Autour du tramway

Nancy - Pompey

en

1916

 

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Nous recevons la lettre suivante :
..............Monsieur le Directeur,
..Voudriez-vous m'offrir l'hospitalité dans les colones de votre journal pour signaler un abus ou tout au moins une anomalie criante qu'il importe de faire cesser dans l'intérêt du public. Voici les faits :
..Sur la ligne de Nancy à Frouard (pont de la Moselle) le service des tramways est assuré de la façon suivante :
..1° Entre Nancy et Champigneulles, par des départs dans les deux sens toutes les vingt minutes ;
..2° Entre Nancy et Frouard (pont de la Moselle) par un départ seulement dans les deux sens toutes les heures, dont le dernier quitte Nancy le soir à six heures, tandis qu'il y a trois départs entre Nancy et Champigneulles.
..Or, on laisse monter indistinctement dans le tramway qui part de Nancy pour Frouard à six heures les voyageurs pour Champigneulles, de telle sorte que ceux pour au delà - comme c'est le tramway le plus chargé de la journée - manquent de place et sont, paraît-il, obligés fréquemment de recourir au train de la compagnie de l'Est qui quitte la gare de Nancy à 9 h. 14 du soir, soit avec un retard de plus de trois heures et un supplément de dépenses à Nancy sur lequel ils ne comptaient pas.
..Etant donné le bon esprit qui anime la direction des tramways de la ville de Nancy, je suis persuadé qu'il suffira de lui signaler une anomalie qu'elle ignore bien certainement pour qu'elle prenne des mesures pour y remédier immédiatement.
..Nous soumettons à la compagnie, qui a, dans des circonstances difficiles déjà tant fait, cette observation.
[Est Républicain du lundi 17 janvier 1916]

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..Un pénible accident est survenu au pont de Pompey-Frouard, point terminus du tramway venant de Nancy. A l'arrivée d'un car, auquel était attelé une remorque, après que les voyageurs furent tous descendus, les employés ramenèrent les deux véhicules à un croisement en arrière, à environ 150 mètres du point terminus, afin de remettre la remorque à l'arrière pour le retour à Nancy.
..Pendant cette manœuvre, l'un des employés, le receveur Narcisse X..., fils d'une famille de réfugiés demeurant à Nancy, rue de Mon-Désert, a eu la jambe brisée entre les deux voitures. On s'empressa autour du jeune blessé, à peine âgé de 17 ans et demi. On le conduisit au restaurant de M. Graff, le sympathique président de la section des vétérans Pompey-Frouard, où il reçut les premiers soins. M. Graff fit venir un major qui donna ses soins au jeune blessé. Entre temps, on prévint Nancy et bientôt une auto-ambulance conduisait l'employé blessé à l'hôpital de Nancy où il fut admis d'urgence.
[Est Républicain du dimanche 23 janvier 1916]

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..La direction des tramways vient de décider très sagement que la vitesse des tramways serait désormais réduite, afin d'empêcher les retour des accidents qui, depuis quelque temps, se renouvelaient trop souvent. Un cran d'arrêt empêche la manette de s'ouvrir en grand et les jeunes watmen ne pourront plus désormais se lancer à toute vitesse comme ils le faisaient.
[Journal de la Meurthe du mercredi 29 mars 1916]

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..En juin 1916 à lieu un accident impliquant le tramway : « à Frouard un tramway est entré en colision avec une voiture, au faubourg de Nancy. Le cheval fut tué net et la voiture coupée en deux. Il n'y a eu heureusement aucun accident de personne.
[Est Républicain du mardi 6 juin 1916]

