc mal inspirés !
..Voilà des hommes qui veulent en appeler à l'opinion pour faire triompher des revendications dont la plupart paraissent justes mais qui, en somme, sont d'ordre professionnel et par conséquent nécessiteraient des explications au public. Eh bien, depuis vingt-quatre jours que dure cette grève, le comité n'a pas même eu l'idée d'envoyer une délégation dans chaque journal, pour exposer ses griefs et donner des éclaircissements utiles ! Aussi les reporters se bornent-ils à tenir les lecteurs à peu près au courant, très peu encouragés à seconder des gens qui les regardent presque de travers.
..Le résultat ? Vous le voyez. Aucun mouvement d'opinion ne s'est produit en faveur des grévistes, malgré les affiches placardées sur les murs et malgré que le sentiment public dut être prévenu plutôt contre M. Fould, connu pour un patron cassant.
..Passons... Les grévistes ont donc entendu leur président. La réunion a pris fin à 7 h. 1/2. La sortie s'est effectuée sans incident.
..Quoique n'ayant pas assisté à ce dernier échange de vues, nous croyons savoir que, dans sa réponse au préfet, M. Fould a déclaré que, ayant pour le moment un nombre suffisant de mineurs, il ne reprendrait d'autres ouvriers que au fur et à mesure de ses besoins.
..Sur cette communication, les grévistes présents ont décidé la continuation de la grève.*.
*...*..L'université populaire comptait M. Fould au nombre de ses membres. Elle vient de l'en rayer, à cause de son attitude à l'égard des gréviste de Ludres.
L'EST REPUBLICAIN du vendredi 14 décembre 1900 :
La grève de Ludres
..La Petite République, organe du groupe des députés socialistes, publie ces détails sur l'entrevue qui a eu lieu dimanche dernier à Nancy, entre le député Devèze et M. Fould :
..« L'entrevue du citoyen Devèze avec le patron à duré plus d'une heure. M. Fould n'a rien compris ou rien voulu comprendre. Il a été même insensible à des considérations spéciales qui pourtant le touchaient de près.
..Le citoyen Devèze lui a exposé les conséquences qui pouvaient découler de son entêtement à prolonger ce conflit dans un pays où l'antisémitisme avait de nombreux adhérents.
..Les antisémites et les nationalistes ne manqueront pas, lui a-t-il dit, à cause de votre religion (M. Fould est israélite), d'essayer de faire dévier ce mouvement économique en un mouvement religieux. Votre entêtement dans les circonstances présentes s'aggraverait d'une imprudence sans égale. Tout cela n'a rien fait.
..M. Fould est resté intransigeant. C'est une vérité de la Palice que tous les patrons se valent, qu'ils soient catholiques, protestants ou juifs. Mais il faut bien reconnaître que peu auraient été capables d'une aussi grande inconscience. »..Après avoir dit que M. Fould « sera bien obligé de capituler », la Petite République termine par ces mots :
..Les mineurs de Ludres peuvent compter « sur la solidarité ouvrière et socialiste. »*
*...*..Jeudi, vers une heure et demie de l'après-midi, une soixantaine de grévistes, venant de Ludres, sont arrivés à Nancy par la route du Montet. Voyant que des agents y avaient été postés, ils rebroussèrent chemin par l'avenue de la Garenne et gagnèrent le local de la rue Clodion par les rues de Mon-Désert et de l'Equitation. Dans cette rue, les agents firent circuler les grévistes ; une contravention a été dressée à M. Stainmesse, président du comité de la grève, pour refus de circuler.
..Les grévistes se sont assemblés rue Clodion, dans la salle habituelle, au 1er. Ils causaient entre eux, en fumant, qui la pipe, qui la cigarette.*
*...*..Jeudi, cent quarante-cinq ouvriers travaillaient dans les galeries de M. Fould. Une dizaine d'ouvriers se sont en outre présentés au bureau de la mine pour demander à reprendre le travail. Il ont été immédiatement embauchés.
L'EST REPUBLICAIN du samedi 15 décembre 1900 :
La grève de Ludres
..Vendredi matin, les ouvriers mineurs sont entrés au nombre de 160 dans les galeries de la mine Fould. Enfin une trentaine de mineurs se sont présentés au bureau pour se faire solder leur compte, déclarant qu'ils allaient chercher du travail ailleurs.
L'EST REPUBLICAIN du dimanche 16 décembre 1900 :
La grève de Ludres (suite)
..Vendredi, 96 mineurs se sont présentés pour se faire régler 58 ont été réembauchés.
..Parmi les rentrées à la mine figure le frère et le beau-frère de M. Stainmesse Janvier, président du comité de la grève. Le compte de celui-ci a été liquidé.
..Ajoutons que 19 mineurs grévistes ne se sont pas fait encore régler.