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..Pompey - Cette année, la fête nationale s'est passée à peu près comme l'année dernière. Point de bals ni de réjouissances, mais un pavoisement général.
..Les ouvriers qui ont chômé ce jour-là en ont profité pour respirer un air un peu plus pur.
..Malgré un temps par moment menaçant, nombreux étaient les promeneurs des deux sexes qui encombraient les principales artères.
..Nous en dirons autant pour Frouard, où les habitants ont tenu à fêter le 14 juillet en dépit des circonstances que nous traversons.
..Les tramways venant de Nancy n'ont cessé toute la journée de déverser un grand nombre de voyageurs pour rendre des visites à des parents et amis.
..Le public exprimait l'espoir que la prochaine fête sera meilleure que celle-ci. C'est aussi notre avis.
[Est Républicain du mercredi 19 juillet 1916]

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..En août 1916, la ligne est modifiée: « à la dernière séance du conseil municipal, M. G. Simon, maire de Nancy, a annoncé la très prochaine mise en route de la ligne Pompey - rue Courbet - Maxéville - gare de Nancy. L'itinéraire de cette ligne a été fixé comme suit :
..Le terminus actuel de la ligne Pompey-Nancy est place Carnot, au coin de la rue Guerrier de Dumast. Dorénavant, le tramway venant de Pompey-Frouard suivra le cours Léopold, côté est, la place Carnot, la rue des Michottes, montera la rue Stanislas , la rue Mazagran, passera devant la statue Thiers, fera la boucle, reviendra rue Gambetta, place Dombasle, rue Guerrier de Dumast et, enfin, place Carnot, où, au coin de la Liégeoise, il rejoindra la ligne allant à Pompey Frouard.
[Est Républicain du lundi 21 août 1916]

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.. Mercredi, trois femmes ont été occupées sur les tramways de Nancy à la conduite des voitures en remplacement des wattmens. Il est probable que le service prendra de l'extension car plusieurs femmes apprennent la conduite des voitures.
[Est Républicain du vendredi 25 août 1916]

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Les tramways nancéiens
.........................Un peu d'hygiène, s. v. p.

..Dimanche dernier, 24 septembre, à midi, je prenais au Point-Central le tramway de Blandan. Il faisait un soleil presque brûlant. Dès mon entrée dans la balladeuse, je fut saisi par l'atmosphère lourde qui y régnait ; dire que cela sentait mauvais serait exagéré, mais en tout cas, cela sentait l'air vicié et chaud, le renfermé.
..Comme j'étais accompagné d'une personne qui tenait à s'asseoir, je me résignai à en faire autant. J'intérrogeai néanmoins la receveuse :
..« Comment, lui-dis-je, par cette chaleur, vous ne donnez pas d'air à votre voiture ? On ne respire pas ici. »
..« - impossible, me répondit en souriant l'aimable personne ; depuis quelques jours, on a cloué toutes les fenêtres ; quant aux portes, elles s'ouvrent si on les désire ouvertes. Voyez plutôt. »
..Et elle ouvrit une porte qui, une minute, après, s'était refermée seule.
..Je n'insistai pas, mais je me demandai, avec une certaine anxiété, quel pourra être le nombre approximatif de microbes prisonniers dans chaque voiture au printemps de 1917 ?
..Je n'ai pas encore résolu mon problème, et voici pourquoi :
..En rentrant chez moi, je me mis à table ; à peine avais-je absorbé quelques cuillerées de potage, je fus pris de frissons, de fièvre violente, en un mot des symptômes d'un accès d'influenza, et je dus m'aliter sans pouvoir faire honneur au repas succulent préparé par mon épouse, ni au petit dessert que je rapportais et que je me réjouissais de manger en famille.
......Aujourd'hui, grâce à une médication énergique, j'ai pu me lever. Je ne suis pas encore très solide ; c'est pourquoi, négligeant la solution de mon problème, qui pourrait provoquer un nouvel accès de fièvre, j'ai pris le parti d'écrire de suite ces quelques lignes pour dénoncer à tous l'existance du microbe des tramways et particulièrement à M. « qui de droit », afin qu'il puisse prendre d'urgence toutes mesures qu'il jugera convenables pour en assurer la destruction.
..........................................................................................Un Lecteur.
[Est Républicain du mardi 3 octobre 1916]

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