L'EST REPUBLICAIN du lundi 17 décembre 1900 :
Légion d'honneur
..Nous avons publié les principales promotions ou nominations supplémentaires dans l'ordre de la Légion d'honneur - dont quelques-une intéressent tout particulièrement notre région - accordées à l'occasion de l'Exposition. Voici les mentions dont l'Officiel les accompagne :
..Au titre du ministère du commerce et de l'industrie, sont promus:
..Au grade de commandeur : M. Emile-Charles-Martin Gallé, maître verrier, fabriquant de faïence, de bronze et d'ébénisterie d'art à Nancy. Membre des comités d'admission et d'installation de la classe 73 Grand Prix. Officier du 29 octobre 1889.
..Au grade d'officier : M. Eugène-Oscar-Alphonse Wünschendorff, directeur de la manufacture nationale des tabacs de Nancy ; a colaboré à l'organisation de l'exposition des manufactures nationales de l'Etat. (Grand prix, classe 91) Chevalier du 11 octobre 1873.
..Sont nommés chevaliers : M. Jean-Antonin Daum, ingénieur des arts et manufactures. Maître verrier à Nancy. Membre du comité d'admission et grand prix, classe 73.
..Raphaël Lang, filateur et tisseur à Nancy. Garnd prix, classe 80.
..Ferdinand-Henri-Octave Langenhager, fabricant de chapeaux de paille. Grand prix, classe 86.
..Arthur Prègre, directeur des forges et aciéries de Pompey. Grand prix, classe 64.
L'EST REPUBLICAIN du mercredi 19 décembre 1900:
Pompey
..La gendarmerie a arrêté en vertu d'un mandat d'arrêt délivré par le parquet de Melun, le sieur Joseph-Jean Rolet, âgé de 20 ans, forgeron, inculpé de vol. Ce dernier nie énergiquement avoir commis des actes répréhensibles.
L'EST REPUBLICAIN du vendredi 21 décembre 1900 :
Pompey
..M. Eugène Duplan, manoeuvre, était occupé à l'estacade de déchargement des scories de Pompey, au lieu dit : « Le Ban-la-Dame ». Le chevalet soutenant le pont chavira subitement et atteignit M. Duplan qui eut la jambe gauche fracturée. Le blessé a été transporté à l'hospice.
L'EST REPUBLICAIN du dimanche 23 décembre 1900 :
Instituteurs et institutrices
..Ont été nommés :
...../... ; à Jarville (emploi nouveau), Mlle Gros, de Pompey ; à Pompey, Mlle Ninck, pourvue du brevet supérieur ; .../.....A partir du 1er janvier :
...../... ; Chané, institutrice à Pompey ; .../...
Pompey
..Vendredi, vers six heures et demie du matin, le train de voyageurs, allant sur Nomeny, a tamponné, à environ cent mètres de la gare de Pompey, M. louis Peyloraz, ouvrier de forges. Le malheureux, qui traversait la voie, a été décapité et les deux jambes ont été coupées à la naissance du tronc.
..Peyrolaz était âgé de 42 ans, il était marié et père de trois enfants.
L'EST REPUBLICAIN du mardi 25 mercredi 26 décembre 1900 :
Récompenses aux instituteurs
..Une médaille d'argent a été décernée aux instituteurs ci-dessous désignés qui ont contribué à propager les vaccinations et les revaccinations dans les écoles.
..MM. François Hardouin, instituteur à Montzeville (Meuse) ; Louis Rémond, instituteur à Saulnes (Meurthe-et-Moselle), et un rappel de médaille d'argent à M. Camille Pierron, instituteur à Pompey (Meurthe-et-Moselle).
Pompey
..M. Claude Durand, mineur, à la sortie d'un cabaret regagnait son domicile en compagnie de M. Jean Chaussard, cimenteur. Arrivé dans la rue des Jardins-Fleuris, Durand fut subitement attaqué par quatre individus qui le terrassèrent lui portèrent plusieurs coups de talon à la cuisse gauche. Chaussard ayant voulu défendre son camarade reçut également un coup de couteau au côté gauche du corps. Les blessures sont légères. La gendarmerie a ouvert une enquête pour retrouver les auteurs de cette agression.
..- M. Emile Thouvenin, accrocheur à l'usine de Pompey, a eu deux doigts de la main droite fracturés en faisant basculer un wagon de scories.
L'EST REPUBLICAIN du samedi 29 décembre 1900 :
P.-S. à la grève de Ludres
..L'Ouvrier de l'Est, organe des syndicats, fait ressortir que plusieurs revendications des grévistes ont abouti. L'Ouvrier de l'Est, chemin faisant, rend hommage à l'attitude de la presse :
..« N'oublions pas la presse, qui somme toute, était sympathique aux grévistes ; quelques petites erreurs se sont produites, il est vrai, dans certains comptes rendus, mais cela est compréhensible, nos confrères de la presse quotidienne n'ont pas toujours le temps nécessaire de vérifier les renseignements contradictoires qui leur parviennent à la dernière heure et surtout en pareille circonstance.»
..Tout cela est évident, et l'Ouvrier de l'Est obéit à une heureuse inspiration en le constatant.